Révélations de Mediapart

Le Samu mis en cause après le décès de la Martiniquaise Yolande Gabriel

  • Publié le 1 juin 2022 à 15:21

Dans un article publié ce mardi 31 mai 2022, Mediapart révèle qu'une plainte a été déposée à l'encontre du Samu et de l'hôpital de Meaux par les filles de Yolande Gabriel, une Martiniquaise décédée chez elle à 65 ans en 2020. Ses filles pointent du doigt une intervention trop tardive du Samu, alors que la victime se plaignait de douleurs au thorax. Des enregistrements audios prouvent que la prise en compte de son mal-être a été minimisé par les médecins du Samu. (Photo : capture d'écran Mediapart)

Hospitalisée en juillet 2020 à l'hôpital de Meaux (en Seinte-et-Marne), Yolande Gabriel se fait diagnostiquer une embolie pulmonaire, une pneumonie et une myocardite. Le mois suivant, le 20 août 2020 précisément, elle ressent de fortes douleurs au thorax, relate Mediapart

Elle se rend aux urgences. Malgré des examens qui ne donnent pas de bons résultats, l'hôpital la laisse partir en pleine nuit, à 3h30 du matin le 21 août. Interrogés par Mediapart, des médecins urgentistes confirment que l'établissement de santé n'aurait jamais dû la laisser sortir au vu des examens passés.

- "Putain mais parlez dans le téléphone !" -

Les douleurs ne passent pas et de retour chez elle, à 7h32 précisément, Yolande Gabriel appelle le Samu. L'enregistrement des échanges téléphoniques, récupéré par Mediapart, ne fait aucun doute : les douleurs exprimées par la Martiniquaise, qui finit par être clairement essouflée, ne sont pas prises au sérieux. Le médecin du Samu lui demande de répéter plusieurs fois les raisons de son appel, lui demande même au bout de plusieurs minutes quelle est "son intention" en appelant le Samu. Il s'étonne lorsqu'elle ne parvient pas à lui lister les médicaments qu'elle prend : "madame, vous ne prenez pas 36.000 médicaments. Et vous ne savez pas quels médicaments vous prenez ?" rapporte Mediapart

Le médecin lui demande sèchement à plusieurs reprises d'être "calme" alors que la victime est essouflée au téléphone. La faiblesse de sa voix au combiné pousse le médecin à se montrer manifestement agacé, ne parvenant pas à entendre ce que lui dit Yolande Gabriel. "Putain, mais parlez dans le téléphone !" finit-il par crier.

- Une ambulance non adoptée -

Une ambulance finit par lui être envoyée. Comme le raconte l'une de ses filles, l'ambulance arrive une heure après l'appel de la victime. Une ambulance privée et insuffisamment équipée pour prendre en charge les arrêts respiratoires. Avant même son arrivée, au bout de trois quarts d'heure, sa fille rappelle le Samu pour demander où en est l'ambulance et explique à une nouvelle médecin au bout du fil que sa mère ne respire plus. La médecin en question, manifestement plus alerte, l'informe qu'elle envoie en urgence des soins supplémentaires et l'invite à continuer le massage cardiaque qu'elle avait commencé elle-même à prodiguer.

Dans la vidéo de Mediapart, la fille de Yolande Gabriel, Marie-Laure, raconte les dernières minutes de sa mère, auxquelles elle a assisté douloureusement, "toutes les étapes de son agonie" explique-t-elle. Le Samu, une fois sur place, ne parvient pas à la réanimer. Le décès est prononcé immédiatement après. Yolande Gabriel meurt sur le sol de sa cuisine comme l'évoquait déjà France-Antilles.

Depuis, les filles de la Martiniquaise ont porté plainte en octobre 2021 contre le Samu pour son intervention tardive en invoquant les motifs d'"omission de porter secours" et "homicide involontaire". La plainte concerne également l'hôpital de Meaux, qui a laissé sortir Yolande Gabriel en pleine nuit, quelques heures avant son décès, malgré les résultats mauvais de ses examens.

Marie-Laure soupçonne une attitude raciste de la part des médecins du Samu, sa mère ayant un accent martiniquais. "Il ne faut pas se voiler la face, il y a quelque chose qui s’appelle le syndrome méditerranéen : certains médecins pensent que dès qu’on est d’origine africaine, caribéenne ou maghrébine, on a tendance à exagérer la douleur" précise alors Marie-Laure.

L'histoire n'est pas sans rappeler la mort de Naomi Musenga, décédée en décembre 2017 après avoir été raillée par une régulatrice du Samu. Une information judiciaire avait été ouverte par la suite.

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2 Commentaires
Zaza
Zaza
1 an

je pense qu'il faut arrêter de faire mousser ces urgentistes dans les documentaires. Même si je pense que l'accent de cette pauvre dame est la première chose qui agasse cet "abruti " au téléphone, il m'est arrivé une histoire similaire avec mon papa a Perpignan. Je pense que l'issue fatale de mon papa est due à la légèreté de la prise en charge ( lui s'était plutôt l'âge ,79ans ). Le reproche des souffrances terribles inutiles non prisent en compte. Je suis pourtant dans le médical et je comprends que ce ne sont pas des dieux mais qu'ils ce cache beaucoup trop derrière de fausses excuses.En attendant des vies perdue par de la négligence de ces services d'urgence.

Julien
Julien
1 an

Une ambulance privée est apte à la prise en charge d un arrêt cardio respiratoire elle a l équipement et les compétences Renseignez vous sur la convention tripartite de répartition de l urgence en France avant de dire des betises