Inflation

Pouvoir d'achat : le gouvernement dévoile ses mesures, le Parlement en embuscade

  • Publié le 7 juillet 2022 à 06:15
  • Actualisé le 7 juillet 2022 à 08:02

Face à l'inflation, le gouvernement lève le voile jeudi sur une série de mesures très attendues destinées à protéger le pouvoir d'achat des Français, et qui fera figure d'examen de passage pour sa majorité relative à l'Assemblée face à des oppositions à l'offensive.

Après déjà plus de 25 milliards d'euros mis sur la table depuis l'automne 2021 pour atténuer en particulier la hausse des prix de l'énergie, le gouvernement présentera dans deux textes (un projet de budget rectificatif et une loi pouvoir d'achat) une nouvelle salve d'aides pour un montant à peu près équivalent.

Parmi les principales mesures figurent les revalorisations anticipées de 4% des pensions de retraite et des prestations sociales, l'augmentation de 3,5% du traitement des agents publics, un chèque alimentaire de 100 euros, auquel il faudra ajouter 50 euros par enfant, la prolongation de la remise carburant de 15 à 18 centimes et du bouclier tarifaire sur l'énergie, la suppression de la redevance ou encore le triplement de la prime Macron.

"L'urgence du pouvoir d'achat" est le "premier défi" pour le gouvernement et le Parlement, a défendu mercredi la Première ministre Elisabeth Borne dans son discours de politique générale à l'Assemblée nationale.

Selon l'Insee, le pouvoir d'achat des Français devrait en effet reculer de 1% cette année, plombé par une inflation qui atteindrait 5,5% en moyenne sur l'année, du jamais vu depuis 1985.

Après le "quoi qu'il en coûte" de la crise sanitaire, l'exécutif n'en a ainsi pas fini avec les dépenses, le ministre de l'Economie assurant vouloir "apporter les réponses les plus concrètes possibles, les plus immédiates possibles, les plus efficaces possibles aux difficultés de pouvoir d'achat des Français".

Si la nécessité de telles dépenses est plutôt partagée, l'adoption de ces textes s'annonce mouvementée avec une Assemblée où le camp présidentiel n'a qu'une majorité relative et un Sénat dominé par la droite.

A l'issue du conseil des ministres, l'audition de Bruno Le Maire et du ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal par la commission des Finances de l'Assemblée, désormais présidée par l'Insoumis Eric Coquerel, sera un baptême du feu. "Ces mesures sont notre base de travail. Avec mon gouvernement, nous serons à votre écoute et nous les amenderons quand des convergences émergeront", a bien promis Elisabeth Borne mercredi.

- "Loin d'être à la hauteur" -

Ces derniers jours, le gouvernement a lancé des pistes. Bruno Le Maire s'est dit ouvert à une prolongation de la remise carburant de 18 centimes par litre jusqu'à la fin de l'année (au lieu de fin août) et a proposé de créer une nouvelle indemnité pour les automobilistes qui utilisent leur voiture pour travailler.

En revanche, à ce stade, aucune proposition avancée par l'opposition ne semble être vue d'un bon oeil par l'exécutif.
Baisser les taxes sur le carburant pour ramener les prix à 1,50 euro/l, comme le souhaitent les LR, ou bloquer les prix à 1,40 euro/l, comme le veut la gauche? Trop coûteux, selon Bercy. Le Smic à 1.500 euros? Une menace pour l'emploi, répond-on au gouvernement.

"Il y a sans doute des chemins intermédiaires" à trouver, veut-on croire dans l'entourage de la Première ministre, Elisabeth Borne ayant notamment souligné dans son discours mercredi entrevoir des "compromis, des convergences" possibles avec les LR.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen a dit la volonté de son camp d"'influer" sur les textes qui seront présentés, "au premier rang desquels celui que les Français attendent avec espoir et impatience, celui sur le pouvoir d'achat".

A la Nupes, on juge le texte du gouvernement "très, très loin d'être à la hauteur de ce qu'attendent les Français", selon la présidente du groupe Insoumis à l'assemblée Mathilde Panot, et on prévoit de déposer de nombreux amendements au projet de loi pouvoir d'achat.

Encore faudra-t-il qu'ils soient financés, prévient-on au gouvernement, où on rappelle le cadre "contraint" des finances publiques, avec un déficit public prévu encore à 5% cette année et une croissance plus faible que prévu de 2,5%.

AFP

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