Sécurité

Policiers municipaux - Et si ils étaient tous armés...

  • Publié le 14 septembre 2018 à 02:59
  • Actualisé le 14 septembre 2018 à 12:15

Dans un rapport transmis à Matignon le mardi 11 septembre 2018, deux députés de la majorité préconisent que la police municipale soit systématiquement armée. Une question qui ne se pose pas vraiment à La Réunion. Selon le syndicat FO police municipale, 80 à 90 % des policiers municipaux réunionnais sont armés. Qui décide ? Comment sont-ils formés ? État des lieux sur la troisième force de sécurité après la gendarmerie et la police nationale à La Réunion.

Ils sont environ 220 policiers municipaux sur le département. La majorité d’entre eux est armée. Et selon Lucas Gobalou, le secrétaire général de FO Police municipale, ce n’est pas une nouveauté "à Saint-Pierre, les policiers municipaux ont l’autorisation d’être armés depuis 1976, on est en avance sur certains départements". Armés, c’est une chose mais surtout formés.

Une formation continue et obligatoire

Pour pouvoir conserver leur arme, les policiers municipaux doivent apprendre à l’appréhender, s’en servir et quand en faire usage. Car le cadre légal est très strict, un policier municipal ne peut utiliser son arme qu’en cas de légitime défense. Cette généralisation de l’armement est contrôlée drastiquement. Les registres de tirs sont régulièrement inspectés par la police des polices.

Des policiers municipaux armés, qui paye ?

Ce sont les communes qui décident si leur police municipale est armée ou pas. À La Réunion, on peut presque parler d’un plébiscite. "La plupart des policiers municipaux de l’île ont un revolver 7-57 ou un pistolet du même genre. Le 7-57 coûte 1200 euros pièce, une cartouche coûte un euro et avec cela nous sommes tous équipés de gilet pare-balles, 1200 euros pièce. Un budget assez conséquent quand, comme au commissariat de Saint-Pierre, il y a quarante-huit policiers municipaux a équiper. Pour le moment, il y a seulement 30 revolvers mais tout le monde devrait avoir une arme l’année prochaine. Le Maire va débloquer une enveloppe de 50 000 euros" explique Lucas Gobalou.

Les policiers municipaux réunionnais tirent-ils souvent ?

Selon Lucas Gobalou "c’est très rare car l’usage d’une arme sur le terrain est très réglementé. Je ne me rappelle pas non plus qu’il y ait eu des bavures. Notre mission première n’est pas le maintien de l’ordre, c’est la verbalisation, la répression. Nous ne sommes pas des cow-boy, la discussion avec la population, la proximité, c’est notre quotidien. Pas d’utiliser notre arme".

Cette arme est-elle vraiment nécessaire ?

"Aujourd’hui plus que jamais. Avec le terrorisme, on sait que plus personne n’est à l’abri. Les attentats de Paris l’ont prouvé, les policiers municipaux sont en première ligne, ils sont d’ailleurs souvent sur place avant les autres forces de sécurité" finit Lucas Gobalou.

Un avis partagé par les syndicats de police nationale. Leur principale interrogation porte sur la formation. Pour garder leur habilitation à porter une arme, les policiers nationaux doivent obligatoirement s’exercer minimum trois fois par an à tirer quinze cartouches. En réalité, selon Marc Lesage, membre du syndicat UNSA Police "on s’entraîne bien plus que cela pour garder notre dextérité avec notre arme". Si Marc Lesage insiste sur la formation, c’est parce que pour lui "c’est ce qui permet d’éviter les bavures. Quand on porte une arme, on a quelques millièmes de secondes pour déterminer si c’est nécessaire, si on respecte le cadre légal. Être armé ce n’est pas un permis de tuer. En 23 ans, je n’ai jamais fait usage de mon arme en service"

Pour Stéphane Lebreton, secrétaire départemental adjoint du syndicat Unité SGP Police FO "pour nous, la question de l’armement des policiers municipaux ne se pose même pas. Tant que c’est encadré par une formation adéquate et régulière, nous sommes totalement pour. Dans ce contexte de terrorisme, tous les porteurs d’uniformes, les représentants de la République sont des cibles. Ils doivent donc être en possibilité de mener leur mission à bien. Se protéger eux-même et protéger la population"

Idriss Rangassamy, le secrétaire départemental Alliance Police Nationale 974 va même plus loin "on a affaire à une délinquance de plus en plus violente, de plus en plus agressive et de plus en plus armée. Les policiers municipaux doivent être en mesure de pouvoir se défendre eux même et les autres. Nous faisons face à des individus qui ne cherchent pas à savoir quel type de police se trouve devant eux. Être armé, c’est nécessaire"

Au final, la question de l’armement des policiers municipaux est un faux-débat à La Réunion. 

fh/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
OPSOMER
OPSOMER
5 ans

La question de l’armement des policiers municipaux est-elle un faux-débat à La Réunion ? Ce territoire serait-il à ce point différent de la métropole ? "Les attentats de Paris l’ont prouvé, les policiers municipaux sont en première ligne", sauf qu'il n'y a pas de police municipale à Paris mais dans les communes périphériques. Les policiers municipaux "sont d’ailleurs souvent sur place avant les autres forces de sécurité" ? Seules 10 % des communes disposent d'une police municipale et lorsqu'on compose le 17, on communique avec la police nationale ou la gendarmerie, et non la police municipale. Les policiers municipaux sont-ils aussi exposés que leurs collègues de la police nationale à des attaques à leur encontre. Las, cette assertion est FAUSSE. Il est, d’ailleurs, aisé de démonter cette affirmation en consultant le site d'un syndicat de police municipale, l'USPPM (Union syndicale professionnelle des policiers municipaux), qui recense les blessés de la profession. Cette organisation syndicale comptabilise ainsi 41 blessés en 2018, un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes. Sachant qu’il y a approximativement 21 000 agents de police municipale en France, on obtient donc un taux de… 0,19 %. A titre de comparaison, Le Figaro avance le chiffre de 38 blessés par jour parmi les forces de police d’Etat, soit 10 331 policiers et gendarmes blessés sur une année. Il ne s’agit bien évidemment pas d’opposer les blessés des uns aux autres, encore moins de les nier, mais de relativiser les faits et de ne pas tronquer la réalité.