Pour se remettre en mouvement

Sport-santé : favoriser l'activité physique de chacun

  • Publié le 30 mai 2021 à 03:00
  • Actualisé le 30 mai 2021 à 09:09

Vincent Hoareau, ancien handballeur professionnel, dévoue désormais sa carrière aux autres en tant que correspondant régional de la stratégie nationale sport-santé 2019-2024 à la DRAJES (Délégation Régionale Académique à la Jeunesse, à l'Engagement et aux Sports). Il nous explique les enjeux du sport-santé sur notre territoire. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Imaz Press : Pouvez–vous nous parler de la stratégie nationale sport-santé 2019-2024 ?

Vincent Hoareau : Inscrite dans le plan national de santé publique " Priorité Prévention ", la stratégie nationale sport-santé (SNSS) porte l’ambition de (re)mettre les Français en mouvement sur tous les territoires, de déployer des pratiques adaptées accessibles et encadrées, et de faire reconnaître pleinement le rôle majeur des APS (activités physiques et sportives) sur la santé physique et mentale de chacun.

Son objectif est d’améliorer l’état de santé de la population en favorisant l’activité physique et sportive de chacun, au quotidien, avec ou sans pathologie, à tous les moments de la vie.

Cette SNSS s’inscrit également dans l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à Paris. Elle est pilotée régionalement par la DRAJES Réunion, sous l’autorité du Préfet, et l’ARS Réunion.

Imaz Press : Comment se présente cette politique publique ?

VH : Chaque région de l’hexagone et d’Outre-Mer s’emploie à décliner cette politique publique, et la Réunion est reconnue nationalement pour sa dynamique autour du SSBE. Depuis l’installation fin 2016 du plan régional SSBE avec une volonté réelle commune de co-construire, tous les acteurs locaux de la santé et du sport mais aussi des collectivités partagent la même vision pour améliorer la santé des réunionnais. La SNSS qui sera décliné en SRSSBE 2021-2024 ne fait que prendre le relais du Plan régional SSBE.

La stratégie nationale s’articule autour de quatre axes.

1) La promotion de la santé et du bien-être par l’activité physique et sportive, à savoir encourager la pratique de l’AP (activité physique) à tous les âges, lutter contre les comportements sédentaires.

2) Le développement et le recours à l’activité physique adaptée à visée thérapeutique.  L’idée est de développer l’offre de pratiques d’APA (activités physiques adaptées), d’avoir recours à ces APA à des fins thérapeutiques, de faire reconnaître son rôle majeur dans le parcours de soins.

3) La protection de la santé des sportifs et le renforcement de la sécurité des pratiquants, notamment via la labélisation SSBE (Sport Santé Bien Être).

4) Le renforcement et la diffusion des connaissances, autrement dit la communication auprès du grand public.

"Mettre un trait d’union entre le monde de la santé et le monde du sport"

Imaz Press : A quand remonte la mise en place de la stratégie régionale ?

VH : La stratégie régionale SSBE est en phase d’écriture, nous aurons un livrable à la rentrée scolaire 2021 pour la prochaine conférence régionale du sport, elle prendra le relais du plan régional SSBE de 2016. Les travaux porteront sur 4 volets : un axe label et son cahier des charges (exemple promotion et communication) ; un axe formation référentiel et parcours ; un axe collectivités (comment les encourager sur le SSO / AP pour tous à des fins de santé / quelle déclinaison territoriale donner au plus proche des besoins / des publics cibles en s’appuyant sur  Contrats Locaux de Santé – Contrat de Ville etc.) ; un axe Public prioritaire  (qui et comment prévention en milieu scolaire, salariés des entreprises, stratégie pauvreté, politique de la ville, etc.)

La stratégie régionale SSBE 2021-2024 doit permettre une meilleure articulation avec d’autres plans, programmes, stratégies interministérielles. Je pense notamment au programme réunionnais de nutrition et lutte contre le diabète (PRND 2020-2023), à la promotion des APS auprès des enfants et des adolescents qui constitue une des priorités du ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des Sports, de la stratégie pauvreté etc.

Ses objectifs sont de structurer, développer et dynamiser l’offre régionale de sport-santé, maintenir la qualité du service rendu à la population bénéficiaire dans le respect des conditions de pratique et d’agir sur les leviers de mise en œuvre d’une activité physique régulières, adaptées et sécurisées.
L’ARS et la DRAJES de la Réunion, ainsi que tous les acteurs du sport-santé, portent le souhait de mettre un trait d’union entre le monde de la santé et le monde du sport.

Imaz Press : Quelle est l’offre régionale de sport-santé aujourd’hui à la Réunion ?

