
- Didier Robert réussit son pari d’unir "les droites et les centres" -
Didier Robert a donc réussi le pari de rassembler derrière lui les principales forces de droite et du centre de La Réunion, allant du président des Républicains, Michel Fontaine, à Bruno Domen, ancien protégé de Thierry Robert, et même André Thien Ah Koon qui vogue entre la droite et la gauche au gré des opportunités. Bref, Didier Robert n’en était pas peu fier ce mardi 4 mai à Bras-Panon, lorsqu’il retrouvait autour de la table tous ces élus qui, comme un seul homme, appelaient à soutenir le président de Région sortant.
Ce soutien était pourtant loin d’être acquis. En effet, depuis plusieurs mois, tout ce petit monde était en quête d’un plan B susceptible de permettre de mener une liste aux régionales sans leur désormais leader. En effet, entre ressentiment des uns, bilan jugé désastreux par les autres et soucis judiciaires avec notamment l’affaire dite des musées régionaux, Didier Robert était loin de faire l’unanimité.
Après avoir tenté en vain de pousser David Lorion, Cyrille Melchior, d’avoir tenté de discuter avec Nassimah Dindar et André Thien Ah Koon sur une voie secondaire à emprunter, la droite a finalement décidé de faire front uni derrière Didier Robert, faisant fi de tous les passifs.
- Didier Robert, l’ami de ses ex ennemis -
Il faut le reconnaître, Didier Robert compte parmi ses soutiens bon nombre de personnes avec lesquelles il a un ou plusieurs passifs.
A commencer le président des Républicains 974, Michel Fontaine, qui n’a jamais caché ses divergences stratégiques et politiques avec Didier Robert. Celui-là même qui avait traité le patron des Républicains de "traitre" et de "dinosaure".
Celui-là même qui avait quitté le parti et déchiré sa carte LR après le désastreux épisode de la succession de Nassimah Dindar à la présidence du Département en décembre 2017, avec l’affrontement entre Jean-Claude Lacouture et Cyrille Melchior.
Le président du Département sortant ne semble d’ailleurs pas être rancunier. Le candidat qu’il soutient désormais aux régionales a pourtant essayé de l’évincer de la présidence du Département quelques années auparavant. Didier Robert quant à lui ne semble affecté par le fait que Cyrille Melchior ait un temps eu les faveurs "des droites et des centres" pour conduire une liste face à lui.
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Dans ce portrait de "famille", il faut aussi parler d’André Thien-Ah-Koon qui est d’ailleurs, d’une certaine manière, le père spirituel de Didier Robert. Il l'a mis sur le devant de la scène politique en lui cédant l’écharpe de maire, en 2006, pour purger sa peine d’inéligibilité. Une écharpe qu’il ne retrouvera qu’en 2014, après un combat acharné… contre Didier Robert et ses soutiens, qui avaient entre temps tourné le dos au "père spirituel". Aujourd’hui, la hache de guerre semble enterrée, père et fils ont décidé de faire route ensemble, après plus de 10 ans de déchirement.
Bruno Domen fait aussi partie de ces ex-ennemis devenus amis. Le maire de Saint-Leu avait, rappelons-le, piloté la campagne de Thierry Robert aux Régionales de 2015. Une campagne marquée par un violent affrontement entre l’ancien maire de Saint-Leu et le "ti kok" Didier Robert. Cela semble désormais faire partie du passé, Didier Robert et Bruno Domen ayant choisi la voie de "l’union" dans l’intérêt supérieur des Réunionnais.
Que dire de Jean-Paul Virapoullé, l’autre "traître" et "dinosaure" qui apparait également sur la photo de famille des droites et des centres ? L’ancien maire de Saint-André avait déjà essuyé le courroux de Didier Robert lors des régionales de 2010. Puis une seconde fois fin, lors de l’élection de Cyrille Melchior à la tête du Département. Cela avait amené le président de Région sortant à sanctionner Jean-Paul Virapoullé en lui retirant ses délégations d’alors. Les deux hommes ne semblent pas avoir la rancune tenace et se retrouvent donc en 2021 sous la même bannière, pour "faire gagner La Réunion".
- Le soutien des maires ne peut pas garantir une victoire -
Beaucoup s’interrogent sur la sincérité de cette union compte tenu de tous ces passifs. "C’est davantage une union de circonstance qu’une union de projet, personne ne saurait avaler ça", avance un observateur de la vie politique locale. Plusieurs élus de droite, sous couvert d’anonymat, n’avaient d’ailleurs pas manqué de fustiger cette alliance, préférant se concentrer sur les départementales plutôt que de faire campagne pour Didier Robert.
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Reste à voir comment la population va réagir face à cette "union des droites et des centres". Les précédentes élections municipales ont démontré que les Réunionnais avaient changé leur logique de vote. Le vote pour un parti ou un camp a fait long feu. Les alliances contre nature sont aussi fortement sanctionnées.
C'est que les temps ont changé. Le vote en faveur du candidat soutenu par le maire est révolu. Les maires n’ont plus la même influence que par le passé, que ce soit au sein des employés communaux qu’au sein de la population de la commune. Croire que s’afficher avec pléthore de maires peut garantir un vote massif des administrés, c’est se bercer d’illusion et croire encore aux méthodes d’un ancien temps.
Les Réunionnais semblent rechercher de la sincérité, de la cohérence, des projets de fond, de la probité. Ils semblent lassés par les alliances de circonstances, les retournements de vestes et la trahison. C’était d’ailleurs le message qui avait été lancé en 2018, lors de la crise des gilets jaunes.
Un message qui semble avoir été guère entendu par certains élus locaux. Ils risquent de d'apprendre à leurs dépens une leçon donnée par des électeurs tentés par un vote sanction ou par l'abstention.
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