L'OMS inquiète face à l'augmentation des cas

Variole du singe : La Réunion épargnée pour le moment

  • Publié le 22 juillet 2022 à 03:00
  • Actualisé le 22 juillet 2022 à 09:36

Si le Covid-19 poursuit sa propagation dans le monde entier, une autre maladie infectieuse a (re)fait surface depuis le mois de mai 2022 : la variole du singe (ou monkeypox). Ce jeudi 21 juillet, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) devait déterminer si la flambée des cas constitue une "urgence de santé publique internationale", plus haut niveau d'alerte de l'organisation. En ouverture de la réunion du Comité d'urgence, le directeur général de l'OMS s'est dit "inquiet" de l'augmentation du nombre de cas de cette maladie. La réunion du comité d'urgence a duré moins de six heures. Mais les éventuelles conclusions des experts n'ont pas été rendues publiques. Plusieurs cas ont déjà été signalée en France, dont un en Martinique. La Réunion est épargnée pour le moment. 15 personnes se sont déjà faites vaccinées dans l'île.

14.500 cas. Voilà le dernier bilan de la variole du singe recensé dans près de 70 pays du monde. D’après le dernier bilan de Santé Publique France délivré le 19 juillet, la France compte près de 1.453 cas confirmés de variole du singe. Parmi ces cas, on retrouve en Martinique le premier patient atteint de la variole du singe. Pour le moment, aucune contamination n’a été signalée à La Réunion. Et en Europe, et notamment en France, aucun décès n’a été signalé à ce jour. En Afrique, on dénombre cinq décès.

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- 15 personnes vaccinées à La Réunion -

La vaccination est recommandée par les autorités sanitaires mondiales pour éviter la propagation du virus. A La Réunion, il est possible de se faire vacciner depuis le 16 juillet dernier, dans trois centres différents. Pour renforcer son dispositif de surveillance, l’Agence régionale de santé (ARS) a ausi mis en place un dispositif d’écoute pour répondre aux questions suscitées par la maladie. Le public peut ainsi s'informer sur les symptômes, les traitements et les conduites, les gestes à adopter.

A ce jour, 15 personnes se sont faites vaccinées sur l’île, indique l’ARS interrogée par Imaz Press. "Une communication nationale est en cours depuis le lundi 11 juillet soit deux jours seulement après l’élargissement de la vaccination proposé par la HAS (Haute autorité de santé - ndlr) le vendredi 8 juillet", poursuit l’ARS.  L'agence régionale de santé dit ensuite "confirmer que l’ensemble des personnes concernées par les indications de la Haute autorité de santé pourront être vaccinées dans les semaines à venir si elles le souhaitent".

L'ARS ne donne aucune indication sur les quantités de vaccins disponibles dans l'île. "Les vaccins contre la variole du singe font partie du stock stratégique et, pour la sécurité de tous, les informations liées à ce stock sont classifiées" indique-t-elle sobrement.

- Inquiétude grandissante de l'OMS -

Cette maladie infectieuse et contagieuse découverte en 1958 au Danemark chez des macaques crabiers, se transmet aux hommes dès 1970. Elle se propage rapidement au centre de l'Afrique.

En juin, l'OMS appelait déjà les pays à faire preuve de vigilance et de transparence face à une contamination croissante de cette maladie infectieuse. Le 23 juin 2022, l'organisation mondiale de la santé a écarté l'augmentation du niveau d'alerte. La majorité des experts avait alors recommandé à Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, de ne pas prononcer l'urgence de santé publique de portée internationale. Si cette maladie est moins mortelle que le covid-19, l'organisation n'exclut donc pas de considérer le monkeypox, ou variole du singe, d'urgence de santé publique internationale à l'issue d'une réunion planifiée ce 21 juillet, à Genève.

L'Institut pasteur réaffirme sur son site que cette maladie est "devenue un problème de santé majeur dans d'autres pays africains comme au Nigeria et la République Centrafricaine". Les cas de transmissions chez l'Homme et chez les animaux importés dans des pays occidentaux représentent donc un risque croissant pour la sécurité sanitaire.

