Maltraitance animale à La Réunion (actualisé)

Non, nous ne sommes pas (tous) des barbares

  • Publié le 13 décembre 2017 à 14:29
  • Actualisé le 13 décembre 2017 à 14:39

Depuis ce début de semaine, deux pétitions concernant les animaux à La Réunion ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. L'une réclame l'arrêt des sacrifices d'animaux lors des cérémonies tamoules, l'autre s'insurge contre la " tradition locale " que serait l'utilisation de chiens-appâts pour la pêche aux requins. Outre leur volonté première de défendre la cause animale, ces deux initiatives ont en commun une flopée de commentaires haineux envers les habitants de l'île, certains les qualifiant de "barbares".

La maltraitance animale à La Réunion. Le sujet provoque toujours des débats sans fin. Sur une île où les chiens errants sont légion, l’abandon est une problématique récurrente. Et les associations récupèrent régulièrement des animaux ayant subi de mauvais traitements, torturés, blessés et craintifs. Oui, la maltraitance animale à La Réunion est une réalité indéniable. Oui, certains individus sur l’île n’hésitent pas à faire du mal à des êtres sans défense face à eux. Oui, les chiens et chats écrasés représentent un spectacle malheureusement omniprésent sur nos routes. C’est un fait.

En l’espace de quelques jours, deux pétitions concernant les animaux sur notre département sont apparues sur le Net. La première réclame la suppression des sacrifices d’animaux lors des cérémonies religieuses tamoules.

La seconde s’insurge contre les "chiens appâts" qui seraient utilisés lors de la pêche aux requins. Cette dernière, qui avait recueilli plusieurs milliers de signatures, n’existe plus. Publiée initialement sur le site de la fondation 30 millions d’amis, elle a été supprimée. Son propos était le suivant : "L’île de La Réunion compte près de 150 000 chiens errants livrés à eux-mêmes, victimes d’actes de maltraitance réguliers et particulièrement cruels. En outre, une odieuse tradition locale consiste à les utiliser comme appâts vivants pour la pêche aux requins, en leur enfonçant un énorme crochet dans les babines avant de les jeter à la mer !".

Des allégations rapides et clairement versées dans la généralité… Soit : des cas de ce type ont déjà été observés sur le département. Pour autant, ces actes ne font pas partie d’une quelconque tradition locale et sont sévèrement réprimés. Et d’ailleurs, sur une île où la commercialisation des squales est interdite, difficile de penser que la pratique est quotidienne. Car, sans connaître l’île et à en lire ces quelques lignes, on pourrait presque croire que les Réunionnais ont pour habitude de recueillir des animaux domestiques pour les destiner aux hameçons. Or, nul besoin de parcourir le département de fond en comble pour découvrir des chiens et chats heureux, soignés, choyés et en pleine forme. Car, non, nous ne sommes pas (tous) des barbares. Et des barbares, d’ailleurs, il en existe aux quatre coins du monde.

- À croire que tous les Réunionnais sont des tortionnaires d'animaux -

Même constat pour la pétition concernant les sacrifices d’animaux lors des cérémonies tamoules. Certes, cela existe. Certes, les animaux sont tués pendant ces rituels traditionnels. Mais tués, comme le sont le poulet destiné au barbecue ou le canard qui va servir au foie gras. Car, quitte à aller vers cette voie de la maltraitance animale, on peut aller jusqu’au bout. Et s’indigner tout autant contre les élevages en batterie de poules coincées dans ces cages jonchées de cadavres de leurs congénères. Contre les cochons abattus sans avoir été préalablement étourdis. Contre le gavage des oies. Et ainsi de suite…

Ce qui ressort au final de ces deux buzzs, c’est le sentiment que les Réunionnais sont tous des tortionnaires d’animaux depuis l’enfance. Que la maltraitance animale est une "tradition", une coutume transmise de génération en génération. Que le département est encore coincé dans une civilisation arriérée, dépassée, périmée. Que venir visiter cette île revient à cautionner des actes barbares.

