2.800 planteurs pour 22.000 hectares de terre

Cannes, sucre, rhum, énergie : tous les chiffres d'un secteur clé de l'économie réunionnaise

  • Publié le 9 juillet 2022 à 13:45
  • Actualisé le 9 juillet 2022 à 13:51

Depuis le lundi 27 juin 2022, les planteurs sont mobilisés devant la préfecture de La Réunion. Tous sont rassemblés pour tenter de trouver un accord sur la convention canne 2022-2027 avec les industriels. À La Réunion, cette filière, très importante, représente plus de 18.300 emplois. Depuis 2017, la production de canne peine à dépasser les 1,5 million de tonnes. "La canne reste pourtant le pivot de l'agriculture réunionnaise", explique la Chambre d'agriculture. "La canne est aussi la clé de voûte de nombreuses industries dont le sucre, le rhum et l'énergie." (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)

La filière Canne-Sucre-Rhum-Energie représente le premier employeur privé de l’île et compte 18.300 emplois directs, indirects et induits, soit plus de 12,5 % des emplois du secteur privé de l’île. À La Réunion, la filière canne c’est : plus de 2.800 planteurs qui travaillent sur 22.000 hectares de terre de canne, pour une production de 1.555.000 de tonnes de cannes et 200.000 tonnes de sucres. Elle assure un rôle majeur dans l’activité économique de l’île. Grâce à la canne, on peut produire du sucre, mais également du rhum. La filière agricole s’appuie sur deux usines, Bois-Rouge à Saint-André et le Gol à Saint-Louis.

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- La canne, premier poste d’exportation de l’île -

L’industrie sucrière constitue la première filière agro-industrielle de La Réunion avec ses 200.000 tonnes de sucre produites en moyenne chaque année. L’industrie approvisionne en premier lieu le marché local (consommateurs et industries agroalimentaires) et contribue à son autosuffisance à plus de 98 %.
Toutefois, filière principale, plus de 90 % de la production sucrière réunionnaise est exportée en Europe.

Comme l'explique le syndicat du sucre de La Réunion , "les statistiques des douanes montrent que le sucre représente 50 % des exportations en valeur des produits fabriqués à La Réunion et 80 % en volume". Il indique, "si l’on ajoute le rhum, fabriqué avec la mélasse des sucreries, les produits et co-produits issus de l’industrie sucrière représentent 70 % en valeur des exportations totales de produits fabriqués à La Réunion".

- 80% du sucre en Europe produit à La Réunion -

Premier produit fabriqué grâce à la canne, le sucre. La France en est d’ailleurs le seul pays producteur en Europe. Sur les 250.000 tonnes de canne produites chaque année, 80% le sont à La Réunion.

40 % de cette production est constituée de sucres spéciaux, comme l’indique le syndicat du sucre de La Réunion. L’autre partie est composée de sucres bruts, destinés à être transformés en sucre blanc pour répondre aux besoins des consommateurs.

Mais depuis 2017, le prix du sucre a plongé. C’est pourquoi la Chambre d’agriculture de La Réunion demande à ce que les planteurs soient augmentés. "Il faut réfléchir à un calcul de cette prime en considérant un seuil plus bas pour le sucre blanc et développer une rémunération en adéquation avec le marché des sucres spéciaux", explique la Chambre.

- La canne, une source de multiples produits -

Grâce à la canne plusieurs co-produits voient le jour. En premier, la bagasse (fibre de la canne). Il s’agit là d’un résidu obtenu après les étapes de broyage et d’extraction du jus sucré.  Selon le syndicat du sucre, "à La Réunion, le traitement d’une tonne de cannes produit en moyenne 320 kilos de bagasse". Ce produit permet de créer de la vapeur utilisée dans le processus sucrier et de l’électricité". Par campagne, plus de 650.000 tonnes sont produites. Les tonnes produites chaque année alimentent les centrales thermiques d’Albioma afin de produire de l’électricité verte. "C’est d’ailleurs à La Réunion la première source d’énergie renouvelable.", note le syndicat. Elle couvre 10 % des besoins annuels en électricité de l’île et évite chaque année l’importation de 140.000 tonnes de charbon.

