Démantèlement d'un trafic de drogue

Cinq individus écroués dont le cerveau présumé et son épouse

  • Publié le 20 avril 2018 à 16:44
  • Actualisé le 20 avril 2018 à 18:26

En garde à vue depuis ce lundi 16 avril, les huit personnes interpellées lors du coup de filet de la Sûreté départementale, ont été déférées ce vendredi 20 avril au tribunal Champ-Fleuri de Saint-Denis après 96 heures d'auditions. Cinq individus dont le cerveau présumé, Wilson Titus, et son épouse ont été placés en détention provisoire. Les mis en cause ont été arrêtés dans le cadre d'un vaste trafic de drogue ayant des ramifications dans plusieurs communes de l'île

Tous ont été mis en examen. Cinq ont été placés en détention provisoire pour "détention, offre, cession, acquissition et emploi illicites de stupéfiants" en bande organisée. Wilson Titus, le cerveau présumé du réseau, ainsi que son épouse en font partie. L'homme âgé de 41 ans a été arrêté au Chaudron ce lundi. Il  est soupçonné d’avoir organisé le trafic et d’avoir mené une vide luxe grâce à cette activité illicite. Reparti en direction de la prison de Domenjod, il attend désormais ses prochaines auditions devant le magistrat instructeurs.

Christophe Gourlaouen, substitut du procureur chargé de l’affaire, a souligné que Wilson Titus aurait eu l’habitude de vendre de la drogue à 130 clients réguliers. Il aurait aussi de nombreux revendeurs intermédiaires. Ce trafic aurait duré du 27 juillet 2016 au 16 avril 2018

Le parquet a requis la mise en détention car "il était impensable" de laisser libre Wilson Titus en raison  des  "risques évidents de pression sur les autres mis en examen. 

Défendu par Maître Nicolas Normand, qui affirme ne pas avoir eu accès au dossier mais avoir seulement pu consulter "un procès verbal de synthèse", Wilson Titus a souhaité garder le silence lors de sa première comparution, ce vendredi matin devant le juge d’instruction. Son client aurait déclaré devant la juge des libertés et de la détention (JDF): "vous verrez à la prochaine audience que je ne suis pas fautif"

Entendue un peu plus tard  dans l'après-midi la compagne de l'un des mis en cause interpellé à Saint-André a éclaté en sanglots devant la JLD. son placement en détention provisoire a été requis par le parquet. Elle est soupconnée d’avoir réceptionné des colis remplis de drogues et d’avoir envoyé de l’argent en Métropole pour payer les fournisseurs. Elle a expliqué avoir été sous l’emprise de son compagnon avec qui elle a un enfant de 6 ans. Elle a toutefois déclaré que son "mari n’avait même pas de voiture et qu’il devait de l’argent à tout le monde"

Selon le substitut du procureur elle et son compagnon se seraient rendus en Métropole, notamment à Nantes, "vraisemblablement" pour rencontrer les fournisseurs. "Vous auriez dû prendre vos distances avec votre compagnon. On est sur une dizaine de milliers d’euros générés par ce trafic grâce à votre couple et vous connaissez très bien le principal mis en cause Wilson Titus" a souligné le substitut du procureur. "J’avais trop peu que mon mari me tue" a déclaré la mise en cause

"Ma cliente vit des allocations de la Caf. Je n’ai pas vu d’or ni de belle voiture dans sa maison. Elle a un casier judiciaire vierge. Je demande sa remise en liberté" a plaidé son son avocat. En vain

La juge de libertés et de la détention a prononcé sa mise en détention provisoire en commentant "vous aviez une participation active dans ce trafic".

L'épouse de Wilson Titus, a été présentée devant la JLD un peu plus tard. La juge d’instruction et le parquet avaient demandé son placement en détention provisoire. En larmes - au même titre que ses proches qui assistent à l'audience, la jeune femme qu’elle a cinq enfants âgés de six à 20 ans et qu’elle veut rester dehors pour s’en occuper. "C’est la première fois qu’on est séparées aussi longtemps" dit-elle. Trois des ses enfants ont Wilson Titus pour père.

Le substitut du procureur n'est pas sensible à ses déclarations. Pour lui l'épouse de Wilson Titus "ne s’est pas contentée d’avoir un rôle passif et de fermer les yeux". Il ajoute "il y a eu une longue période d’écoutes téléphoniques. Il en ressort que madame Titus vendait aussi des stupéfiants lorsque son mari n’était pas là". Il demande le placement en détention pour éviter un risque de concertation avec les autres mis en examen ou les futures personnes interpellées car "on sait qu’il y aura d’autres personnes interpellées dans cette affaire"

Selon son avocat, la jeune femme "a tenté de fuir le domicile familial à plusieurs reprises". Il souligne ensuite : "nous n'avons pas pu nvoir accès entièrement au dossier. On reproche simplement à Madame Titus -d’avoir récupéré des sommes de 50 à 100 euros et d’avoir donné un pochon( à des clients - ndlr) à trois reprises". Il plaide ensuite : "pour mettre en détention une femme qui a des enfants mineurs il faut qu’une enquête soit diligentée en amont pour savoir si ses enfants vont pouvoir être placés auprès d’un tiers. Cette enquête n’a pas été faite donc vous ne pouvez pas mettre Madame en détention". Il demande le placement sous contrôle judiciaire de sa cliente.

Il déclare aussi que la jeune femme a donné des informations supplémentaires devant le juge d’instruction "je pense qu’il y a des risques de pression et de représailles sur Madame en prison"

Prenant la parole en dernier sa cliente lâche : "je ne veux pas aller en prison"

Pour rappel, ce sont cinq hommes et trois femmes qui ont été arrêtés lundi dans cinq communes de l'île. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à un trafic de cocaïne, ecstasy, MDMA et résine de cannabis.

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Ce vendredi, leur déferrement marque la fin de leur garde à vue. Ces huits personnes devraient être présentés au Procureur ainsi qu'au juge d'instruction qui pilote l'enquête sur laquelle la Sûreté départementale travaille depuis plus d'un an et demi.

À l'issue de ces deux entretiens, les trafiquants présumés devraient rencontrer le juge des libertés et de la détention qui décidera de leur avenir judiciaire. Ils pourraient être placés sous contrôle judiciaire ou placés en détention provisoire jusqu'à leur procès. 

En parallèle, le parquet de Saint-Pierre devrait, lui aussi, recevoir prochainement une dizaine de personnes soupçonnée d'avoir participé à un trafic de drogues. Les interpellations ont été réalisées par les gendarmes, au lendemain de celles effectuées par la Sûreté départementale. 14 personnes avaient alors été interpellées puis placées en garde à vue. 

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Ces deux opérations presque identiques posent question puisqu'en deux jours, deux trafics de stupéfiants ont été démantelés dans l'île. 

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