Pour l'ARS OI, le catastrophisme n'est pas de mise (actualisé)

Dengue : " Non, on se sait pas à quoi s'attendre l'été prochain ! "

  • Publié le 1 septembre 2018 à 11:51
  • Actualisé le 2 septembre 2018 à 15:20

Si l'hiver austral a été marqué par l'alerte de niveau 4 déclenchée par le préfet le 10 juillet 2018, rien ne permet de supposer que l'épidémie de dengue sera pire l'été prochain. C'est le discours que tient l'ARS OI, refusant le catastrophisme prophétique. Toutefois, l'ARS OI est péremptoire : sans la collaboration de la population dès maintenant, il ne sera pas possible d'enrayer aussi efficacement la progression de la dengue. Et dans ce cas, le pire reste possible.

Une évaluation de principe car les chiffres de l’épidémie de dengue sont loin d’être une science exacte : " Nous n’avons pas reçu beaucoup de patients atteints de la dengue, mais nous ne voyons que les cas sévères, explique le Dr Rodolphe Manaquin, médecin au CHU-Sud. Les symptômes de la dengue classique ressemblent à ceux de la grippe, fièvre, asthénie, douleurs musculaires d’où un certain nombre de cas non diagnostiqués comme étant la dengue, si l’inconfort pour le patient est modéré. " En effet, la dengue n’est pas en soi une maladie " sévère ", sauf dans les cas de complications rares, comme la dengue hémorragique.  Quant à la sévérité des symptômes, qui peuvent être très invalidants voire nécessiter une hospitalisation, " tout dépend du terrain présenté par le patient ", souligne le Dr Manaquin. " Dans les formes graves, le patient peut présenter un état de choc, des syndromes hémorragiques, un œdème pulmonaire… ".  Les formes graves sont rares.  Et, en effet, seuls trois décès (sur près de 7000 cas recensés) ont été enregistrés en 2018, dont deux attribués sans nul doute à la dengue.

Pas de boule de cristal mais des présomptions

138 hospitalisations et deux décès, c’est peu à l’échelle de la population mais c’est tout de même beaucoup trop. D’où la volonté, à l’ARS OI, de maintenir les actions de prévention malgré le constat de la régression de l’épidémie. " On n’a aucune idée de ce qui nous attend l’été prochain. Néanmoins, il est permis de penser que le maintien d'une circulation du virus pendant l'hiver présente le risque d'une forte épidémie au cours de l'été prochain, avec beaucoup plus de cas déclarés ", explique Olivier Reilhes, directeur adjoint de la veille et sécurité sanitaire à l’ARS.  " Plus on a de cas de dengue déclarés, plus on risque de voir apparaître des cas sévères, c’est juste statistique ", alerte le Dr Manaquin.

Des actions individuelles indispensables

Contrats aidés, militaires et pompiers poursuivent donc les opérations de démoustication et de destruction des gîtes larvaires tandis que des jeunes en service civique assurent des missions d’information auprès du grand public. " Il faut que la population s’implique autour du problème des déchets, des eaux stagnantes, des pots de fleurs, souligne Olivier Reilhes. Le but est d’éradiquer le virus d’ici la fin de l’hiver.

 

" Il faut à tout prix éviter que l’épidémie ne devienne endémique, c’est-à-dire que le virus circule en permanence sur le territoire, précise Olivier Reilhes. Le dispositif d’éradication est en place, il est monté en puissance depuis l’alerte de niveau 4 déclenchée par la préfecture en juillet 2018 et restera en place tant que nous n’aurons pas deux mois sans cas déclarés. " Mais dans deux mois, c'est déjà l'été...

Des craintes infondées

Et si le virus " évoluait " ? Autrement dit "mutait". Cette crainte un peu apocalyptique réapparait régulièrement sur les réseaux sociaux. Ce qui fait sourire Olivier Reilhes : " Le virus de la dengue à La Réunion, de sérotype 2, on le connaît bien et il n’y a aucun risque sur ce point. " En revanche, le vecteur du virus, c'est-à-dire le moustique, pourrait développer une résistance aux insecticides. "Le meilleur moyen d'éviter ce scénario, c'est de ne pas avoir à en utiliser", conclut Olivier Reilhes. Et pour cela éradiquer les gîtes larvaires que sont les dépôts sauvages, les eaux stagnantes et les poubelles mal entretenues.

ml/www.ipreunion.com

 

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