Second produit, la mélasse. Après l’étape de cristallisation du sucre, le résidu sirupeux est appelé la mélasse. Ce produit est principalement utilisé dans les trois distilleries de l’île pour la fabrication de rhums traditionnels de sucrerie. Toutefois, une partie est utilisée dans l’alimentation animale locale. L’autre partie est transformée en carburant sous forme de bioéthanol et alimente la turbine à combustion de Saint-Pierre. Concernant la mélasse d’ailleurs, la Chambre d’agriculture explique que la production est en forte baisse. "Il faut que le prix de la mélasse soit mieux payé pour que les agriculteurs puissent bénéficier des retombées", note Frédéric Vienne, président de la Chambre.

Dernier produit, les écumes et cendres, qui sont issues de l’épuration du jus de canne après extraction.  Ces éléments retournent à la terre pour fertiliser les sols, en corriger l’acidité, et améliorer sa teneur en matière organique.

- Le marché du rhum en forte progression -

Comme l’explique la Chambre d’agriculture, "le marché du rhum est en forte progression depuis plusieurs années avec plus de 32 % sur la production en huit ans". Une filière qui, selon la Chambre, "génère chaque année toujours plus de valeur ajoutée pour l’île, sans que le planteur en bénéficie directement".

C’est d’ailleurs pour cela que la Chambre d’agriculture, au cœur de la mobilisation actuelle des planteurs, demande une augmentation du prix de la mélasse répercuté sur le revenu du planteur. Car "sans canne, pas de mélasse locale. Sans mélasse locale, pas de rhum IGP".

Plus concrètement, la Chambre d’agriculture demande une augmentation de 2,5 euros par tonne de canne financée par une augmentation de la mélasse de 157 euros la tonne. Mais également une meilleure redistribution des recettes avec l’objectif de dégager 4 millions pour les planteurs.

- La canne et ses ressources –

Outre la production de sucre, de rhum et d’énergie, la filière canne est complémentaire avec d’autres filières agricoles de l’île. En effet, les lisiers et fumiers des élevages sont un excellent fertilisant pour la canne. Comme le précise le syndicat du sucre, "la canne permet également d’assainir les sols".

La paille de canne est elle utilisée comme protection du sol en maraîchage et en arboriculture. Elle fournit également du fourrage et de la litière pour les élevages avec la production de plus de 30.000 balles rondes par an.

Autre point bénéfique de la canne, la lutte contre l’érosion. En effet, grâce à ses racines nombreuses et profondes, la canne évite que les terres ne provoquent des éboulements de terrains. Le syndicat ajoute, "de plus, ce système racinaire, renouvelé tous les ans, permet à la plante d’optimiser tous les intrants et évite ainsi les risques de pollution des nappes phréatiques".

- 2017, 13 jours de mobilisation avant la signature de la convention -

Le 11 juillet 2017, à l’issue de 13 jours de mobilisation devant la Préfecture, la convention canne est enfin signée entre planteurs et industriels. Blocages d'usines, opérations escargot, syndicats débordés par leur base, tension avec l'usinier, camping géant et tracteurs à la préfecture.... Ces opérations des planteurs ont marqué la filière canne-sucre à La Réunion.

Un dénouement rendu possible après les dernières propositions de l’usinier. Il offrait 2,6 euros de revalorisation du prix de base de la tonne de canne, une prime d’intéressement de 0,88 centimes d’euros et une aide à la production de 0,4 centimes (pour ceux coupant un volume de moins de 700 tonnes). Soit un total de 3,88 euros et l’équivalent d’une enveloppe de 7,2 millions d’euros si l'on tient compte de l'enveloppe supplémentaire dédiée à la replantation. 

Dominique Clain, qui était venu comme planteur cette année-là s’en souvient. "On a tiré de l’argent pour la production, déplacer les aides. Mais on n’a pas évolué dans la convention canne", dit-il. "Aujourd’hui le tonnage n’a pas augmenté donc la convention n’est pas adaptée", conclut-il.

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ma.m/ www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
lan
lan
1 an

c'est quoi les sucres spéciaux ' (Tous les sucres, autres que le sucre blanc ou roux, utilisés en pâtisserie et ou en confiserie. On peut notamment citer le sucre vanillé, le sucre glace, le sucre perlé... Belle journée et bon appétit Ian ^^- Webmaster)