Claude Hoarau devant le tribunal correctionnel

Au fil du procès

  • Publié le 8 novembre 2012 à 21:31

L'emploi était le véritable fil d'Ariane des débats qui se sont déroulés, ce jeudi 8 novembre 2012, à la Cour d'Appel de Saint-Denis. En leur centre : des faits jugés en première instance survenus en 2008, avant l'élection qui vit Claude Hoarau (PCR) l'emporter sur le maire en exercice, Cyrille Hamilcaro (Nouveau Centre).

Les affaires jugées ce jeudi matin portaient sur l’embauche de cinq employés communaux en 2008, dont celui, très médiatisé à l’époque, de Sabrina Etang-Sale. Transfuge communiste passée dans le camp de Cyrille Hamilcaro, cette dernière s’était fait connaître en piégeant Joseph Coupaye, aide de camp de Claude Hoarau. Répondant à un appel de Sabrina Etang-Sale, ce dernier avait évoqué pour elle la possibilité d’un travail à la coordination des associations, préférant ouvertement qu’elle "cesse de soutenir Hamilcaro". "Cela aurait causé des problèmes avec les employés communaux, dont beaucoup sont communistes", justifie Joseph Coupaye.

Accusé par ailleurs d’avoir favorisé l’emploi de ses frères, il rappelle  avoir signé son contrat après eux". Claude Hoarau a de son côté jugé que "sur le plan politique, cette embauche aurait ramené plus d’inconvénients que d’avantages". Pour la défense, il s’agissait "d’aider une femme en difficulté, qui venait de perdre son emploi". Le Procureur de la République s’est tout au long de la journée interrogé sur les conditions d’accès à l’emploi à Saint-Louis, fustigeant en particulier les "emplois précaires, qui font peser une menace sur les électeurs".

Un point de vue contredit par Claude Hoarau, qui a rappelé le nombre exceptionnel de titularisations auxquelles il a procédé "pour que justement, les travailleurs n’aient plus peur des lendemains d’élections". "Titularisations ? N’est-ce pas un autre moyen de fidéliser votre électorat" a rétorqué le Procureur. "Et comment faut-il faire alors, face au manque d’emplois ? ", se demande la partie adverse. " L’emploi, le social, c’est la tarte à la crème". Pointant des  hauts cadres administratifs saint-Louisiens, le ministère public et la Présidente du tribunal ont souligné les embauches massives de "petits contrats".

Une réponse à la misère immédiate selon le maire de Saint-Louis, qui dit "recevoir tous les jours des textos où l’on sent les larmes et les pleurs. Ce qu’ont du mal à comprendre des responsables à plusieurs milliers d’euros par mois. Pour moi, être un responsable, c’est ressentir la souffrance du peuple réunionnais" a déclaré Claude Hoarau auquel il a été en outre reproché d’avoir, sur la base d’un protocole pré-électoral, réintégré un agent communal.  "Il n’était qu’un titulaire de catégorie C ", dénonce le procureur, "et vous en avez fait un directeur de service". "Il a fait ses preuves, pendant sa disponibilité il a exercé des fonctions à la Chambre des métiers. C’est un fonceur, et un agent efficace. J’ai récompensé son mérite" rétorque le maire de Saint-Louis, qui note que l’intéressé a, depuis lors, accédé au grade d’attaché territorial (catégorie A).

Magistrats du siège et du parquet ont laissé échapper des piques à l'encontre  des procès en appel imminents de Cyrille Hamilcaro, guère rassurantes pour ce dernier.  Une attitude qui, craint-on du côté de la défense, "laisse croire à une stratégie : on veut créer l’impression d’un parallèle entre les affaires de M. Hamilcaro, qui portent sur des faits bien plus graves, et celles d’aujourd’hui…c’est à dire quatre embauches et une réintégration. Prépare-t-on un déséquilibre des plateaux de la balance ? ". Le parquet a requis 5 ans d’inéligibilité et 4 mois de prison ferme à l’encontre du maire de Saint-Louis. Délibéré le 13 décembre…

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