Etats généraux du multilinguisme

Langues régionales : le créole, un patrimoine français à conserver

  • Publié le 26 octobre 2021 à 02:59
  • Actualisé le 26 octobre 2021 à 15:44

Dix ans après les premiers États généraux du multilinguisme dans les Outre-mer (EGM-OM) organisés à Cayenne (Guyanne), La Réunion accueille la seconde édition du 25 au 28 octobre 2021. Une date marquée également par le lancement de la somèn kréol, qui célèbre la langue régionale de La Réunion et sa culture. Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a procédé à l'ouverture de ces Etats généraux ce lundi en soirée. L'occasion de faire le point sur l'utilisation du créole dans l'île, qui bien que répandu dans la vie quotidienne, doit être valorisé d'un point de vue patrimonial et culturel, et dont l'enseignement à l'école doit être consolidé. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Les EGM-OM ont pour objectif de "mener une réflexion collective dans le but d’affirmer une politique favorable au multilinguisme dans l’éducation, l’espace public et les différents domaines de la vie sociale et culturelle" détaille le ministère de la Culture, garant du déroulement de ces Etats généraux. Ils s’articulent autour de trois grands axes : l’enseignement des langues locales et du français comme priorité d’une politique linguistique ; le patrimoine, la création et la diffusion en langues locales ; et l'utilisation des langues locales dans la vie sociale, administrative et économique, et dans la santé publique.

En visite à La Réunion, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a officiellement ouvert ces EGM-OM ce lundi en début de soirée. Pour l'occasion, une grande partie des territoires ultra-marins ont fait le déplacement : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie Française, et Wallis-et-Futuna. Des territoires éparpillés à travers la planète, avec le seul point commun de faire partie du territoire français.

Dix ans après la première édition, le bilan est, aux yeux de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, "positif, bien qu'il reste du chemin à parcourir". Sur un territoire où 75 langues différentes sont parlées, difficiles de faire la part des choses pour chacun des dialectes. "Là où tout cela converge, c'est la nécessite de promouvoir la richesse de chacun des territoires" a-t-elle rappelé.

- "Avant c'était mal vu de parler créole" -

A La Réunion, environ 1% des élèves du premier degré reçoivent une éducation bilingue. "C'est quelque chose que je ressens personnellement, en donnant des cours de musique aux marmailles plusieurs fois par semaines" indique Thierry Gauliris, leader du groupe Baster. "Il y a une vraie perte du créole, et sans une vraie politique d'investissement du gouvernement, on va perdre cet héritage" affirme-t-il, inquiet de l'avenir du créole réunionnais si les moyens ne sont pas mis à disposition.

Du côté de Roger Ramchetty, président du Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement (CCEE), le constat est plus positif. "On voit tout de même une évolution depuis les premiers EGM-OM, notamment avec un usage du créole beaucoup plus présent dans la vie de tous les jours. Avant, c'était mal vu de parler créole, aujourd'hui la question ne se pose plus vraiment" affirme-t-il. "On le voit même avec la présence du créole dans la musique, sans qu'il ne s'agisse de maloya ou de séga, ou dans les discours des nouveaux maires élus en 2020, qui n'hésitaient pas à le parler" ajoute-t-il.

- Des moyens à mettre en place -

Ces Etats généraux interviennent quelques mois après le vote de la loi sur les "Langes régionales", destinée à promouvoir et préserver les nombreuses langues régionales parlées à travers la France continentale et les territoires ultra-marins. Si le Conseil constitutionnel a décidé de censurer les mesures concernant "l'enseignement immersif" (enseignement en langue régionale), la ministre de la Culture a tout de même tenu à saluer son adoption, une "avancée majeure dans la reconnaissance des langues régionales en tant que patrimoine français". Reste désormais à être en capacité de l'appliquer dans la réalité.

Lire aussi - Langues régionales : une loi, c'est bien, les moyens pour l'appliquer, c'est mieux

Ce vendredi, un sondage sur l'utilisation du créole publié par Lofis Lalangkréol et réalisé par l'institut Sagis a démontré une forte adhésion des personnes interrogées à l'importance de l'apprentissage du créole à l'école. Entre 89 et 97% étaient d’accord pour pour que des cours sur la culture réunionnaise dans les trois niveaux d’enseignement scolaire soient prodigués ; entre 91 et 96% étaient d’accord pour que des cours sur l’histoire réunionnaise le soient. Mais pour cela, "des moyens doivent être mis en place" ont martelé Roger Ramchetty et Thierry Gauliris.

Administrations, Education nationale, monde culturel : aux yeux des institutions, c'est désormais un travail de fond qui doit être réalisé pour créer une dynamique efficace afin de conserver un patrimoine trop longtemps mis à mal. Dans ce cadre, le soutien du gouvernement est essentiel, lui qui fut trop longtemps réticent à valoriser ces cultures éloignées de l'Hexagone.

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Nout lang
Nout lang
2 ans

Mi coze kreol, français,anglais,espagnol et allemand.

tijac
tijac
2 ans

Bravo oui il faut que le créole reste une langue à part entière et qu'elle soit mise en avant. Mais question : Pourquoi dans beaucoup de manifestation, comme le grand raid par exemple, nous trouvons les "finishers" repris allègrement par ces journalistes qui dans les secondes sui ont précédées ont appelé à soutenir le créole. Pourquoi des termes en anglais ' n'existe-t-il pas un mot créole pour le remplacer '

GUNET
GUNET
2 ans

Surtou, mé surtou i fo kontinué ékrir nout' kréol an kouyon kom su' l'imaj ici !!!