Conflit russo-ukrainien

Albina, Russe résidant à La Réunion : "Ukraine et Russie, nous faisons partie de la même famille"

  • Publié le 4 mars 2022 à 02:58
  • Actualisé le 4 mars 2022 à 06:47

La Russie envahit l'Ukraine depuis plus d'une semaine déjà. Si les occidentaux ont acté plusieurs sanctions économiques, les répercussions n'impacteront pas le gouvernement russe lui-même mais la population. C'est ce qu'explique Albina T., Russe, qui vit à La Réunion depuis deux ans. Pour elle cette guerre russo-ukrainienne est "un jeu de puissance" qui "profitera aux plus riches". Elle ne comprend d'ailleurs pas pourquoi une telle guerre a lieu, entre deux pays voisins, l'Ukraine et la Russie qui font partie "de la même famille". (Photo DR)

Déjà sept jours que la Russie a envahi l’Ukraine après avoir reconnu l’indépendance des régions séparatistes du Dombass. Si des pourparlers entre les deux pays se sont tenus ce lundi, ils n’ont pour l’instant pas encore abouti.

Volodymyr Zelensky, président ukrainien a demandé "un cessez-le-feu immédiat" ainsi que le retrait des troupes russes du pays. Un coup d’épée dans l’eau puisque Poutine ne relâche pas les tensions avec l’Ukraine et les Occidentaux bien au contraire. Il ne cède pas et fait toujours planer la menace nucléaire. La situation risque donc de se dégrader dangereusement. Ce mardi déjà, des photos satellites montraient un convoi russe s’étirant sur des dizaines de kilomètres en direction de Kiev, la capitale ukrainienne. L’étau se resserre autour de la capitale.

Le président russe et Emmanuel Macron ont pu échanger cette nuit. Il a garanti au chef de l’État qu’il ne ciblerait pas les civils. Pourtant les forces russes continuent de bombarder l’Ukraine et vise délibérément les zones civiles, comme le siège historique du gouvernement de Kharkiv ce mardi. Des centaines de civils ukrainiens ont déjà péri dans ce conflit armé.

- "On est comme une famille"  -

Albina T., Russe, vit à La Réunion depuis deux ans. Elle explique son ressentit vis-à-vis du conflit. "Je pense que ce n’est pas normal qu’une telle guerre soit possible au 21ème siècle, on est au temps de la modernisation, des innovations techniques, nous n’avons pas besoin de guerres.  Je suis très triste comme la plupart des gens. L’Ukraine et la Russie sont très connectées par la culture, l’histoire, les mentalités et surtout la langue car nous parlons russes même si différents dialectes existent. On a un patrimoine commun, on est comme une famille".

L’Ukraine et la Russie sont des pays voisins. Les habitants peuvent se rendre dans un pays ou dans l’autre pour visiter ou pour tout simplement trouver un emploi. "Beaucoup d’Ukrainiens vont travailler en Russie car l’économie est plus forte, le travail est plus simple à trouver mais il y a aussi beaucoup de Russes qui habitent en Ukraine.  C'est un pays plus pauvre que la Russie et c’est aussi pour ça que beaucoup de personnes le quittent" indique la Russe.

- "C’est une guerre qui n’est pas contrôlée" -

"La Russie a dit qu’elle ne s’attaquait qu’aux bâtiments militaires mais il y a des habitations, des bâtiments civils qui se trouvent à proximité et sont touchés. C’est une guerre qui n’est pas contrôlée, elle ne détruit pas seulement les infrastructures militaires, elle fait des victimes. Le but n’est pas de tuer, mais de faire souffrir les gens. Il y a toujours des victimes et c’est dommage que cette guerre soit entre l’Ukraine et la Russie car nous faisons partie de la même famille" déplore l'expatriée.

Pour illustrer ses propos, Albina T. se réfère à la Seconde guerre mondiale, Berlin étant séparé en deux. Pour elle l’Ukraine est configurée de la même façon que la capitale allemande à cette époque. "La partie Est (les régions séparatistes russes, ndlr) est plus proche de la Russie alors que le reste partage les idées européennes. Cette séparation est aussi présente en Russie explique-t-elle. " Quelqu’un peut penser que Poutine a raison, et l’autre pense le contraire. Mais je pense qu’on peut toujours trouver toujours un compromis avec la diplomatie" tient-elle à ajouter.

Même si la Russe vit à La Réunion, elle est une des "victimes" des sanctions économiques à l’encontre de son pays. "Ma carte bancaire est bloquée, elle est coupée à cause de la guerre entre l’Ukraine et la Russie et des sanctions économiques, pour l’instant j’arrive à m’en sortir mais si ça dure ce sera très compliqué pour moi".

- La révolution du Donbass, le tournant des relations russo-ukrainiennes -

Si la situation entre l’Ukraine et la Russie sont très tendues de nos jours, cela n’a pas toujours été le cas. "Ma grand-mère habitait en Ukraine et quand j’étais petite j’allais lui rendre visite. Il fallait juste montrer son passeport pour traverser la frontière, c’est comme s’il n’y en avait pas. Mais aujourd’hui c’est plus compliqué. Les frontières sont beaucoup plus tendues depuis la révolution du Donbass, depuis le conflit de 2014. Il faut un motif impérieux pour se rendre Ukraine pour une simple visite. On s’est éloigné d’année en année" dit tristement Albina T.

- De lourdes conséquences -

Si le monde voit qu’une partie des effets de la guerre russo-ukrainienne (hausse du baril du pétrole, début d’une hausse des prix), le pire est à venir. "Tout le peuple va perdre, même les Européens et le reste du monde aussi car ils sont dépendants de ce que produit la Russie, du gaz et des autres matières premières" souligne l'expatriée.

La Russie et l’Ukraine ont engagé une phase de négociations ce lundi 28 janvier en Biélorussie. Selon Albina T., l’issue est incertaine, elle peut être pacifique comme belliqueuse. "C’est une chose très complexe et la situation est délicate, c’est comme un conflit entre une famille mais à l’échelle d’un pays". Une chose est sûre pour elle "si on n’a pas la paix, on peut se diriger vers une 3ème guerre mondiale et il y aura encore plus de morts, les tensions entre les Ukrainiens et les Russes s’intensifieront".

L'invasion de l'Ukraine semble être un point de non-retour dans cette crise russo-ukrainienne, crise qui n’aurait pas connu une telle ampleur si une issue avait été trouvée lors de la révolution de 2014 comme l’explique Albina T. "La solution pouvait être trouvée par le gouvernement depuis le début, depuis la révolution dans la région du Donbass, mais comme je l’ai dit je ne suis pas politique, le peuple ne peut pas mettre un terme à un tel conflit".

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