
Marie-Céline Veltrat revient à La Réunion, 50 ans après son départ forcé vers la Creuse. A 64 ans, elle a atterri ce mardi 3 décembre au matin à l'aéroport de Roland Garros. "Elle vient de retrouver sa tante et son cousin, qui vivent à la Saline les Hauts. Mais ses parents sont décédés", explique Jean-Philippe Jean-Marie, président de l'association Rasinn Anler, qui s'occupe des enfants réunionnais exilés de force.
Lire aussi : Les "Enfants de la Creuse" veulent retrouver leurs racines
Ce n'est que tardivement que cette ex-mineure déportée dans la Creuse a retrouvé les traces de sa famille réunionnaise. "Elle pensait, comme beaucoup, qu'elle était seule et que plus personne ne l'attendait ici", ajoute le président de l'association. Sa famille est entrée en contact avec l'association et de fil en aiguille a réussi à remonter jusqu'à Marie-Céline. Celle-ci a alors pu faire sa demande officielle et obtenir un billet d'avion pour rentrer et retrouver les siens.
Difficile d'établir le parcours précis de cette créole exilée. "Elle est difficilement joignable pour l'instant, ce qui est normal, elle va retrouver ses proches. Mais nous savons qu'elle est passée par Limoges" explique Jean-Philippe Jean-Marie. Comme beaucoup de petits créoles, celle-ci a été plus ou moins livrée à elle-même, "ces enfants étaient souvent ballotés de foyer en foyer". "Il faut une grande force pour vivre tout ceci" ajoute le président de l'association.
Une page sombre de l'histoire de La Réunion
On estime qu'ils sont 2.015 ex-mineurs victimes d'une migration forcée de La Réunion vers l'Hexagone orchestrée par l'État entre 1962 et 1984. Depuis le 18 février 2014 une résolution officielle votée à l'Assemblée nationale reconnaît la "responsabilité morale" de l'Etat dans l'affaire des enfants de la Creuse. Un texte proposé à l'époque par Ericka Bareigts.
Lire aussi : L'Etat reconnaît sa responsabilité morale
C'est une page sombre et souvent méconnue de l'histoire réunionnaise. Des décennies plus tard, beaucoup de ces petits créoles n'ont jamais revu leur île ou les membres de leurs familles. "On a déporté ces enfants pour repeupler les zones rurales de Métropole", explique Jean-Philippe Jean-Marie. "Selon nos calculs le nombre de mineurs exilés de force dépassé largement les 2.000, on table plutôt sur 5.000 car les documents officiels ont été falsifiés. Beaucoup n'ont pas été comptés", estime-t-il.
Pour aider ces déracinés, une commission d'experts "Déplacements vers la métropole de mineurs réunionnais des années 1963 à 1982" a été créée par le ministère de l'Outre-mer en février 2016.
L'épisode des "enfants de la Creuse" reste encore méconnu dans la mémoire réunionnaise. Les anciens exilés estiment que "beaucoup reste encore à faire". Leur espoir : que leur histoire entre dans les livres scolaires. L'association Rasinn Anler milite d'ailleurs pour que cette affaire soit reconnue comme "crime contre l'humanité".
Lire aussi : Enfants de la Creuse : "Notre histoire doit entrer dans les livres scolaires"
Lire aussi : Les enfants de la Creuse veulent "retrouver leur identité"
www.ipreunion.com / [email protected]
5 Commentaire(s)
Peut-être saurais-je un jour, qui sait ?
J'espère quand même avoir éveiller quelque peu la curiosité des lecteurs. ?
Tout cela ne serait jamais arrivé si il n'était pas venu à la RÉUNION avec l'aide des hommes de droite de notre île.
Au webmaster d'IP je rappelle que le racisme est un délit, pas une opinion.... (Bonjour, merci pour le signalement, le commentaire a été dépublié, bonne journée à vous - webmaster)