L'ARS assume l'absence de contrôle sanitaire à l'aéroport

Coronavirus : pas de psychose, mais des inquiétudes légitimes

  • Publié le 4 février 2020 à 11:38

Plus de 200 personnes ont atterri ce dimanche 2 février à La Réunion, dans un vol Air Austral en provenance de Bangkok, capitale de la Thaïlande. Parmi eux, des voyageurs ayant transité par la Chine, pays largement touché par le coronavirus. Or aucun contrôle sanitaire n'a été effectué à leur arrivée à Roland-Garros, seuls des flyers ont été distribués. Pour l'Agence régionale de santé, ces contrôles n'ont pas lieu d'être : un test de température n'est pas suffisant pour détecter le virus. L'ARS préfère miser sur la prévention et la sensibilisation, pour faire face aux interrogations des Réunionnais, malgré tout bien réelles. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Les voyageurs sont descendus de l'avion un masque de protection sur le nez, pourtant ils n'ont subi aucun contrôle sanitaire à l'aéroport Roland-Garros ce dimanche 2 février en revenant de Bangkok. Certains d'entre eux étaient passés par la Chine.

Une passagère de ce vol Air Austral indique à nos confrères de Réunion 1ère avoir passé des contrôles lors de son départ en Chine, mais aucun test en descendant de l'avion à La Réunion.

Pour le docteur François Chièze, directeur de la sécurité sanitaire à l'ARS, il ne faut pas tomber dans la psychose. "Il n'y a pas de raison de faire plus de contrôle ici qu'ailleurs. J'étais sur place quand cet avion est arrivé. Chacun des 220 passagers a reçu un tract."

L'Agence régionale de santé mène en effet une campagne de sensibilisation et de prévention à Roland-Garros à l'aide de ces dépliants, censés rappeler les bons gestes à adopter en cas d'apparition de symptômes.

Le contrôle de température, "une fausse sécurité" ?

Plusieurs passagers se sont malgré tout dit étonnés de ne pas subir plus de contrôles à leur descente de l'avion. Pour François Chièze, le contrôle de température n'est cependant qu'une "fausse sécurité" : "une absence de fièvre ne veut pas dire absence de maladie". Constater qu'un voyageur n'a pas de fièvre pourrait amener à conclure que la personne n'a pas de symptômes alors qu'elle est bien porteuse du virus. Mais le nouveau coronavirus peut mettre 14 jours à s'incuber.

De même, une présence de fièvre n'est pas forcément révélatrice. "C'est essentiellement lié à autre chose, comme la dengue ou la grippe", estime François Chièze. "Une étude demandée par l'OMS (Organisation mondiale de la Santé, ndlr) montre que le relevé de température n'est efficace que dans 10% des cas" ajoute-t-il.

Pourtant ces contrôles sont effectués ailleurs, et l'ont été dans ce cas précis lors de l'embarquement des passagers. "Les contrôles relèvent aussi d'une position politique" estime François Chièze, pour qui la surveillance de l'apparition des symptômes est bien plus importante.

Des inquiétudes compréhensibles

Les voyageurs semblent quand même s'interroger. On le voit sur les réseaux sociaux, on l'entend dans les halls d'aéroport. Preuve en est que l'ARS elle-même a décidé de renforcer sa Foire aux questions (FAQ) sur son site, pour faire face aux inquiétudes des Réunionnais, légitimes. "Bien sûr on ne juge pas les questions de chacun et on peut comprendre le climat anxiogène qui règne en ce moment" indique François Chièze, qui remarque d'ailleurs que les questions posées directement sur internet ou par biais de l'écrit sont généralement très acides…

A la descente de l'avion venu de Bangkok cependant, le responsable de l'ARS maintient que les passagers étaient reconnaissants de voir l'ARS présente, même sans contrôles physiques. "Nous avons eu droit à des remerciements", affirme-t-il.

Même son de cloche du côté d'Air Austral. "Nous n'avons eu aucun retour négatif de la part des voyageurs" indique la compagnie. "Mais il faut dire que nous avons aussi suspendu nos vols directs vers Canton."

