
C'est sur la musique de Hugues Aufray, "Santiano" qu'a débuté la sortie en mer du Grand Bleu, organisée par l'équipe Quiétude ce jeudi 8 juillet 2021. Le bateau a quitté le port de Saint-Gilles en fin de journée comme pour une traditionnelle balade au coucher de soleil. A bord se trouvent des professionnels de l'observation des cétacés (plongeurs, organisateurs de sorties en bateaux...). C'est sous un ciel écarlate et une mer quelque peu agitée que les passagers ont été sensibilisés à l'observation de la mégafaune marine. Découvrez la sortie en images :
- Une plateforme de sensibilisation à la mégafaune marine -
Omega est donc une nouvelle plateforme en ligne, imaginée et développée par l'équipe Quiétude qui vise à favoriser l'observation responsable de la mégafaune marine. Améliorer les pratiques d’observation des cétacés, et donc la quiétude des animaux, nécessite des connaissances minimales communes à tous les observateurs. Ce nouvel outil a pour but d'encourager les bonnes pratiques d'observation et d'approche des animaux marins sur les zones côtières réunionnaises.
Elle se présente comme un parcours de découverte interactif et ludique. "12 modules sont disponibles pour renforcer sa connaissance de la mégafaune et acquérir les fondamentaux de l'observation des cétacés à La Réunion. Au terme d'une session de sensibilisation de 40 minutes environ, un test d'évaluation est disponible. A partir de 75% de réussite, chaque participant reçoit une attestation, permettant de valoriser sa réussite," décrit Sylvain Delaspre. Il est agent de la quiétude des cétacés au sein du centre d'études et de découverte des tortues marines (CEDTR).
Pour celles et ceux qui désirent aller plus loin dans la démarche, un guide numérique pour interpréter le comportement des baleines à bosse ainsi qu'un module dédié à l'engagement responsable sont également disponibles. Découvrez une vidéo teasing de la plateforme, créée par l'équipe Quiétude :
Cette idée est née de la forte croissance de l'activité à La Réunion depuis 2007 et de la baisse du respect des règles en mer. "Lorsque nous avons commencé cette activité, nous étions très peu de professionnels. Progressivement cette activité a pris de l'ampleur. Aujourd'hui nous sommes 52 professionnels à proposer cette activité. Elle a évolué vers une observation des cétacés au plus près avec une mise à l'eau des observteurs" souligne Sylvain Delaspre.
Il déplore que les bonnes pratiques se soient détériorées au fil des années. "Nous avons noté une baisse de 13 % du respect des règles de 2017 à 2020, c'est énorme", regrette-t-il. Ce chiffre prend en compte l'activité des professionnels et celles des plaisanciers. Ecoutez :
- Rappel des règles lors de l'observation des cétacés -
Après la sortie en mer, Sylvain Delaspre a tenu à rappeller quelques fondamentaux en s'adressant à ses confrères spécialistes de l'observation marine. "Cette activité est devenu beaucoup trop touristique. Il me parait donc essentiel de continuer à sensibiliser les professionnels pour la quiétude des animaux marins. Seuls cinq navires sont autorisés à s'approcher en même temps des cétacés, en restant à au moins de 100 mètres d'eux. Les bateaux ne peuvent pas non plus stationner sur zone plus de 15 minutes lorsqu'ils sont à cinq autour des cétacés" détaille Sylvain Delaspre. Il ajoute : "la mise à l'eau et l'observation à moins de 100 mètres sont interdites dans la réserve marine et ne peuvent se faire qu'au large. On dénombre pourtant 28% d'infractions par an. "
Un temps de quiétude doit également être à respecter. Les sorties en mer sont autorisées de 9 heures à 17 heures uniquement et de 9 heures à 16 heures pour les mises à l'eau. Une observation irrespectueuse provoque la fuite de l'animal observé dans 65% des cas. Avec Omega, les objectifs sont clairs : "le respect et la sécurité des animaux" et "la pérennisation de l'activité sur le long terme."
- Une année propice pour la venue des baleines à bosse -
Même si les baleines à bosse se font languir cette année, les professionnels du milieu restent positifs. "L'année dernière, nous avons eu une saison très faible, nous avons pu observer 54 baleines à bosse. C'est un chiffre relativement faible, en comparaison aux années précédentes. En 2017 et 2018, il y avait environ plus de 300 individus", se souvient Jérôme Lafon, directeur adjoint au sein de la direction de la mer - océan Indien.
Selon Globice, la saison 2021 devrait être meilleure que la précédente. Cela peut s'expliquer par la présence de la chlorophylle (ressource alimentaire du krill, la nourriture principale des baleines, ndlr) en Antarctique. Selon les scientifiques, si la concentration en chlorophylle est faible, 30 mois plus tard on peut s'attendre à ce que la fréquentation des baleines soit faible, elle aussi. "Cette variable est aussi liée à la fonte des glaces, c'est simple : plus cela fond, moins il y a de chlorophylle. Les baleines ont alors de moins en moins d'énergie et ne peuvent migrer jusqu'à chez nous"termine Sylvain Delaspre.
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jb/www.ipreunion.com / [email protected]
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