Politiques, syndicats, associations, citoyens...

Ils attendent tous François Hollande de pied ferme

  • Publié le 24 juillet 2014 à 05:15

François Hollande est attendu ce vendredi 25 juillet 2014 à La Réunion. Le temps d'une visite express d'une journée et demi, le président de la République se rendra à Saint-Joseph pour parler régionalisation de l'emploi, à Saint-André pour parler de la filière canne, au Port pour aborder la question des grands chantiers, à Saint-Denis pour rencontrer les élus locaux et à la Plaine-des-Palmistes pour inaugurer la maison du Parc national. Mais à côté du programme officiel, toute La Réunion souhaite attirer l'attention du chef de l'Etat. Politiques, syndicats, associations, particuliers... Tous l'attendent de peid ferme. Tous veulent interpeller d'une manière ou d'une autre l'ex candidat socialiste à la présidence de la République et lui rappeler qu'il avait recueilli plus de 70 % des votes réunionnais en mai 2012...

  • Quatre manifestations prévues

A côté des traditionnels accueils républicains, honneurs militaires et autres bains de foule, d’autres comités attendent François Hollande tout au long de sa visite éclair à La Réunion.

Dès son arrivée à Pierrefonds, le président de la République devrait être interpelé de bon matin par les usagers de la mer, deux jours après l’attaque de requin dont a été victime un surfeur sur le spot de Saint-Leu. "Tenez-vous prêts à sortir vos tenues de plongée, vos canards, vos masques, vos vaches, vos cannes à pêche, vos surfs, vos cabris, vos bodyboards, vos poules, vos palmes", annonce le collectif Rend a nou la mer. Un autre rassemblement de ce type est prévu le lendemain, lors de l’inauguration de la Maison du Parc national à la Plaine-des-Palmistes.

A Saint-Benoît, où le chef de l’Etat est attendu aux alentours de midi pour un apéritif et un déjeuner républicain, deux manifestations sont annoncées à partir de 9 heures devant la sous-préfecture. Samuel Mouen, du Collectif 974,  est à l’origine de l’une d'entre elles. "Ne pas organiser un large rassemblement avec les organisations associatives, syndicales et politiques, qui s’opposent à la politique du gouvernement, est à la fois une faute morale, économique et politique", a-t-il écrit dans une tribune libre. L’autre mobilisation est organisée par la section Est du SDU CLIAS "pour protester contre la politique de non intervention du gouvernement, concernant le devenir professionnel des 25 000 employés communaux non titulaires de l’île."

François Hollande ne se rendra à Saint-Denis qu’en fin d’après-midi pour un dépôt de gerbe au monument aux morts avant de rencontrer les élus réunionnais à la mairie du chef-lieu. Mais l’intersyndicale sera mobilisée à partir de 9h30 devant la préfecture de La Réunion. "La mobilisation ne sera pas très forte, on ne sera pas très nombreux, mais elle sera ce qu'elle sera […] François Hollande ne doit pas venir et repartir comme une lettre à la poste", a annoncé Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, lors d’une conférence de presse organisée mercredi.

  • Des politiques plus ou moins déterminés

Même si le programme officiel prévoit vendredi à 17 heures une "rencontre avec les élus de La Réunion" à l’ancien hôtel de ville de Saint-Denis, plusieurs personnalités politiques de l’île ont choisi d’interpeller François Hollande.

Nassimah Dindar, par exemple, compte bien faire réagir le président sur l’avenir de la canne à La Réunion. "Monsieur le président, tous les acteurs de la filière, qui forment une véritable union sacrée dépassant les traditionnels clivages sociaux comme politiques, attendent de votre part un geste fort", a écrit la présidente du conseil général dans une tribune libre.

Pour Eric Fruteau, la venue de François Hollande est l’occasion d’attaquer son rival politique de Saint-André. "Nous demandons au président de la République de créer les conditions afin de supprimer + l’amendement archaïque de Virapoullé + qui prive La Réunion de toutes possibilités d’adaptation. Il s’agit là, d’un amendement bloquant le développement économique et coopératif dans notre environnement géographique", souligne le conseiller général.

Du côté du Parti radical de Gauche, Rémy Massain demande au chef de l’Etat "une réforme territoriale qui verrait une seule assemblée, élue à un scrutin mixte" et "une coopération régionale active dans les pays de la zone où serait facilitée, dans le cadre de la COI, la libre circulation des biens et des personnes."

D’autres, comme Thierry Robert, n’attendent pas particulièrement la visite du président de la République. "Je ne vais pas perdre mon temps à aller parler avec lui, je ne vais le recevoir nulle part. Il peut venir et repartir parce qu'il n'y a rien de concret pour La Réunion, aucune mesure. On est toujours dans la même panade, on a énormément de difficultés et c'est toujours les mêmes paroles… Je ne crois plus au père noël", a commenté le député-maire de Saint-Leu sur les ondes de Radio Freedom.

Le Front de Gauche 974, par la voix de Jean-Paul Panechou attend surtout une mobilisation de la population et des Réunionnais : "les gens sont démotivés, désabusés, dans la déshérence totale. François Hollande a tourné le dos aux Réunionnais, qui l'ont élu à plus de 70 %. C'est un crime de lèse majesté, de l'escroquerie intellectuelle, ce qu'il fait à cette population."

  • Des associations dans l’expectative

En marge des manifestations, plusieurs associations ont pris la plume pour interpeller François Hollande sur différents sujets qui ont un rapport plus ou moins direct avec sa visite ministérielle.