Le 31 janvier, la compagnie a en effet annoncé suspendre les vols entre La Réunion et Canton en Chine. La mesure, censée prendre effet le 8 février, a été avancée au 1er février "pour faire suite à la décision d'Air Madagascar d'anticiper l'arrêt provisoire de ses vols à destination de la Chine". Cette mesure va durer jusqu'au 1er mars.

Lire aussi : Air Austral : l'arrêt provisoire des vols Réunion - Canton avancé au 1er février

Les autorités s'organisent

L'ARS assume et on l'aura bien compris : les contrôles sanitaires du type prise de température n'ont pour l'instant pas lieu d'être à l'aéroport de La Réunion. C'est sur la prévention et l'information que l'agence veut miser.

La compagnie Air Austral se repose d'ailleurs entièrement sur le jugement de l'ARS concernant la sensibilisation. "Ce n'est pas à nous de la prévoir, nous n'avons aucun regard là-dessus." Les équipages sont malgré tout formés en cas de détection de symptômes sur des passagers, même en plein vol. "C'est lié à un manuel sécuritaire que les équipages ont reçu pour savoir comme réagir" indique la compagnie aérienne.

Des précautions sont prises par certaines entreprises aussi. Ce fut le cas pas plus tard que ce lundi 3 février. "Après un séjour personnel en Chine, comme d’autres Réunionnais, l’un des salariés s’est vu proposé un aménagement en télétravail après échanges avec sa hiérarchie" indiquait alors EDF dans un communiqué.

Lire aussi : EDF dément la suspicion de Coronavirus chez l'un de ses salariés

L'entreprise assure prendre "régulièrement des nouvelles [du] salarié qui va très bien". Mais elle dément "une information erronée" parlant de cas de suspicion de coronavirus. Si le passager s'est vu proposer du télétravail, c'était uniquement parce qu'il revenait de Chine.

De son côté, le CHU de La Réunion a mis en place une astreinte régionale d’infectiologue pour intervenir le plus rapidement possible en cas de signalement d’un patient potentiellement infecté. "Des chambres d'isolement sont dédiées à ce type de cas au CHU", explique François Chièze. "Ce qui explique aussi qu'on ne va pas mettre en quarantaine la moindre personne qui a de la fièvre. Il faut réserver ces chambres si des cas sont détectés."

Se renseigner pour mieux se protéger

Pour surveiller sa propre santé et l'éventuelle apparition de symptômes, la Direction générale de la santé a diffusé les recommandations à prendre en compte, relayées par l'ARS qui rappelle sur son site les gestes à adopter, notamment en cas de retour de Chine.

Au moindre symptôme d'infection respiratoire, il est nécessaire de se protéger la bouche et de bien se laver les mains. En cas de doute, contactez le Samu et uniquement le Samu au numéro 15, surtout pas le médecin traitant. Il ne faudrait pas prendre le risque de contaminer les autres patients.

Lire aussi : Coronavirus : l'Organisation mondiale de la santé déclaré jeudi l'urgence internationale

La Réunion est épargnée pour l'instant, mais pas la Métropole. Rappelons que 6 cas ont été enregistrés dans l'Hexagone. L'épidémie a pour l'instant causé la mort de 361 personnes en Chine. Une première victime hors Chine a été identifiée aux Philippines, celle-ci est décédée dimanche 2 février.

Lire aussi : Coronavirus : 362 morts dont un premier hors de Chine

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
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4 ans

L'ARS n'est déjà pas foutue de protéger la population contre la dengue alors ils ne vont pas se compliquer la vie avec le coronavirus ! Des technocrates qui profitent juste de la sur rémunération, auc

Nathd
Nathd
4 ans

A roissy il n'y a pas plus de contrÃ'les et pourtant il y a encore 8 jours c'était 3000 personnes par jour qui débarquaient à Paris

THOR
THOR
4 ans

Bon, bon......mais là encore je ne comprends pas c'est comme pour la leucose bovine, en métropole on prend des précautions à la Réunion pas de problèmes on peut manger la viande, maintenant pour le corona virus en métropole on met les gens en quarantaine à la Réunion pas de problème il suffit de se laver les mains et de se protéger la bouche.......donc l'ARS est mieux renseignée sur le virus à la Réunion que les autorités sanitaires de la métropole....on en a de la chance de vivre ici !