Côte ouest

Les limites du plan Orsec ou pourquoi il n'y a pas eu d'alerte jaune pour le mini tsunami

  • Publié le 27 août 2021 à 09:14

Comme pour les cyclones, La Réunion possède un plan Orsec qui définit des seuils d'alerte concernant le risque tsunami. Lorsqu'un mini ras-de-marée a touché nos côtes le 13 août dernier, ce plan n'a pas été enclenché. La raison est simple : les îles Sandwich, zone d'où provenait le séisme à l'origine de ce tsunami, ne font pas partie des zones considérées comme à risque pour La Réunion. Pourtant malgré l'éloignement, le tremblement de terre en question a bien eu un impact, bien que minime. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Les images du mini tsunami à La Réunion ont fait le tour de web le 13 août dernier. A L'Etang-Salé, à Saint-Gilles, à la pointe de la Rivière des Galets au Port… dans ces lieux bordant la côte ouest de l'île, l'eau a fait des remous. Au port de Saint-Gilles, des témoins ont d'abord cru à un fort courant. Certains bateaux se sont faits un peu surprendre et au bassin Pirogue à L'Etang-Salé, les baigneurs ont été quelque peu secoués.

Aucun accident n'a été observé par les équipes du CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage). Mais les effets du tsunami ont pu être observés directement par les témoins sur place et les chiffres de Météo France le prouvent : le niveau de la mer s'est élevé d'environ 10 cm.

Lire aussi - La terre tremble aux îles Sandwich, la mer monte à La Réunion

- Un message inégalement transmis -

Pourtant, aucune alerte n'a été déclenchée. Consulté, un expert en gestion des risques naturels s'interroge. "Le plan Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) définit comme son nom l'indique une méthode de réponse en termes de sécurité. Il existe plusieurs niveaux d'alerte et dans ce cas présent, avec moins de 50 cm, il s'agirait malgré tout d'une alerte jaune" nous explique-t-il. "Le tsunami ne veut pas nécessairement dire vagues de 15 mètres. Mais aussi modeste soit-il, son impact n'est pas neutre sur les activités nautiques."

Une fois identifiée, l'information est transmise à Météo France, qui peut à son tour la transmettre à la préfecture en tant qu'Etat-major de zone. C'est alors la préfecture qui décide ou non de déclencher le plan Orsec.

Contactée, la préfecture affirme que l'information a été donnée au Centre opérationnel de surveillance. "Météo-France a transmis des éléments au CROSS en s'appuyant sur l'expertise des centres de références pour l'océan Indien" nous indique-t-on.

Si Météo France a bien eu l'information dans la nuit, il semble pourtant que les postes des maîtres-nageurs sauveteurs (MNS) aient été prévenus de façon inégale. Le matin même du vendredi 13 août, les équipes du CROSS semblaient découvrir l'information en même temps que les témoins présents sur le littoral. Ces personnes avaient "expliqué avoir aperçu des mouvements anormaux dans l'eau, aussi bien du littoral qu'à bord de bateaux" nous avait alors indiqué le CROSS ce jour-là.

Pour notre expert en risques naturels, il y a eu "une défaillance". "Ce sont les témoins qui ont prévenu le CROSS, à 9h32 précisément. Suite à ça, les gestionnaires des ports ont été avertis à leur tour. C'est donc une mesure de constat et non de prévention" remarque-t-il. "L'idée n'est pas de taper pour taper, mais on a un système qui est censé prévenir, au moins apporter une information sur les zones littorales. Là pour le coup, on en a eu un qui est passé au travers des mailles."

- Les îles Sandwich non inclues dans le plan Orsec -

Notre plan Orsec, disponible publiquement en ligne, a été approuvé en 2008. Deux zones sont identifiées : le nord (autour du Pakistan) et le nord-est (Indonésie) comme nous le rappelle la préfecture.

Ainsi la zone des îles Sandwich ne fait pas partie des zones identifiées comme étant à risque pour La Réunion. "On aurait eu un événement du même genre dans une zone sous surveillance comme en Indonésie ou Arabie, on aurait eu une alerte. La question qu'on peut se poser raisonnablement, c'est : n'a-t-on pas eu d'alerte uniquement parce que cette zone n'est pas considérée comme génératrice de tsunami, ou y-a-til eu un trou dans la raquette ?" s'interroge l'expert en gestion des risques naturels.

Patricia Salerno, successeuse de Jacques Ecormier en tant que chef des prévisionnistes à Météo France, rappelle elle aussi que "cette zone n'est pas incluse dans le plan Orsec" : "le séisme se trouvait dans une zone très éloignée" ajoute-t-elle.

Pour la préfecture aussi, la réponse est simple : "le plan Orsec tsunami n'a pas été déclenché car le périmètre du plan couvre la surveillance des zones au nord et au nord-est de l'océan Indien". Ainsi tout est une question de procédure : toutes les cases étaient cochées pour déclencher une alerte, mais la zone géographique en question n'était pas intégrée au processus.

- Pas de mise à jour envisagée pour l'heure -

Autre source d'étonnement : l'intensité du séisme aux îles Sandwich, de magnitude 7,9. Notre expert en risques naturels estime qu'étant donné la puissance de l'événement, l'alerte aurait pu friser la couleur orange, en accord avec les données du plan Orsec. "A la pointe de la Rivière des Galets nous avons enregistré une élévation du niveau de la mer de 12 cm sur le marégraphe. A un moment on a quand même eu un tsunami observable."

Mais pour la préfecture, l'événement, minime, n'a pas nécessité de plus amples mesures. "Le plan Orsec n'a pas pour vocation de traiter des phénomènes de faible intensité" nous dit-on.

Reste à savoir si, avec cet événement, les îles Sandwich vont intégrer la liste des zones surveillées. "La démarche scientifique veut que si l'on identifie une nouvelle source de faits générateurs, on l'intègre à notre document. Le plan Orsec évolue avec le temps. Ce serait étonnant de ne pas prendre en compte les îles Sandwich à terme et pourquoi pas de nouvelles zones" note notre expert en risques naturels.

A ce stade, la préfecture ne s'est pas penchée sur la question. L'intégration de cette zone dans le plan Orsec n'est pas sur la table pour le moment. Reste à voir si elle le deviendra, notamment si ce type d'épisodes, bien que rares, est amené à se reproduire.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Atterré
Atterré
2 ans

Un Plan ORSEC pour des REMOUS ' ' '