Les jeunes beaucoup plus exposés qu'en Métropole

Violences intrafamiliales : les femmes réunionnaises sont les victimes majoritaires

  • Publié le 8 septembre 2021 à 10:24

Les jeunes réunionnais, et notamment les jeunes femmes, sont bien plus exposés aux violences intrafamiliales que les mineurs de l'Hexagone. C'est ce qui ressort d'une enquête de l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiée ce mercredi 8 septembre 2021, qui compare les violences subies par les moins de 18 ans à La Réunion et ceux de Métropole. Dans l'île, en 2018, 32 % des femmes et 23 % des hommes déclaraient des faits de violence avant 18 ans dans les différentes sphères de vie. 7% des femmes déclaraient par ailleurs avoir déjà subi des violences sexuelles. Pour plus du tiers d'entre elles, la première agression est survenue avant l'âge de 8 ans (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

• Les violences psychologiques et verbales

L'Ined caractérise les violences psychologiques par "avoir été régulièrement exposé à des hurlements, bris d’objets", ou encore "avoir régulièrement subi des insultes, humiliations, critiques répétées". A La Réunion, le taux est plus élevés que dans l’Hexagone, notamment pour les femmes qui sont 21,3% à avoir déclaré y avoir été exposées. Si les hommes réunionnais sont moins nombreux, avec 18,4% d'entre eux qui sont concernés, ils sont cependant deux fois plus touchés que les hommes en Métropole (9,5 %).



• Les violences physiques

Si les taux de violences physiques entre La Réunion et l’Hexagone sont assez proches, elles concernent plus souvent les filles : près de 9 % sont concernées contre 6 % des garçons à La Réunion, comparés à respectivement 8 % et 7 % en Métropole.

Pour l'Ined, les violences physiques se caractérisent par "avoir été frappé, subi des coups avec des objets ou d’autres brutalités physiques : avoir été enfermé, séquestré, mis à la porte, laissé sur le bord de la route ; avoir été menacé avec une arme ou un objet, avoir subi des tentatives d’étranglement, de meurtre".

"Ce résultat semble contre-intuitif compte tenu de modes d’éducation plus proches – notamment les injonctions à la virilité́ – qui donnent plus fréquemment lieu à̀ des corrections physiques pour les garçons" souligne cependant l'Ined.

• Les violences sexuelles

Les jeunes filles sont largement surreprésentées en ce qui concerne les violences sexuelles : sur les sondés, 7 % des femmes et près de 1 % des hommes ont déclaré́ avoir subi de telles agressions dans le cercle familial et l’entourage proche. En Métropole, 4,6% des femmes et 0,7% des hommes ont déclaré avoir été victime de violences sexuelles.

Les femmes sont principalement victimes d’attouchements (des seins ou des fesses) ou de baisers forcés, tandis que les viols et tentatives de viols concernent un peu plus de 2 % de l’ensemble des femmes avant leurs 18 ans. Pour plus du tiers d'entre elles, la première agression est survenue avant l’âge de 8 ans, et ces violences se sont répétées au cours de l’enfance et de l’adolescence pour 75 % des victimes.

• Qui sont les auteurs de ces violences ?

Les parents directs – le père et la mère – sont les principaux auteurs des violences psychologiques et physiques. Cependant, le père est plus souvent cité que la mère : pour 51 % des femmes et 37 % des hommes, les pères sont auteurs de violences psychologiques, et pour 43 % des femmes et des hommes, de violences physiques.

Par ailleurs, en raison de la proximité des cercles familiaux de nombreuses familles réunionnaises, les parents proches sont plus souvent cités en tant qu'auteurs de violences par les victimes. L'oncle est notamment cité comme auteur des violences psychologiques par 12 % des femmes et 15 % des hommes concernés, une tante par près de 7 % des femmes et des hommes. Les autres hommes de la parenté (cousins, beaux-frères...) sont également souvent auteurs de violences physiques.

Pour les femmes, les beaux-pères sont auteurs de 12 % des faits cités. Les frères ou demi-frères sont cités par 16 % d'entre elles, et les oncles par 6 % en ce qui concerne les violences physiques.

Concernant les violences sexuelles, c’est dans le cercle de la famille et de l’entourage proche que se produisent la plupart des violences sexuelles subies par les femmes avant l’âge de 18 ans d'après l'Ined. " Les auteurs sont davantage diversifiés au sein de la famille pour les violences sexuelles que pour les autres formes de violences commises principalement par les parents" détaille l'enquête.

Les oncles sont cités par 23 % des femmes victimes, d’autres hommes de la parenté comme les cousins, conjoint d’une tante, etc sont cités dans 29 % des cas. 7 % des femmes victimes citent des voisins proches de la famille, 7 % des amis de la famille, et 12 % d’autres hommes proches de la famille.

• Quelles solutions pour mettre fin aux violences ?

Les associations de terrain joue un rôle prépondérant dans la prévention et la prise en charge des victimes à La Réunion aujourd'hui. "Il y un vrai manque de politique locale de prévention contre les violences faites aux enfants" dénonce Jessy Yongpeng, présidente de l'association EPA (Ecoute-moi, protège-moi aide-moi).

"Nous avons besoin de campagne de sensibilisation, de prévention à l'école, d'outils pédagogiques à destination des enfants, de réels moyens pour lutter contre ce fléau" détaille-t-elle, alors qu'une réunion est prévue ce mercredi avec le président du Conseil départemental pour discuter de la problématique.

"Nous avons besoin d'une table ronde avec tous les acteurs concernés : associations, Département, Région, préfecture, forces de l'ordre, Education nationale…pour pouvoir trouver des moyens d'action concrets" ajoute Karine Lebon, secrétaire générale de l'Union des femmes de La Réunion (UFR) et députée. "

A la demande du collectif Elianna, une cartographie est en préparation par l'Observatoire de la parentalité pour déterminer quels moyens doivent être déployés en fonction des problématiques observées dans les différents quartiers de l'île. "Nous devons savoir quels secteurs sont touchés par les violences sexuelles ou par des violences à l'école pour adapter les réponses sur le terrain" indique Jessy Yongpeng. L'association souhaite aussi mettre en place une réelle prise en charge psychologique des enfants victimes de violence, ou témoins de violences conjugales, alors que 15% des femmes réunionnaises sont en situation de violences conjugales.

"Si on peut se réjouir de l'avancée de la législation en matière de protection de l'enfance, on ne peut se satisfaire de la situation sur le terrain. Aujourd'hui, nous avons besoin de réels moyens pour apporter des solutions concrètes à ces problématiques" insiste Karine Lebon.

Formation des enseignants, des forces de l'ordre, unités dédiées, respect des protocoles de protection de l'enfance, éloignement du parent violent plutôt que des victimes…Les solutions proposées par les associations sont nombreuses. Reste désormais à pouvoir les mettre en place.

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
''', depuis son mobile
''', depuis son mobile
2 ans

Donc là vraiment, le premier commentaire c'est quelqu'un qui se plaint que c'est la faute des socialistes si y'a des violences intra familiales ' C'est un détraqué

Charité Hospotal
Charité Hospotal
2 ans

c est le résultat de de la potique Socialiste Payer les gens a ne rien foutre , nuisance sonore, tout gratuit etc!!!!