Les filières criminelles toujours à l'oeuvre

Mayotte, nouvelle destination des passeurs de migrants sri-lankais

  • Publié le 7 juin 2019 à 02:59
  • Actualisé le 7 juin 2019 à 07:34

Dix-huit migrants sri-lankais ont accosté sur une plage située au sud de l'île aux parfums le 28 mai dernier. SI les autorités mahoraises font régulièrement face à l'immigration illégale venue des Comores à bord de kwassas-kwassas, l'immigration sri-lankaise arrivant par la mer est inédite dans le 101ème département de France. Une première qui suscite bien des questions de la part de la population. Les médias locaux sont eux aussi dubitatifs, nos confrères de France Mayotte matin n'ont pas fait dans la dentelle, titrant l'un de leurs articles " immigrés sri-laknkais, des escrocs ou des champions du monde, il y a des fois où l'on nous prend vraiment pour des c... " Et si après La Réunion, Mayotte était devenue la nouvelle destination privilégiée des passeurs sri-lankais ? Pas question pour Christophe Castaner. "Il n'y a pas de destination Mayotte pour une immigration irrégulière organisée par des passeurs"" a affirmé le ministre de l'Intérieur (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Tout a commencé à La Réunion

Depuis plus d’un an, La Réunion fait face à un flux migratoire venu du Sri-Lanka. Aujourd’hui, le fait qu’une filière organisée soit aux commandes ne fait aucun doute que ce soit pour les autorités françaises comme sri-lankaises. Mais des zones d’ombre demeurent concernant le modus operandi de ces passeurs. Les migrants affirment parcourir les 4 200 kilomètres qui séparent les deux îles sans faire d’escale.

Mais leur état physique à leur arrivée à La Réunion pose question. À peine marqués par le voyage, ne souffrant pas de déshydration sévère, de malnutrition ou d’insolation après une traversée dans une mer agitée (parfois même en période cyclonique) sous un soleil de plomb d’une vingtaine de jours… Jusqu’ici, tous les migrants ont corroboré l’idée d’une traversée directe.

Mais pour les autorités, les doutes sur leur périple persistent. "Il faut maintenant que les enquêtes judiciaires menées sous l’autorité du procureur de la République établissent la vérité sur ce périple. Je n’ai pas d’éléments (sur le parcours des bateaux - ndlr), tout relève de l’enquête judiciaire" nous confiait Frédéric Joram, le secrétaire général de la préfecture.

La seule certitude, c’est qu’une ou plusieurs filière(s) criminelle(s) organisent un trafic d’êtres humains à grande échelle. Sauf qu’obtenir le droit de déposer une demande d’asile est de plus en plus difficile à La Réunion. La majorité des migrants sri-lankais sont reconduits à la frontière, de plus en plus rapidement.

Pour endiguer le phénomène, lors de la dernière arrivée à La Réunion, trois hommes de nationalité indonésienne ont été arrêtés, ils étaient soupçonnés d’être des passeurs. Mais ces trois hommes, bien qu’ils aient été condamnés à des peines allant de 12 à 18 mois ne sont que des petites mains. Les têtes de réseau courent toujours et surtout, elles sont toujours à l’œuvre.

Mayotte, la nouvelle destination des filières criminelles

Et maintenant que les passeurs ont compris que La Réunion est de plus en plus sévère avec les migrants sri-lankais, ils se rabattent sur Mayotte, dont les frontières sont une véritable passoire. L’île aux parfums fait déjà face depuis plusieurs années, à une forte pression migratoire venue, notamment, des Comores voisines. Mais aussi en provenance de la région des grands lacs en Africaine (République démocratique du Congo, Burundi, Rwanda). Cette situation, très mal vécue par la population mahoraise, créé des tensions. À l’heure actuelle, Mayotte est une véritable poudrière.

Après La Réunion, il semblerait donc que les passeurs aient choisi de tenter Mayotte. La seule chose qu’ils n’ont pas pris en compte, c’est la législation bien plus drastique dans le 101ème département français que sur le reste du territoire national. Après s’être vus refusé l’entrée sur le territoire français et avoir été placés dans un centre de rétention, 12 des 18 migrants vont été expulsés de Mayotte. En moins de dix jours.

"C'est un message politique que nous devons faire passer (...) Il n'y a pas de destination Mayotte pour une immigration irrégulière organisée par des passeurs", a affirmé ce jeudi  Christophe Castaner,ministre de l'Intérieur, qui s'exprimait lors d'une audition de la commission d'évaluation des politiques publiques à l'Assemblée nationale

Pour les filières criminelles, Mayotte pourrait être un nouvel Eldorado. Mais le département soumis à une forte pression migratoire avec 48% d'étrangers au sein de sa population et au bord de la crise sociale, semble déterminé à ne pas laisser rester les migrants sri-lankais.

fh/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com 

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