[EN DIRECT] Il avait 32 ans

Paris : rassemblement en mémoire de Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste tué en Ukraine

  • Publié le 10 juin 2022 à 20:35
  • Actualisé le 10 juin 2022 à 20:44

Un hommage au journaliste Frédéric Leclerc-Imhoff, tué en Ukraine, se tient ce vendredi 10 juin 2022 place de la République à Paris, à l'appel de Reporters sans frontières (RSF) notamment. Sa famille, ses amis et ses collègues sont présents. La dépouille est arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi en France, accueillie par des membres de sa famille, des proches et la ministre de la Culture Rima Abdul Malak.

• Suivez la cérémonie en direct :

  • C'est la fin de ce live, merci de l'avoir suivi

  • Une minute d'applaudissements clôture ce rassemblement

     

  • Maxime Brandstaetter, journaliste présent avec Frédéric au moment de l'attaque, prend la parole

    "Avant l'Ukraine, je ne connaissais pas Fred. Quand j'apprends que je pars avec lui, tout le monde me dit "quelle chance, tu vas voir il est génial". Au total, on passe 34 jours ensemble. On travaille ensemble, on mange ensemble, on galère ensemble. Il était incroyable, fidèle à lui-même, doux, prévenant, et toujours en retard. Mais pas en retard par paresse, par perfectionnisme : prendre une dernière image, poser une dernière question. J'ai l'impression d'avoir passer 34 jours à lui dire "Fred on y va ?", pour qu'il me réponde "J'arrive...enfin dans deux minutes". Ce jour de l'attaque, je suis sorti de ce camion, j'ai regardé vers ta cabine, je n'ai fait que crier ton nom. J'ai attendu pour t'entendre me dire "J'arrive Maxime". Ce n'est pas arrivé. La seule chose dont je suis sûr aujourd'hui, c'est que tout le monde avait raison. Tu es génial, j'ai eu de la chance de partir avec toi. Je ne t'oublierai jamais" déclare-t-il

  • C'est au tour de ses camarades d'école de journalisme de s'exprimer

    "Notre ami est mort en faisant l'une des choses qui donnait du sens à son existence. Cela nous aidera peut-être avec le temps à adoucir l'horreur" souligne une camarade. "Fred était un rêveur, pour nous c'est une qualité qu'il tenait éloigné de tout cynisme. Il rêvait d'un monde moins injuste, moins violent, moins pourri. C'est ce monde qui a fini par stopper sa route. Monde triste et brutal, Fred était tout ce que tu ne seras jamais" ajoute une seconde amie.

    "A l'agence de presse russe qui a relayé des propos infâmes, nous disons : vos mensonges seront combattus. A Vladimir Poutine, à tous les dictateurs; nous disons : tant que des journalistes comme Frédéric arpenteront cette Terre, vous ne serez jamais tranquille. A l'extrême-droite; nous disons: vous êtes tout ce qu'il combattait. A Fred, nous disons : camarade, que la Terre te soit légère, tu peux être fier, tu peux partir tranquille. Dans nos coeurs, ta tendresse, tes rêves, sont gravés" assène un ancien camarade.

  • Ses amis d'enfances se succèdent

    Tous rendent hommage à un homme joyeux, bienveillant. "On a fait les 400 coups ensemble, Fred était largement connu pour son humour. Une fois après une soirée, il s'est endormi le front contre un arme, debout" se souvient un ami. "Fred c'est cet ami génial, qui n'avait de cesse d'aider autour de lui. Il mettait tous ses efforts pour être un allié, un soutien" raconte une amie. "Il était queer, anti-spéciste, anti-fasciste, anti-capitaliste" martèle-t-elle, émue, rappelant les engagements du journaliste. "Nous nous rappelerons de ta luminosité, ta générosité, ton humour. Nous nous accrochons à tous ces merveilleux souvenirs que tu as créé" ajoute une autre amie.

  • Sam, son compagnon, prend la parole

    "De tous ces mois à ses côtés, je veux vous parler sa bienveillance, son empathie : quand mon moral n'est pas au plus haut, il était toujours là, il trouvait toujours les mots justes. C'était la personne avec qui je discutais le plus. En un an, on ne s'est jamais fâché, il n'a jamais haussé la voix, il était d'une douceur incroyable. Il était têtu. On débatait beaucoup de l'actu, de son métier. Le journaliste était une vocation, une évidence pour lui. Dans notre vie, ça se traduisait par des appels le vendredi soir, un départ à 5h30 un samedi matin. Quand on se réveillait ensemble, on lisait la presse, je lisais les articles à voix haute pendant qu'il préparait le petit-déjeuner. J'étais encore perçue comme femme quand on s'est rencontré. Quelques mois plus tard, une dame m'a appelé monsieur, ce que je lui raconté : il m'a dit que lui aussi, pouvait m'appeler monsieur. Il a été la première personne à me genrer au masculin. Après quelques temps, nous avons été perçus comme un couple gay, nous avons commencé à ressentir la haine en public, les insultes, les regards. Mais au-delà d'un partenaire amoureux, j'ai perdu un partenaire de vie. Il m'aidait dans tous mes projets, il était là partout dans ma vie. C'était toujours, le premier à qui je parlais de mes projets, le premier à me soutenir, à me suivre. La mort de Fred ne me laisse qu'un vide immense. C'est étrange de parler de lui au passé, de voir nos photos partout dans les médias. Il y a une semaine j'ai compris brutalement que les morts de cette guerre était bien plus qu'une statistique. Il ne me reste que le deuil douloureux à faire petit à petit. J'ai une conviction : l'intime, est avant tout politique"