C’est oublier que l’île de La Réunion regorge d’associations prêtes à se battre bec et ongles pour la cause animale. Que la radio locale Freedom est régulièrement jointe par des personnes ayant retrouvé un animal et cherchant son propriétaire. Que des Royal Bourbon sont souvent sauvés des dangers de la rue.

Alors, oui, bien sûr, la problématique de la maltraitance animale est un fait. Oui, il faut continuer à se battre pour que les animaux ne se retrouvent plus abandonnés avant de finir ensuite écrasés sur un bord de route. Oui, les campagnes de stérilisation sont sans doute plus importantes à promouvoir que l’idée d’une louveterie. Évitons cependant de tout jeter pêle-mêle dans le même panier. La Réunion n’est peut-être pas un exemple en matière de protection animale. Mais, il ne s’agit pas non plus de l’enfer pour chiens, chats, cabris et autres êtres à quatre pattes, tel que dépeint par certains.

mp/www.ipreunion.com

guest
9 Commentaires
mumu
mumu
5 ans

et mon commentaire du 20 juillet pas affiché, et pourquoi ? il y a beaucoup de croyants sur votre île alors je leur parle : je leur rappelle que dans le coran il est dit qu'une prostituée avait gagné son paradis en abreuvant un chien nécessiteux dans son soulier ! non les chiens ne sont pas sales et inutiles, Dieu a choisi de les créer, s'il l'avait voulu il ne les aurait pas faits, car Lui seul a toute la sagesse.

mumu
mumu
5 ans

tant mieux si il y a des réunionnais sympas qui aiment les animaux mais il n'y en a pas assez, sinon cette île aurait meilleure réputation, et on verrait moins d'animaux martyrs, les tortionnaires d'animaux sont la lie et les déchets de l'humanité, c'est notre honneur à nous amis des animaux de les défendre, ils ont droit aux soins et aux médicaments , autant que les humains.

Chris
Chris
6 ans

La maltraitance des chiens et chats est omniprésente sur l ile de la reunion. Il convient d'en parler pour que ca cesse. Vous en deplaise.

La Pie
La Pie
6 ans

Votre écrit fait sens, mais des "certes" + "certes" + "certes".... = déjà trop et ce n'est pas parce qu'on expose le problème à la Réunion qu'on dit que tous les Réunionnais sont des sauvages. Il faut arrêter avec le sentiment de persécution, la critique fait avancer aussi.

gigib
gigib
6 ans

interdire toutes barbaries, crimes, souffrances etc sur les animaux de toutes espèces, sauvages, domestiques, le droit des animaux doit être voté et les crimes ou autres doivent être sévèrement punis

Rosaire
Rosaire
6 ans

Ceux là mêmes qui sont à l'origine de ces pétitions viennent bien "admirer" par curiosité la marche sur le feu lors des cérémonies tamoules, ou encore profiter des festins lors des cérémonies "services". Je suggère aux associations tamoules de les interdire à venir assister à ces cérémonies

Joëlle Roinsolle
Joëlle Roinsolle
6 ans

Ok c'est vrai , mais les chiffres et les constats sont là. Heureusement qu'il y a des association qui réagissent , mais la maltraitance existe, les sacrifices d'animaux sont réels alors qu'ils ont d'autres méthodes pour honorer leur dieu, " avec des fruits et noix de cocos , c'est écris dans leurs écritures saintes .

Aterla
Aterla
6 ans

A l'auteur de l'article, vous êtes bien sûr très conscient que personne n'a jamais dit que tous les réunionnais étaient des barbares. Nous ne le sommes certainement pas tous et personne n'en doute.

Maintenant, que faisons-nous pour changer ces habitudes qui mettent une honte quasi-mondiale sur nous? Dire que c'est rare et en conséquence ne rien faire n'est certainement pas une solution.

Eduquons les enfants déjà.
Merci aussi à ceux qui dénoncent ces horreurs; en réaction ils se retrouvent eux-même montrés du doigt (quelle ironie). Courage à eux, heureux les hommes et femmes de bonne volonté.

ALP
ALP
6 ans

Très bon article