[PHOTOS-VIDÉOS] Les dégâts sont considérables (actualisé)

Au moins 10 morts, des dizaines de milliers de sinistrés : Madagascar meurtrie par le cyclone Batsirai

  • Publié le 7 février 2022 à 12:16

C'était une crainte, elle s'est confirmée : le cyclone intense Batsirai, désormais repassé au stade de dépression, a dévasté la Grande île. Le district de Mananjary a été frappé de plein fouet, avec des rafales de 235 km/h. Au moins 10 personnes ont été tuées et près de 50.000 habitants ont dû quitter leur foyer face aux risques d'inondations. Ce bilan est provisoire et pourrait être bien plus lourd. Des nombreuses maisons ont été complètement rasées et des quartiers totalement inondés. (Photos DR / Nouvelle optique)

Batsirai s’est affaibli pendant la nuit, après avoir en partie ravagé l’île, l’un des pays les plus pauvres du monde, déjà frappé par une tempête tropicale meurtrière en janvier, Ana, et balayé depuis vendredi par le vent et une pluie continue.

Selon Météo-Madagascar, Batsirai est "ressorti en mer dans le canal de Mozambique au niveau de la partie Nord d’Atsimo Andrefanae" dimanche soir diamnche soir. Batsirai avait touché terre samedi soir 5 février à 21h, heure de La Réunion, sous la forme d’un cyclone tropical intense, avec des vents de 165 km/h, selon Faly Aritiana Fabien, du Bureau national de gestion des risques.

90 minutes plus tard, les autorités dénombraient déjà près de 27.000 déplacés, ayant alors quitté leur foyer. Sur place, le BNGRC a préparé nourriture, médicaments et sites d'hébergement. Le PAM (programme alimentaire mondial) des Nations Unies se mobilise également depuis ce dimanche pour faire parvenir repas chauds et abris temporaires aux sinistrés.

Le bilan humain provisoire a été dressé par Paolo Emilio Raholinarivo, l'un des responsables du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes à Madagascar.

Ce dimanche 6 février en fin de journée, le sytème s’était nettement affaibli, avec des vents de 80 km/h en moyenne et des rafales à 110 km/h. Le bilan était alors estimé à au moins six morts et 47.888 déplacés.

- Cimetière dévasté -

Les habitants s’étaient préparés à faire face avec les moyens dont ils disposent, se réfugiant dans des bâtiments en dur ou lestant leurs toits avec des sacs de sables. Dans la ville de Mahanoro, surplombant la mer, Marie Viviane Rasoanandrasana, assise à même le sol, déplorait dimanche les dégâts causés par le cyclone dans le cimetière municipal où reposent son mari, son beau-père et sa fille.

Les vagues ont emporté une partie du cimetière, déterrant à leurs passages plusieurs corps, dont ceux de sa famille. "Nous sommes tristes (…) Nous avons déjà eu des dégâts à la maison à cause du cyclone. Maintenant ça !", a déploré cette veuve de 54 ans. "Il y a quelques jours la mer était loin, mais ce matin on m’a dit qu’elle avait emporté une partie du cimetière".

"La vie quotidienne est déjà très dure", a-t-elle poursuivi, avant d'expliquer que les dépouilles seraient placées dans des tombes temporaires jusqu'à ce que sa famille réunisse assez d'argent pour des "sépultures correctes".

- Mananjary, la ville ravagée -

Passée au stade de dépression sur terre le temps de traverser la Grande île d'est en ouest, Batsirai a ensuite bifurqué désormais vers le sud-ouest et a quitté le canal du Mozambique. Mais les dégâts sont bien là : des maisons et des quartiers ont été entièrement rasés. De certaines habitations il ne reste que des planches éparpillées au sol. Le district de Mananjary notamment a été dévasté.

A Mananjary, épicentre du cyclone lorsqu’il a frappé l’île, les habitants contemplent leur ville ravagée. "Mananjary est complètement détruite. Où que vous alliez, tout est détruit", a constaté Faby, un habitant. Un autre homme, Fana, estime que "près de 95 % de la ville a été détruite. Nous supplions le gouvernement de venir nous aider dès que possible".

Le système a également fait d'importants dégâts dans les villages de Nosy Varika, Manakara et Mahanoro. De nombreuses coupures de courant ont été relevées et l'alimentation en eau interrompue dans ce district. Certains habitants ont fait part de la non disponibilité de l'électricité depuis deux jours.

Des familles ont pu être hébergées dans des centres. Certaines, logées à titre préventif comme pour les habitants de la capitale Antananarivo globalement épargnée, sont repartis chez eux dès ce dimanche soir.

- "Crise majeure" en préparation -

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), Batsirai pourrait provoquer "une crise majeure" touchant plus de 600.000 personnes et en déplaçant au final jusqu’à 150.000 déplacées. Environ 4,4 millions de personnes au total sont menacées d’une façon ou d’une autre, selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Madagascar,pays parmi les plus pauvres au monde, est régulièrement frappé par des systèmes cycloniques. En janvier Ana - qui a aussi touché le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, et fait une centaine de morts au total -, a tué une soixantaine de personnes dans la Grande Ile et fait des des dizaines de milliers de sinistrés.

En 2018, le pays avait déjà subi deux tempêtes meurtrières à la suite : le cyclone Ava avait tué 51 personnes en janvier, et son  Eliakim avait fait 20 morts deux mois plus tard. Et en 2017, le cyclone Enawo avait fait au moins 78 morts.

Le réchauffement climatique provoque déjà des tempêtes tropicales et des inondations plus intenses, l'atmosphère étant plus humide et la saison des pluies perturbée - le sud de Madagascar subissait jusqu'ici la pire sécheresse depuis plusieurs décennies. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré dimanche, à un sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, en Ethiopie, que le continent subissait "les pires conséquences de phénomènes associés au réchauffement climatique, comme les sécheresses, les inondations et les cyclones". "Bien que n'étant pas responsables du changement climatique, ce sont les Africains qui sont les premiers touchés et en paient le prix", a-t-il ajouté.
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www.ipreunion.com avec l'AFP/ redac@ipreunion.com

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