VH : Avant tout, il faut définir la notion de sport-santé car elle recouvre " la pratique d’activité physiques ou sportives qui contribuent au bien-être et à la santé du pratiquant conformément à la définition de la santé par l’OMS : physique, psychologique et sociale".  L’offre régionale de sport-santé est en plein boom, elle l’est d’autant plus depuis la prise de conscience collective et individuel pendant la période COVID-19 à laquelle nous sommes confrontés depuis plusieurs mois, mais aussi face aux enjeux de l’augmentation de la sédentarité, l’augmentation du temps passé derrière nos écrans…

L’offre sport-santé s’est développée à la Réunion ces dernières années, portée par des personnes ayant la conviction de ses bienfaits. Nous souhaitons désormais aller plus loin et c’est ici qu’entrent en jeu les clubs sportifs et le secteur sportif dans son ensemble : ils ont la capacité d’influer sur le comportement des jeunes en promouvant le sport auprès d’eux, pas seulement dans une visée de compétition, mais aussi comme une pratique de loisir et/ou de santé. Il s’agirait d’une évolution précieuse du système sportif traditionnellement orienté vers la performance. C’est un bouleversement de la vision de l’activité sportive : garantir l’accès le plus large possible au sport et à des modes de vie sains et actifs.

Au 30 avril de cette année, 33 structures labélisées SSBE à la Réunion pour un total de 209 créneaux, ce qui veut dire qu’une structure peut proposer plusieurs séances hebdomadaires.

Il existe deux labels. Le label niveau 1 " sport pour tous " qui permet d’accueillir tout public disposant d’un certificat d’absence de contre-indication à la pratique des APS. Le label niveau 2 " sport sur ordonnance " est accordé aux structures qui reçoivent un public présentant une maladie chronique de type ALD 30 (affection longue durée) et/ou une autre pathologie chronique comme l’obésité avec APA prescrite par le médecin traitant. Cette offre d’AP à des fins de santé et/ou de sport sur prescription médicale évolue continuellement suite aux différentes études réalisées Aujourd’hui, une trentaine d‘affections longue durée sont prises en charge et la liste est continuellement en train d’évoluer.

Imaz Press : Comment faire pour recevoir un Label SSBE 974 ?

VH : Pour structurer, développer et dynamiser l’offre régionale de sport-santé, ses acteurs ont souhaité donner un cadre commun sous la forme d’un référentiel SSBE, pour les créneaux SSBE. Avec des critères afférents à la qualité de l’offre sport-santé proposée. Ils ont pour principe de donner aux structures concernées des repères de bonnes pratiques en vue de s’engager dans l’amélioration de l’offre qu’elles proposent. Avec des critères relatifs à la sécurité de pratique SSBE. Ceux-ci doivent permettre aux structures développant une offre SSBE de s’accorder avec les règles et conditions de pratiques définies par la réglementation en vigueur et dans le respect des obligations spécifiques formulées lors des ateliers de co-construction du Plan régional SSBE.

J’invite les structures intéressées (associations de santé, associations sportives, collectivités, entreprises, établissements publics…) à télécharger le cahier des charges et le dossier de demande sur les sites de la DRAJES ou de l’ARS Réunion. L’appel à projets est permanent. La prochaine date de commission, qui regroupe des représentants de médecins libéraux, des masseurs kinés, le syndicat des éducateurs APA,  le CROS, l’IREPS, l’ANDES, la DRAJES  et l’ARS…, est programmée fin juin.

Par cette gouvernance, cette coordination, cette convergence des énergies, nous voulons prouver que les interventions publiques sont nécessaires pour permettre aux populations de pratiquer d’avantage d’activité physique et de sport.

209 créneaux d’activités labélisés et 6 maisons sport-santé labélisées

Imaz Press : Un autre levier du développement du sport santé est la création de maisons sport santé. Combien sont-elles à la Réunion et quel est leur rôle ?

VH : La mise en place de 500 maisons sport-santé sur le territoire national à l’horizon 2022 est une des mesures phares de la SNSS. Les maisons sport-santé ont pour but d’accueillir et d’orienter toutes les personnes souhaitant pratiquer, développer ou reprendre une APS à des fins de santé, de bien-être, quel que soit leur âge.

Sur les 287 labélisés à ce jour, six sont situés à la Réunion, à savoir l’OMSEP Saint-Paul, l’OMS Saint-Joseph, l’OSTL Saint-Pierre, Ekilib au Tampon, Sakisoigne à La Possession et l’OMS Saint Denis. Les cinq premières ont reçu leur label en 2020, la dernière en 2021. La DRAJES et l’ARS portent le souhait qu’une nouvelle puisse s’ouvrir dans l’Est et il semble que ce soit en bonne voie. Là-aussi, il est possible de candidater lorsque l’appel à projets sortira au niveau national.