Ce jeudi, le directeur général de l'OMS s'est dit "inquiet" jeudi de l'augmentation du nombre de cas de variole du singe lors de l'ouverture de la réunion du Comité d'urgence, demandant conseil aux experts avant de trancher sur l'accession au plus haut niveau d'alerte de l'organisation.

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"J'ai besoin de vos conseils pour évaluer les implications de santé publique immédiates et à long terme de l'évolution de cet évènement", a déclaré le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui "reste inquiet" de la diffusion de la maladie. C'est à lui qu'incombe la responsabilité d'éventuellement déclarer l'urgence de santé publique de portée internationale, le plus haut degré d'alerte de l'agence de santé, sur la base des recommandations du Comité.

Le Dr. Tedros avait appelé les experts à "(lui) fournir les informations et les conseils pour informer sa décision", ayant "parfaitement conscience" que celle-ci "implique de considérer beaucoup de facteurs, avec comme objectif ultime de protéger la santé publique".

La réunion du comité d'urgence a duré moins de six heures. Mais les éventuelles conclusions des experts n'ont pas été rendues publiques.

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- Les symptômes et la transmission du virus -

Les symptômes de la variole du singe se traduisent par une éruption en forme de vésicule au niveau du visage, dans la zone ano-génitale (relatif à l'anus et aux organes génitaux) ; les paumes des mains et plantes de pieds. S'en suit le dessèchement, la formation de croûte puis la cicatrisation. Les muqueuses sont aussi concernées.

Des démangeaisons peuvent survenir. Les muqueuses sont également concernées, dans la bouche et la région génitale. Cette éruption peut s’accompagner de fièvre, de maux de tête, des courbatures et d’asthénie. Les ganglions lymphatiques peuvent être enflés et douloureux, sous la mâchoire, au niveau du cou ou au pli de l’aine. Des maux de gorge sont également signalés.

Les canaux de transmission de la maladie sont divers. Le virus peut se transmettre par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’un malade et par les gouttelettes, rappelle Santé Publique France. A cela s’ajoute la multiplication des cas chez les personnes ayants des rapports sexuels avec ou sans pénétration, et celles aillant plusieurs partenaires. Il est à noter que cette maladie infectieuse n’est "pas connue comme IST (infection sexuellement transmissible) mais le contact direct avec une peau lésée durant un rapport sexuel facilité la transmission" souligne Santé Publique France

- Un travail d'information pour éviter la stigmatisation - 

Dans la plupart des cas, les malades sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, relativement jeunes, et vivant essentiellement en ville, selon l'OMS. Une étude publiée jeudi dans la revue scientifique New England Journal of Medicine, la plus large réalisée sur le sujet et basée sur des données de 16 pays différents, confirme que la vaste majorité -- 95% -- des cas récents ont été transmis lors d'un contact sexuel et que 98% des personnes touchées étaient des hommes gays ou bisexuels.

"Ce mode de transmission représente à la fois une opportunité pour mettre en place des interventions de santé publique ciblées, et un défi, car dans certains pays, les communautés affectées sont face à des discriminations qui menacent leur vie", a relevé le Dr. Tedros.

"Il y a une réelle inquiétude que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes puissent être stigmatisés ou blâmés pour la flambée de cas, la rendant beaucoup plus difficile à tracer et à stopper", a-t-il averti.

Il faut donc "travailler étroitement avec les communautés affectées dans toutes les régions" pour adopter "les approches les plus efficaces", a poursuivi le directeur général, déplorant en outre le manque d'informations en provenance des régions d'Afrique centrale et de l'ouest, où le virus est endémique.

L’OMS souligne aussi  "la communauté actuellement infectée est l’une des plus engagées, puissantes et responsables que nous ayons, elle qui a travaillé tellement dur pendant des années pour maîtriser un virus encore plus mortel", le VIH en l'occurence.

L'exclusion et le harcèlement liés à ce virus continuent de sévir de nos jours. Ainsi selon  l'Unaids, environ 10% des personnes vivant actuellement avec le VIH déclarent une stigmatisation internalisée ou avoir été victimes de stigmatisation et de discrimination.

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