Les Avirons

Dialysé, il attend toujours un chemin praticable pour accéder à sa maison

  • Publié le 13 janvier 2022 à 02:59
  • Actualisé le 13 janvier 2022 à 06:34

Depuis octobre 2021, Laurent Zettor est dialysé à domicile dans sa maison située aux Avirons. Pour y accéder il faut emprunter le sentier Bihel, petit chemin pédestre sans accès possible pour les voitures. Après une demande acceptée en mairie, un chemin de fortune a été créé à la va-vite, composé de gros graviers. Celui-ci est totalement impraticable. Alors que la saison des pluies bat son plein et que les hôpitaux sont remplis à cause de la crise sanitaire, la famille Zettor s'inquiète. Si la livraison du matériel médical est déjà très complexe, l'accès des secours en cas de problème grave est impossible. (Photo mm/www.ipreunion.com)

Sur le sentier Bihel, aux Avirons, il faut s'armer de patience pour gagner sa maison. Aucune voiture ne peut passer sur ce chemin d'un mètre de large en forte pente. Si les habitants du quartier s'y sont habitués, Laurent Zettor, lui, a vu son quotidien basculer lorsqu'il a dû commencer sa dialyse en octobre dernier.

Malade depuis 2017, il est dialysé à domicile. Un choix qui implique la livraison d'une palette entière de matériel médical tous les 15 jours. Chaque carton pèse 10 kilos.

Pour assurer ses livraisons en toute sérénité et laisser un accès aux pompiers en cas de problème de santé, le couple Zettor a fait la demande d'un chemin bétonné pour désenclaver le sentier Bihel. Une demande qui ne date d'aillleurs pas d'hier. Avant même d'être dialysé à domicile, Laurent a contacté l'ancienne mandature pour envisager la mise en place d'un véritable accès vers sa maison, pour lui comme pour ses voisins. Si l'ancien maire a dit oui, c'est le nouveau maire des Avirons, Eric Ferrère, qui a récupéré le projet.

Fin octobre le chemin est fini. Mais le couple Zettor n'en revient pas. A la place de l'accès prévu trône un tas de gros graviers, parmi lesquels la nature a depuis repris ses droits. Sur une telle pente, le chemin est non seulement impraticable par des véhicules mais en devient dangereux. "Un technicien venu inspecter la fin du chantier est même resté coincé !" raconte Laurent.

Pourtant un budget spécial a été voté en ce sens lors d'une commission extraordinaire organisé avec le CCAS (centre communal d'action sociale) de la ville. Depuis, les Zettor se battent quotidiennement pour obtenir un accès digne de ce nom vers leur maison. "On a tout essayé, le Département, le Défenseur des droits, l'ARS, le préfet… mais rien n'y fait" se désole Laurent.

"On ne demande pas une quatre voies, mais juste un chemin pour que les secours puissent arriver jusqu'à chez nous" lance son épouse Marie-Claude. En attendant, les voisins font la chaîne tous les 15 jours pour acheminer les lourds cartons remplis de matériel jusqu'à la maison des Zettor. Tout le quartier s'y met.

- Des négociations en cours avec le propriétaire du terrain -

La mairie des Avirons de son côté assure faire le nécessaire. "Il faut garder en tête qu'il y a une vraie volonté politique de faire ce chemin bétonné, pour désenclaver toute cette rue", assure le maire Eric Ferrère.

Problème : le terrain adjacent appartient à un particulier. Et pour l'heure, celui-ci ne souhaite pas céder une bande de son terrain sans garantie. "Ce terrain est placé en zone rouge, il a été déclaré non constructible, explique le maire, alors le propriétaire se sent lésé vis-à-vis des voisins. Il essaie de négocier pour qu'une partie du terrain devienne constructible, ce qui pourrait être faisable. Nous sommes en pleine révision du PLU (plan local d'urbanisme, ndlr), tout ceci pourrait être fixé bientôt."

Eric Ferrère a bon espoir que les négociations aboutissent. "Il faut être un peu patient. Les habitants du quartier nous conseillent d'exproprier cette personne. Cela ne se fait pas comme ça, ça passe par un juge et ça pourrait prendre des années. Alors qu'en négociant avec lui cela pourrait prendre quelques mois." Selon le maire des Avirons, le propriétaire n'est pas fermé à l'idée d'un chemin bétonné. L'élu reconnaît que le chemin n'est pas praticable en l'état.

Autre solution pour la mairie : que chaque maison accepte de léguer ou vendre une petite partie de son terrain pour installer le chemin de l'autre côté. L'idée n'a pas encore été abordée officiellement avec les habitants, mais elle risque de ne pas être accueillie favorablement, en raison de la présence de ce terrain vague disponible en face.

En attendant, Laurent Zettor justifie son impatience. Son état de santé impose une action urgente. "Nous sommes en pleine saison cyclonique et à cause du Covid les hôpitaux sont pleins." A ses côtés, son épouse ne cache pas son inquiétude : "comment on va faire si la machine prend l'eau ou bien si on a une coupure de courant ? Mon mari risque une péritonite, et aucun secours ne peut passer pour le récupérer".

Pour la famille Zettor comme pour leurs proches, ce cas particulier montre que la dialyse n'est pas encore suffisamment comprise sur l'île. "Une élue m'a souhaité bon rétablissement… Être dialysé ce n'est pas un bobo qui se soigne comme ça" déplore Laurent. Un point auquel s'ajoute la question de l'accessibilité, alors que de nombreuses rues sont encore enclavées à La Réunion.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Quiete pas
Quiete pas
2 ans

Pour l évacuation en cas d urgence, ils pourront toujours compter sur les ambulanciers et confrère pompiers, qui dévoués mettront tout en 'uvre pour rendre possible le transfert. Après effectivement, un accès serait bien venus. Mais je tenais à saluer le travail extraordinaire de ces secouristes souvent décrier.