Imaz Press : Quel est l’intérêt pour une structure d’être labélisée SSBE 974 ?

VH : Attention de ne pas confondre, le label " MSS " de portée nationale qui cible les structures et notre label régional SSBE qui porte sur les créneaux d’activités physiques.

Ce label est une reconnaissance des compétences spécifiques développées par ces structures et valorise leur contribution au développement du sport-santé à la Réunion, c’est une démarche de qualité.

En signant la Charte du " sport-santé bien-être " à la Réunion, ces structures s’engagent dans le développement du SSBE dans un cadre sécurisé et de qualité, un esprit de réseau et le respect de valeurs éthiques et déontologiques.

Les activités labelisées font l’objet d’un référencement dans un annuaire spécifique à disposition du public et des professionnels de santé sur le site masante.re mais nous travaillons sur la mise à disposition des médecins, des éducateurs sportifs, des associations sportives et du grand public d’un site internet dédié au développement du sport-santé.

Les institutions, les mutuelles, les professionnels de santé en tiennent de plus en plus compte. A nous d’établir une vraie stratégie de communication puisque l’enjeu est de faciliter le développement d’une offre SSBE sur l’île et, pour cela, l’un des leviers majeurs d’action est de former dirigeants et entraîneurs afin d’influer sur leurs pratiques, de soutenir leur rôle afin qu’ils soient moteurs pour initier des actions de santé et de bien-être au sein des clubs sportifs, au service de tous les pratiquants, supporters, spectateurs (parents) et, finalement, des collectivités locales.

"Nous accompagnerons cette mutation du sport"

Imaz Press : L’appellation Sport sur ordonnance laisse à penser qu’il y a une prise en charge financière des séances de sport-santé. Qu’en est-il réellement ?

VH : Oui en effet, mais nous n’en sommes pas encore là, le législateur avance pas à pas et si l’on veut que cela fonctionne il nous faut un système organisé et financé.

Depuis mars 2017, il est possible de se faire prescrire une activité sportive adaptée (APA) sur ordonnance. Cette mesure, qui vise à reconnaître le sport comme une thérapeutique non médicamenteuse efficace et innovante (HAS), ne concerne toutefois qu’une certaine catégorie de patients, à savoir les personnes souffrant d’une Affection Longue Durée et depuis l’amendement du 18 mars 2021 à un spectre plus large de patients.

Plus précisément, l’amendement propose d’ajouter le terme de " maladie chronique et présentant des facteurs de risques " au décret déjà en cours. Ainsi, le sport sur ordonnance pourra désormais concerner l’hypertension, l’obésité, mais aussi la santé mentale et notamment les personnes souffrant de dépression.

Pour entrer dans le cadre de ce dispositif, le patient doit suivre un parcours de soins bien précis. Si vous êtes concerné, sachez que, malgré l’encadrement législatif du dispositif, la Sécurité sociale ne rembourse pas les activités sportives prescrites par un médecin. Toutefois, vous pouvez peut-être bénéficier d’une prise en charge de votre mutuelle ou d’un acteur territorial en fonction de votre lieu de résidence (Exemple à travers certaines Maisons Sport Santé comme l’OMSEP de ST PAUL, l’OSTL de ST PIERRE, la MSS SAKISOIGNE de la Possession qui ont conçu des dispositifs SSO qui fonctionnent très bien et bientôt d’autres initiatives verront le jour sur la commune du Tampon ou encore à St Denis.)

L’installation de la prochaine conférence régionale du sport doit nous permettre à travers le volet sport-santé de repositionner ainsi le sport et les institutions qui le représentent, le défendent et le pilotent sur l’importance de ce changement de paradigme, c’est-à-dire passer plus d’une logique du soin à une logique préventive par le sport.

A quand une prise en charge globale par la CPAM du sport sur ordonnance ? Il faut encore s’organiser, se structurer et se développer même si certaines expérimentations ont pu avoir lieu dans certaines régions de métropole. Il nous faut encore avancer dans la labélisation, déployer la formation régionale SSBE en lien avec les formations fédérales sport-santé. Le CROS a un rôle majeur à jouer et nous l’accompagnerons dans ce sens.

Nous accompagnerons cette mutation du sport, car nous vivons une vraie (r)évolution des pratiques.

www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Grand Yabe
Grand Yabe
2 ans

Une excellente voie d'avenir Prévenir pour ne pas avoir à guérir