Finale du concours d'éloquence 2022

L'art de débattre sans se battre

  • Publié le 19 mars 2022 à 02:57

Les 25 lauréats du premier concours d'éloquence ouvert aux pays de la zone océan Indien sont dans les starting-blocks. À l'issue de la demi-finale ce samedi 19 mars, 12 d'entre eux défendront leurs idées et leurs convictions en public, lors de la finale du 22 mars, sur la scène du TPA, à partir de 19 heures. (Photo : vw/www.ipreunion.com)

"Il n’est pas d’éloquence plus persuasive que celle de la conviction". Cette citation de Jean-Napoléon Vernier, les 25 lauréats du concours d’éloquence 2022 parrainé cette année par Mémona Hintermann, se l’ont approprié. Si ce concours en est à sa cinquième édition, il s’agit en revanche de la toute première ouverte sur l’océan Indien.

Au départ, ils étaient plus de 200 lycéens de Maurice, Madagascar, les Comores, Mayotte et La Réunion à concourir… Ils ne sont désormais plus que 25 à entrevoir la ligne d’arrivée et à défendre leurs idées sur le thème de la résilience : l’épidémie de COVID 19, l’esclavage, les enfants de La Creuse ou encore l’apartheid et la commission Vérité et réconciliation, sont quelques-uns des thèmes que les élèves devront choisir pour concevoir le discours qu’ils présenteront lors de la demi-finale ce samedi 19 mars au Teat Champ Fleuri. Phase à l’issue de laquelle ils ne seront plus que 6 lauréats en finale, le 22 mars, sur la scène du TPA. Tous ont travaillé en amont seuls ou avec leurs enseignants depuis le lancement du concours il y a quelques mois.

- Un tremplin pour l’avenir -

Pour l’heure, la joyeuse petite troupe a pris ses quartiers à l’internat du lycée Jean Hinglo du Port depuis le 15 mars et participent à un stage de coaching dispensé par des professionnels de la joute oratoire et de la scène (des comédiens et un avocat). 

Cette initiative développée et menée depuis maintenant 5 ans par Annick Vitry, présidente de l’association JAD (Jeunes Aujourd’hui pour Demain) connaît un réel engouement auprès de ces jeunes talents. À l’image de la Réunionnaise Naïcha, 16 ans : "Grâce à ce travail en immersion, j’ai découvert en moi des choses que je ne soupçonnais pas. Ce n’est pas facile de combattre ses craintes comme la peur de parler en public et de transmettre une émotion ou même ses idées, mais ces ateliers d’éloquence sont très formateurs et j’adore ça".

Quant à Sandi, 16 ans également et originaire de Madagascar, le stress n’a aucune prise sur lui. Le jeune homme qui aspire à de grandes ambitions professionnelles, voit en ce concours d’éloquence un tremplin pour l’avenir et est avide d’apprendre.

En effet, devenir éloquent s’apprend et répond à des codes précis, car si sur le fond, l’orateur doit être capable de persuader grâce à un argumentaire bien construit, sur la forme, il devra user des codes de la communication non verbale, à savoir la gestuelle, les regards, les silences, pour convaincre l’audience avec ses propres mots et sa personnalité. Il ne s’agit pas de jouer un rôle, comme il peut en être question au théâtre. Ici, l’éloquence n’est pas la grandiloquence, le brio, le bavardage, la récitation, mais l’art de bien s’exprimer, d’émouvoir, de persuader et de maîtriser sa pensée dans l’action.

- Un parole porteuse d’espoir -

Au-delà de voir naître des talents de jeunes rhéteurs, pour Annick Vitry, qui n’est pas peu fière, ce concours a le mérite de libérer la parole sur des thèmes d’actualité. "Pour les précédentes éditions qui n’étaient pas encore ouvertes sur la zone océan Indien, nous avions abordé l’égalité homme-femme, l’écologie, l’engagement et l’identité. La résilience étant un thème à la mode, il nous a semblé judicieux, vu le contexte. Ces jeunes nous apportent quelque chose d’exceptionnel. Leur parole se structure et se libère et on s’enrichit de ce qu’ils nous disent. À mon sens, l’éloquence est une compétence fondamentale qu’ils se doivent d’acquérir et qui leur sera utile pour la poursuite de leurs études et leur future vie professionnelle".

À noter que le gagnant de l’édition 2022 repartira avec 1000 euros en poche quand le deuxième se verra octroyer la somme de 500 euros tout comme celui ou celle qui remportera le prix coup de cœur.

À l’heure des débats formatés, des invectives stériles et bien souvent fétides sur l’information en continu et des oppositions bornées entre "les pour" indécrottables et "les contre", inflexibles, ces jeunes gens nous montrent que la sagesse est encore possible, et que l’art subtil de la parole publique peut être porteur d’espoir, de progrès, d’humour ou d’émotion.

Finale mardi 22 mars, Teat Plein Air, 19 heures

- Les membres du jury de la demi-finale -


Mémona Hintermann (marraine)
Pascal Montrouge (Téats Départementaux)
Marjorie Conte (académie de La Réunion)
Normane Omarjee (bâtonnier de l’ordre des avocats de Saint-Pierre)
Jean-Marc Spampani (académie de La Réunion)
Patrick Foullon (fondation Fond’ker)
Sabrina Supervièle (Antenne Réunion)
Marie-José Karake (conseil départemental de Mayotte)

- Développer le capital confiance -


Autrefois réservées aux facs de droits et aux instituts d’études politiques, les joutes oratoires se démocratisent désormais aux filières d’études supérieures, ainsi qu’aux lycéens. La communication orale occupant une place prédominante dans la société et dans le monde du travail, il est plus qu’essentiel de savoir s’exprimer face à ses pairs. C’est d’ailleurs une compétence très recherchée par les entreprises. De plus, les concours d’éloquence permettent de développer un capital confiance et d’acquérir une certaine aisance en public. Cela permet également d’apprendre à gérer son stress, dépasser sa timidité et donc d’aborder l’oral d’une autre manière.

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1 Commentaires
Mi
Mi
2 ans

C'est où, le TPA '