  • Sylviane, la mère de Frédéric, s'exprime

    "Vous savez que Fréréric était quelqu'un d'excessivement modeste, il aurait eu une certaine gêne à voir ce rassemblement, mais il aurait adoré nous voir rassembler autour de ces valeurs dont il était pétri. Son métier, il l'avait choisi en parfaite cohérence avec ce qu'il était : donner la parole à ceux qui n'étaient rien, s'intéresser aux êtres au-delà des aprioris, des intolérances et des frontières" déclare-t-elle, rappelant les nombreux sujets de société abordés par son fils lors de sa carrière.

    "Quand un journaliste est assassiné, c'est une part de notre liberté qui est partie en fumée. Fred était une personne douce et joyeuse, alors ne soyez pas tristes, je ne crois pas que c'est ce qu'il aurait voulu. Et même si certains d'entre vous ne le connaissait pas, je suis certaine qu'il vous aurait appelé des amis, ses amis" conclut-elle

  • Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV prend la parole

    "La rédaction de BFMTV est en deuil, on perd un journaliste engagé. Frédéric voulait raconter l'histoire en direct, il a perdu sa vie dans une zone dangereuse mais en ayant pesé tous les risques. Sa mort est un choc, mais nous allons continuer à couvrir ce conflit, hier une équipe est partie à Kiev. Depuis le 24 février, plus de 30 missions ont été réalisées. Je remercie nos équipes de le faire au risque de leur vie" déclare-t-il

  • Les discours débutent avec Christophe Deloire, secrétaire général de RSF

    "Je dois dire être très impressionné par le nombre de personnes sur cette place, cette place où lorsque l'essentiel est en jeu on se mobilise" Christophe Deloire. "Il effectuait sa mission, il a payé son travail de sa vie. Je salue son confrère de BFMTV, ainsi que la fixeuse ukrainienne. Il est le 8ème journaliste à trouver la mort depuis le début de la guerre. Nous sommes réuni pour rendre hommage à ce journaliste brillant, passionné, engagé, bienveillant.Il embrassait la réalité dans ces contradictions. Il était un journaliste libre. Sa mère m'a adressé un message : sa courte vie aura eu un sens. Quel message".

  • La direction de BFMTV, pour qui il travaillait, a mis en place une cellule psychologique

  • Sur place, des élus ont répondu à l'appel pour rendre hommage au journaliste tué

  • Bonsoir à tous

    Nous ouvrons ce direct pour suivre la cérémonie d'hommage à Frédéric Leclerc-Imhoff

    Restez avec nous

À propos

Âgé de 32 ans, Frédéric Leclerc-Imhoff travaillait pour BFMTV depuis six ans et effectuait là sa deuxième mission en Ukraine, comme journaliste reporter d'images (JRI). "Frédéric n'était pas une tête brûlée. Il pesait chaque minute de sa mission", avait déclaré à l'antenne Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, juste après l'annonce de sa mort.

Diplômé en 2014, il avait été formé au journalisme à l'Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (Ijba), après des études de philosophie à Paris. Dans un hommage sur son site, l'Ijba souligne "sa gentillesse" et "son sens de l'écoute". Même s'il était "discret" par nature, il "défendait avec ferveur et beaucoup d'humour" ses "engagements d'homme et de citoyen".

Le 30 mai, après l'annonce de la mort du journaliste qui suivait une mission humanitaire en Ukraine, le parquet national antiterroriste (Pnat) français avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait tweeté que le journaliste avait été "tué par un bombardement russe".

Mercredi en fin de matinée, ses collègues de BFMTV avaient observé une minute de silence en mémoire du journaliste tué le 30 mai par un éclat d'obus. Un hommage lui sera en outre rendu vendredi à 18h30 place de la République à Paris, à l'appel de Reporters sans frontières (RSF) notamment. Sa famille, ses amis et ses collègues seront présents.

Les deux personnes qui faisaient équipe avec Frédéric Leclerc-Imhoff en Ukraine pour BFMTV, le reporter Maxime Brandstaetter et la journaliste-traductrice ukrainienne Oksana Leuta, sont pour leur part rentrées en France le 3 juin. "Ses parents sont venus nous accueillir à la descente de l'avion, ça a été les premières personnes que j'ai vues et ce n'était pas facile", a témoigné dimanche sur BFMTV M. Brandstaetter, visiblement très ému.

"Je sentais que je lui devais ça, de parler à ses parents, d'échanger avec eux, de me rapprocher d'eux, de me sentir proche, d'embrasser sa mère", a poursuivi le reporter. Oksana Leuta a elle jugé "très important que le monde entier entende ce qui s'est passé avec Frédéric".

www.ipreunion.com avec l'AFP

 

guest
1 Commentaires
Titi974
Titi974
1 an

J'ai vu ailleurs qu'il accompagnait une livraison d'armes aux combattants d'Azov, sans les deux versions, je ne croirais que la mienne