Il est investi président de la République ce samedi 7 mai

Emmanuel Macron officiellement face au double défi des urnes et de la rue

  • Publié le 7 mai 2022 à 07:45
  • Actualisé le 7 mai 2022 à 12:11

C'est ce samedi 7 mai 2022 qu'a lieu la cérémonie d'investiture d'Emmanuel Macron, suite à sa réélection le 24 avril dernier. La cérémonie s'annonce plus sobre qu'en 2017, comme il est de coutume en cas de réélection. Cela, même si Emmanuel Macron est le premier président de la République réélu hors période de cohabitation sous la Vème République. Mais contexte national et international oblige, la portée politique de cette cérémonie sera indiscutable. Contrairement à 2017, pas d'état de grâce non plus pour le chef de l'Etat qui devra faire rapidement mettre en ordre de marche son camp en vue des législatives des 12 et 19 juin prochains, mais aussi faire face à la défiance de la population puisque, Emmanuel Macron le sait, il a avant tout été réélu sur la base d'un front républicain et non par adhésion à son programme

- Une cérémonie tout en sobriété mais aux accents politiques -

C’est à 13 heures (heure de La Réunion) que débutera la cérémonie d’investiture. Contrairement à 2017, Emmanuel Macron sera déjà à l’Elysée. Il se rendra à la salle des fêtes où l’attendront près de 450 invités parmi lesquels les membres de son gouvernement, les présidents de chambres parlementaires, Gérard Larcher (Sénat) et Richard Ferrand (Assemblée Nationale), les anciens présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi qu’un panel de personnalités, de la jeunesse au monde sportif en passant par le tissu associatif et le monde économique.

Comme le veut la tradition, le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius proclamera une nouvelle fois les résultats, puis sera remis au président le collier de grand maître de l'ordre de la Légion d’honneur. Emmanuel Macron fera ensuite un discours qui devrait durer une quinzaine de minutes.

C’est dans ce discours que le président de la République devrait très certainement tenter de clarifier les engagements de son quinquennat tout en tentant de resouder la Nation derrière son chef de l’Etat. Il sera très certainement question de la guerre Ukraine, mais aussi de la montée des extrêmes et du nationalisme dans le pays, alors que la France s’apprête à célébrer, le lendemain, 8 mai, l’armistice de la seconde guerre mondiale. Il devrait évoquer aussi l’Union européenne alors que le 9 mai sera la journée de l’Europe.

Il devrait ensuite saluer ses invités et se rendre dans les jardins de l’Elysée pour rendre hommage au drapeau national, recevoir les honneurs militaires et saluer les militaires présents. Au même moment, 21 coups de canon seront tirés depuis les Invalides, ce qui viendra clôturer la cérémonie.

- Des législatives à haut risque -

Cette cérémonie semble au fond anecdotique compte tenu des enjeux qui attendent le président de la République, à commencer par la nécessité de s’assurer une majorité à l’Assemblée nationale pour les cinq années à venir. En effet, c’est la principale chambre du Parlement, qui assure au chef de l’Etat sa capacité de gouverner le pays.

Les enjeux sont donc importants à un peu plus d’un mois des élections législatives, les 12 et 19 juin prochains, où les 577 députés français remettront leur siège en jeu. Contrairement à 2017, Emmanuel Macron semble clairement craindre de ne pas pouvoir bénéficier de la vague de son élection pour ce scrutin. Jean-Luc Mélenchon avait d’ailleurs déjà senti cette faiblesse et lancé les hostilités entre les deux tours de la présidentielles en appelant les Français à l’élire Premier ministre, en appelant la gauche à s’unir en vue du scrutin des législatives.

