Tensions dans le sud

Casud-Civis : Patrick Lebreton saisit le préfet sur le projet de fusion

  • Publié le 23 mai 2022 à 20:27
  • Actualisé le 24 mai 2022 à 05:16

La hache de guerre semble bel et bien déterrée entre Patrick Lebreton et André Thien-Ah-Koon. Le premier accuse le second de mauvaise gestion à la tête de la Casud et de bloquer seul le projet de grande intercommunalité du sud, qui consiste en une fusion Casud-Civis. Après plusieurs mois de tensions, le maire de Saint-Joseph menace clairement de quitter l'interco du sud si elle reste telle quelle. Il a saisi le préfet sous forme de courrier pour lui demander de "mettre en route" le projet de fusion. Faute de grande interco du sud, le maire de Saint-Joseph n'exclut pas de quitter la Casud pour rejoindre la Civis (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

En avril déjà, les tensions étaient vives entre les deux maires du sud. A travers une conférence de presse tenue en mairie de Saint-Joseph ce lundi 23 mai 2022, le maire Patrick Lebreton a tiré à boulets rouges sur la présidence de la Casud, à l'encontre de laquelle il liste de nombreux reproches.

La principale d'entre elles repose sur la fusion voulue entre Casud et Civis, un projet de longue date selon lui. Dès 2011, le SDCI (schéma départemental de coopération intercommuale) aborde la question d'une "fusion de la Civis et de la Casud dans la mesure où ces deux EPCI partagent un même espace de vie". En 2016, le projet est toujours jugé "pertinent" mais la fusion est repoussée à 2020 pour des raisons de calendrier.

Un plan de sortie de crise est validé le 21 août 2020. "Ce plan évoquait la gestion à mettre en place en attendant l'intercommunalité" explique Patrick Lebreton. "Mais aujourd'hui les masques tombent. Un certain nombre de personnes dont un en particulier ne voulaient pas que cette grande interco se fasse, peut-être parce que ça profiterait trop aux administrés du grand sud. Mais pour moi ça reste d'actualité parce qu'il y a eu des décisions prises, notamment par la Commission départementale de la coopération intercommunale présidée par le préfet. Rien depuis n'est venu contredire cela." Ecoutez :

Depuis 2020, la ville du Tampon se dit opposée à la fusion. Patrick Lebreton accuse son homologue tamponnais de bloquer seul la situation, alors que le plan avait été adopté, malgré son vote contre. "Si le maire du Tampon n'est plus d'accord aujourd'hui, ce n'est pas moi qui ai changé" précise-t-il, agacé.

Pour débloquer la situation, Patrick Lebreton a saisi le préfet sous forme de courrier. "C'est à lui de voir pourquoi le plan de sortie de crise a été bafoué. En 2011 et 2016, sous son autorité, il avait été décidé d'avoir une grande interco et ça ne s'est toujours pas fait. Quand on le fait ? C'est ça que j'ai demandé au préfet !" Il demande à l'Etat de "jouer son rôle". Ecoutez :

- La Civis, option la plus "cohérente" -

"Nous avions deux possibilités : soit un regroupement des deux intercommunalités pour créer une nouvelle communauté d'agglomérations, soit créer une communauté urbaine. Il n'a jamais été question de communauté des hauts" fustige-t-il, faisant allusion au projet Ideo, annoncé en conférence en février dernier. Conférence à laquelle la commune de Saint-Joseph n'était pas conviée. Ce jour-là, "le président de la Casud a franchi la ligne rouge" assure Patrick Lebreton.

Ne voulant ni de la Casud telle qu'elle est aujourd'hui, ni d'Ideo - "Saint-Joseph n'est pas uniquement une commune des hauts" défend-il par ailleurs - le maire saint-joséphois se heurte à une impasse. Soit le projet de grande intercommunalité du sud aboutit, soit Saint-Joseph quitte la Casud en l'état. L'idée de rejoindre la Civis semble alors l'option "la plus cohérente" pour Patrick Lebreton. Ecoutez :

- Pluie de reproches -

"Depuis le début de cette année 2022, l'intercommunalité du sud est noyée sous un flux d'informations et de décisions. Je ne me suis pas exprimé... jusqu'à présent" a déclaré Patrick Lebreton, souhaitant faire toute la lumière sur des cas à la frontière de la légalité selon lui. "C'est la population de Saint-Joseph qui s'interroge : est-ce que ce qu'il s'est passé à la Casud est légal, juridiquement recevable, moral ?"