Par exemple, Nou Lé Kapab (AJFER) a décidé d’être dans le thème en parlant au président de la régionalisation de l’emploi. "Le chef de l'Etat devra prendre des mesures fortes et courageuses pour permettre aux réunionnais(e)s d'accéder aux emplois disponibles dans leur territoire", assure Gilles Leperlier, président de la structure. "La balle est dans le camp du Président de La République", ajoute-t-il.

Pour l’ATR-Fnaut, le projet de la Nouvelle route du littoral - ou plutôt son annulation - ne doit pas être oubliée par le chef de l’Etat. "Nous vous demandons instamment de veiller à l’intérêt supérieur de La Réunion, en vous gardant de céder aux lobbies. Tant que le chantier n’a pas commencé – les travaux en cours ne sont pas ceux de la route en mer – il est de la responsabilité de l’Etat de réorienter le projet vers une solution terrestre sécurisée", écrit l’association dans une lettre ouverte.

Même les indépendantistes réunionnais ont décidé de s’adresser à François Hollande. "Après s'être rendu au Niger et au Tchad ... le Président des français arrive à La Réunion en fin de semaine pour clôturer sa grande tournée des colonies africaines. Il arrive ici à La Réunion, sur une terre sous occupation française", soutient Bernard Grondin, porte-parole du LPLP. "Nous n'attendons rien de cette visite, si ce n'est un sursaut national des réunionnais, pour vous dire toute notre détresse", déclare-t-il directement au chef de l'Etat

Jean-Hugues Ratenon a décidé pour sa part de reprendre une lettre des acteurs économiques qui demandent au président 814 millions d’euros de crédits supplémentaires pour les départements ultramarins. "Rezitans’/ARCP demande l’utilisation de cette somme afin de financer directement l’emploi sur la base de projets relevant de l’économie alternative et d’un renforcement du service public", souligne l’ancien candidat aux municipales de Bras-Panon.

  • Des citoyens mobilisés

Enfin, bon nombre de Réunionnais ont décidé d’écrire à François Hollande avant sa venue dans l’île. "M. Hollande, qu'allez vous dire à ces 70 % de Réunionnais qui vous ont fait confiance en 2012 ?", s’interroge V. Apaya.  "Vendredi prochain, vous arrivez sur un territoire où le chômage explose. Allez-vous nous demander un délai supplémentaire pour que la courbe s'inverse ? Nous ne pouvons plus attendre et avec tout le respect que je vous dois, je vous conseillerai de relire avant votre arrivée, l'ensemble des promesses que vous nous avez faîtes", prévient cette citoyenne.

"M. le Président, vous êtes un vrai partisan de la réforme, un chemin qui demande beaucoup de courage. Mais à persister dans un rôle de tacticien de la politique, fût-il très habile, vous ne resterez pas dans l'Histoire", assure Aimé Lebon. Pour cet habitant de Bois-de-Nèfles Saint-Paul, François Hollande doit "construire un équilibre entre une démocratie représentative qui tend vers ses limites et une démocratie d'opinion dont les bases demeurent insaisissables."

Reynolds Michel, pour sa part, n’oublie pas que François Hollande est surtout attendu samedi aux Comores, pour le sommet de la commission de l’océan Indien. "C’est sur cette base d’une génération d’expérience et d’actions diverses que vous allez pouvoir vous appuyer  en vue de faire franchir une nouvelle étape à l’organisation que vous présidez aujourd’hui", anoonce-t-il. "Je me permets humblement de vous inviter à prendre les mesures concrètes qui s’imposent pour favoriser la libre circulation des personnes par le biais d’une citoyenneté indianocéanique", écrit ce Réunionnais très impliqué dans le futur de la COI.

  • Et les autres...

Il ne fait aucun doute que d’autres courriers et d’autres surprises attendront François Hollande lors de sa visite d’une journée et demie à La Réunion. Au cours de ce passage express sur notre île, l'ancien candidat socialiste n’aura certainement pas le temps de satisfaire tout le monde. C'est le cas notamment de l'IRT, qui s'est dite "mise à l'écart", d'après son président Patrick Serveaux. En effet, le tourisme ne fait vraisemblement pas partie des thèmes qui seront abordés en priorité par le président de la République lors de sa visite. L'île de La Réunion Tourisme a donc choisi d'interpeller par voie de presse le chef de l'Etat ce vendredi. Par ailleurs, aucun rendez-vous officiel n'est prévu avec les chefs d'entreprise réunionnais. Les autres déçus, eux, pourront toujours se rattraper sur le site de l’Elysée.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
vane
vane
9 ans

Faire passer " les usagers de la mer"dans votre article,avant les syndicats de travailleurs, avant les mouvements qui défendent une île gangrenée par le chômage c est incroyable !

fred
fred
9 ans

IPR a la mémoire courte pour un média : "Par exemple, Nou Lé Kapab (AJFER) a décidé d’être dans le thème en parlant au président de la régionalisation de l’emploi". Nou Lé Kapab (AJFER) n'a pas "décidé d'être dans le thème", on milite depuis 2009 sur la préférence régionale et surtout la Priorité à l'embauche des réunionnais. http://www.noulekapab.com/2014/03/bilan-de-nos-batailles.html
En espérant d'être publié
Fred Mourate

Membre d\'eveil 974
Membre d\'eveil 974
9 ans

Bjr Mobilisation collectif eveilcitoyen974 avec plusieurs associations vendredi a partir de 10H00 devant la préfecture de St Denis le Mécontentement de la politique de l 'inertie des autorités, élus... Alerte des graves dysfonctionnements....