Si les discussions furent âpres et les différents camps au bord de la rupture par moment, la France Insoumise, le Parti socialiste et les Verts ont réussi à trouver un accord historique pour fonder la "Nouvelle union populaire écologique et sociale" (NUPES), une manière de renouer avec le Front populaire du milieu du XXème siècle. En tout cas, cette union semble profiter à Jean-Luc Mélenchon qui, selon un récent sondage réalisé par Elabe pour BFMTV et L’Express, est perçu comme étant le premier opposant à Emmanuel Macron (selon 37% des sondés), devant Marine Le Pen (33%) des sondés).

A droite, les armes s’affutent également pour tenter d’inverser la dynamique des présidentielles. Les Républicains se déchirent entre ceux qui veulent rejoindre le camp du président de la République et ceux qui veulent s’opposer à lui. La direction a en tout cas tranché en faveur d’une posture d’opposition. Marine Le Pen quant à elle souhaite également faire entendre la voix de son camp, forte de sa légitimité au second tour où elle a recueilli un score record de 41,45% des voix. Sans le soutien du parti Reconquête avec lequel le Rassemblement National exclut toute union, Marine Le Pen espère réussir à peser au sein de l’Assemblée Nationale.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a l’obligation de parvenir à créer le rassemblement le plus large possible de son camp. Après plusieurs jours de tergiversations, La République en Marche le parti Horizons d’Edouard Philippe et le Modem de François Bayrou ont trouvé un accord en vue des législatives ce jeudi 5 mai. Quant au " grand mouvement politique d’unité et d’action " promis par Emmanuel Macron le soir du premier tour des présidentielles, il devrait prendre la forme d’un nouveau parti politique nommé " Renaissance " et qui remplacera La République en Marche.

La course est désormais lancée pour des législatives à haut risque.

- Et le 4ème tour social -

Outre la grogne qui pourrait s’exprimer (ou pas, via l’abstention) dans les urnes en juin prochain, Emmanuel Macron doit faire face au mécontentement des Français. Selon le baromètre du Figaro Magazine, le président de la République entame ce mandat avec une côte de confiance de 41% (contre 57% en 2017) confirmant de fait le sentiment qu’il a été réélu, moins sur la base de son programme, que sur la volonté de faire barrage à l’extrême.

Aussi, à peine investi, et même bien avant, Emmanuel Macron doit faire face à la grogne de la population. Elle s’est déjà exprimée le 1er mai dernier à l’occasion des traditionnels défilés de la Fête du Travail avec au cœur des revendications, les salaires et bien sûr la question des retraites dont la réforme est tant décriée.

Alors que la guerre en Ukraine semble partie pour durer, avec toutes les conséquences connues en termes de hausse des prix, le président de la République devra, dans les prochaines semaines et prochains mois, faire face à l’inquiétude de la population concernant leur pouvoir d’achat.

Il devrait également entamer les discussions, qui s’annoncent difficiles, autour de la réforme des retraites dont il a fait une priorité, mais aussi les sujets relatifs aux salaires des enseignants ou encore le dégel du point d’indice. Emmanuel Macron a promis un changement dans la méthode. A voir s’il saura changer de posture pour entamer ces différentes négociations, dans un contexte où il n’est pas certain que les cicatrices du quinquennat précédent soient totalement refermées.

L’été s’annonce particulièrement chaud pour le chef de l’Etat et son futur gouvernement.

Lire aussi : Oui, Monsieur le Président, ce vote vous oblige...

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2 Commentaires
de... Jean Philippe
de... Jean Philippe
1 an

Sait-il vraiment ce que cela signifie présider, selon les termes de notre Constitution française ' Durant, ses cinq dernières années passées au 55 du Faubourgs St-Honoré, je n'ai eu que des doutes à son égard, notamment sur la façon dont il a fait face à la pandémie venue de Wuhan, province Hubei..., c'est-à-dire là où la France de FH+JMAyrault+Valls+Castex (Pm qui a coupé le ruban en février 2017!)+Monsieur Yves Lévy (conjoint de Agnès Buzyn...ministre de la Solidarité et de la Santé !) a construit un P4!!!

SOMANKE
SOMANKE
1 an

Et si Macron était lui même un extrémiste ''''