Il accuse André Thien-Ah-Koon d'avoir "replongée notre EPCI dans une situation de crise", en refusant notamment la territorialisation des services publics (transports, eau, assainissement). Il reproche également à la Casud une mauvaise gestion de collecte des ordures ménagères. L'interco a choisi de s'engager auprès de la SPL Sudec, ce que Saint-Joseph refuse, la société ayant été épinglée par la Chambre régionale des comptes pour "viabilité incertaine, défaut d'anticipation, activités déficitaires" liste Patrick Lebreton.

Il accuse le maire du Tampon de "se prendre pour le maire de Saint-Joseph". "C'est de l'ingérence et un crachat à la figure de la population de Saint-Joseph. Des minorités se retrouvent à avoir une indemnité pour gérer comme les majoritaires. C'est a contrario de ce pourquoi les gens ont été élus."

Autre point de chauffe : la récente mise à l'écart de deux vice-présidents de la Casud, Blanche-Reine Javelle et Henry-Claude Huet. "Ils n'ont pas été maintenus, suite à des propos 'extrêmement hostiles'. C'est un prétexte qui s'apparente à un détournement de pouvoir" fustige Patrick Lebreton. La municipalité de Saint-Joseph compte maintenant deux vice-présidents au même titre que l'Entre-Deux alors que la première commune compte 38.000 habitants contre 7.000 pour la seconde, déplore l'élu saint-joséphois.

La présidence de la Sodegis prête à débat également. Le maire de Saint-Philippe Olivier Rivière a été élu à la tête du bailleur social, succédant à Patrick Lebreton. Une gouvernance retirée à Saint-Joseph pour des questions de divergences. "J'en prends acte" indique le maire saint-joséphois, amer.

- André Thien-Ah-Koon regrette "des tensions qui font perdre du temps" -

Invité à réagir par Imaz Press à ces accusations, André Thien-Ah Koon estime que la possibilité d'une fusion entre les deux intercos du sud "est un frein qui entraînerait une hausse des impôts de 40 à 50% pour la Casud. Ce n'est pas parce qu'on va chez les gens plus riches qu'on est plus heureux" fustige-t-il. "Nous on est là pour protéger les intérêts des petits."

Quant au potentiel départ de Saint-Joseph vers la Civis, "pas de problème" lance-t-il, affirmant en avoir d'ailleurs "déjà discuté avec le maire de Saint-Pierre (Michel Fontaine, également président de la Civis, ndlr). Chacun fait son choix". Le maire tamponnais et président de la Casud dit cependant "regretter ces tensions qui font perdre beaucoup de temps" et dit souhaiter "un climat apaisé" au sein de l'interco.

Amenés à réagir sur la possibilité d'accueillir Saint-Joseph à la Civis, la maire de Saint-Louis Juliana M'Doihoma appelle à "partager des enjeux et des perspectives" mais déclare que "la configuration ce n'est pas ça qui compte. Ce qui compte, c'est quel pacte on passe, au service de tous". Jacques Técher, maire de Cilaos, déclare quant à lui que la décision de Patrick Lebreton lui appartient, "c'est son choix, qui aurait une cohérence territoriale, avec également un enjeu financier", reconnaît-il.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
4 Commentaires
Missouk
Missouk
1 an

Ce projet paraît être une évidence. En mutualisant les moyens, on pourra faire davantage! Petite-Ile (CIVIS) est coincée entre LE TAMPON (CASUD) et St JOSEPH (CASUD). Vous parlez d'une cohérence! En fait, Mr THIEN AH KOON veut garder son pré carré. Et là on ne peut pas accuser le maire de St JOSEPH d'une quelconque volonté hégémonique, puisque que la CIVIS est à droite.

Moi même
Moi même
1 an

@HULK pour information Petite-Île est dans la CIVIS. Donc la continuité territoriale est bien là.Il serait temps de la faire cette grande interco mais TAK a trop peur de perdre son hégémonie

HULK
HULK
1 an

Il n'est pas certain que ce soit possible. Il faut qu'il y ait continuité territoriale des communes. Or,entre SAINT-JOSEPH et SAINT-PIERRE,il y a PETITE-ÎLE.

CHABAN
CHABAN
1 an

Il était pathétiqueIl est pathétiqueIl restera pathétique !