Des données exploitées estimées obsolètes

L'Autorité environnementale demande une révision du schéma biomasse

  • Publié le 11 mai 2021 à 14:50
  • Actualisé le 11 mai 2021 à 15:58

A l'horizon 2023, la centrale thermique de Bois Rouge doit passer au 100% biomasse (source d'énergie renouvelable) et abandonner le charbon. Cependant, lors d'un avis rendu le 5 mai 2021, l'Autorité environnementale a estimé que le projet en l'état permettrait de produire seulement moins de 1 % de la consommation énergétique et ne permettra donc pas de contribuer significativement à l'autonomie énergétique de La Réunion. Un objectif pourtant fixé pour 2030. Albioma, en charge de cette conversion, se penche donc sur l'importation de bois depuis les Etats-Unis. Un choix qui est loin de faire l'unanimité, alors que l'objectif premier est de réduire les émissions de gaz à effet de serre et assurer l'autonomie énergétique de l'île. L'Ae recommande donc de revoir le projet de SRB, porté par la Région et la préfecture (Photo : modélisation 3D Albioma)

L'Ae souligne dans son rapport que le schéma régional biomasse (SRB) "tient uniquement compte de la programmation pluri-annuelle énergétique de 2016-2023. Le document a été élaboré en 2017 et n’a fait l’objet d’aucune actualisation".

Les données prises en compte sont donc estimées obsolètes. Par ailleurs, le SRB n’envisage que deux échéances : 2018, sans faire état des réalisations effectivement constatées à cette date, et 2023. "Le schéma ne permet donc de disposer que d’une perspective très réduite qui doit être impérativement prolongée et approfondie".

Pour l’Ae, les principaux enjeux environnementaux du SRB sont le développement de l’utilisation de la biomasse à des fins énergétiques et la diminution des émissions de gaz à effet de serre, remise en cause par l'importation de matériaux, mais aussi l’usage des sols et la disponibilité de la biomasse en concurrence avec d’autres usages, et la protection des milieux naturels et de la biodiversité, y compris du sol. Par ailleurs, contrairement à ce qui est prévu par la réglementation, "le SRB ne tient pas compte du programme régional forêt bois (PRFB) adopté en mars 2021 et s’appuie sur des données anciennes pour le volet relatif aux déchets, faute d’adoption du plan régional de prévention et de gestion des déchets".

Compte tenu des objectifs affichés dans le cadre de la révision de la PPE, "des importations massives de biomasse seraient donc nécessaires pour atteindre les objectifs énergétiques régionaux au détriment de l’autonomie énergétique visée et au prix d’incidences environnementales qui doivent être évaluées" estime l'Ae. Un problème pointé du doigt par 19 ONGs (organisations non gouvernementales) qui ont saisi l'Agence française de développement afin de demander une reconsidération de ce projet, pour une conversion plus écologique basée sur les énergies renouvelables comme le solaire ou l'éolien.

Car si l'utilisation de la bagasse, et d'autres ressources locales minoritaires, est dans la balance, la majorité du bois utilisé viendra des Etats-Unis. Reclaim France, à la tête de cette contestation, estime par ailleurs que "contrairement à ce qu’affirment les promoteurs de ce projet, la combustion du bois n’est pas neutre pour le carbone (…) la conversion d’une centrale à charbon en biomasse forestière entraîne 2 à 3 fois plus de carbone dans l'atmosphère en 2050".

L’Ae recommande principalement: de revoir le projet de SRB en prenant en compte les objectifs du projet de PPE en cours de révision et du PRFB, après mise à jour des hypothèses sur la biomasse issue des déchets; d’approfondir l’analyse des effets attendus du SRB, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre et d’impact sur les sols, et de préciser comment seront mises en œuvre les mesures d’évitement et de réductiondes incidences négatives, de refonder le système de gouvernance avant de réviser le projet de SRB et de définir un cadre de suivi opérationnel.

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