Sept plaintes sont déposées chaque jour

Féminicides : La Réunion est le troisième département le plus violent envers les femmes

  • Publié le 9 février 2020 à 10:57
  • Actualisé le 12 février 2020 à 11:49

Ce samedi 8 février 2020 étaient présentés les résultats d'une étude de plusieurs mois sur les féminicides à La Réunion. L'étude porte sur la période de 2006 à 2019, où 50 femmes ont été tuées, soit en moyenne quatre par an. L'objectif était étudier les spécificités de ces agressions mortelles, afin d'en dégager les similarités et établir un schéma d'action efficace pour endiguer ce phénomène. La Réunion est le troisième département le plus violent de France envers les femmes. Chaque jour, sept plaintes qui sont déposées pour violences conjugales. De nombreuses préconisations ont été apportées par les acteurs juridiques et associatifs qui ont participé à l'étude

Tout d'abord, deux aspects ont été étudiés : le volet juridique et le volet social. Du côté juridique, les chercheurs ont analysé des dossiers concernant les féminicides commis à La Réunion et jugées entre 2006 et 2019 pour mieux comprendre les contextes dans lesquels se sont produits les passages à l'acte.

La durée de la relation, le statut conjugal, l'âge sont variés. Le contexte d'addiction est assez fréquent, la rupture et la jalousie sont des motifs récurrents. Par ailleurs, l'étude souligne aussi qu'une prise en charge des victimes "largement perfectible", aurait pu empêcher certains de ces drames.

Le milieu associatif a proposé plusieurs pistes de réflexion concernant la prise en charge des victimes de violences, afin de les accompagner et d'éviter une issue fatale. L'utilisation de supports de communication a été préconisée afin de sensibiliser à toutes les formes de violences qu'elles soient physiques ou psychologiques. La sensibilisation des forces de l'ordre afin d'aider les victimes dans le dépôt de plainte a été préconisée. L'étude souligne aussi que l'accompagnement des femmes dans leurs démarches juridiques est primordiale pour les aider à se sortir de situations souvent critiques.

"La vulnérabilité des femmes est parfois occultée, et ces dernières ne sont parfois pas conscientes des violences subies. Il est donc important de renforcer les messages de prévention pour les aider à sortir de ces relations" indiquent en substances les auteurs du rapport.

Des outils juridiques à perfectionner

L'étude propose des pistes pour renforcer les outils juridiques afin d'améliorer la prise en charge des victimes. Cela passerait d'abord par une meilleure sensibilisation de la population aux problématiques de violences conjugales. Cela "afin cesser de normaliser les violences dont peuvent être victimes les femmes" note, en substance le rapport.

"L'école a un rôle fondamental à jouer puisque les cellules familiales ne peuvent accomplir cette sensibilisation et donner ces repères" souligne par ailleurs le rapport.

La professionnalisation des acteurs associatifs et institutionnels est aussi préconisée. Le but est de mieux détecter de possibles violences. "Un suivi psychologique de toutes femmes portant plainte pourrait être proposé afin de les accompagner dans une possible rupture avec le conjoint" propose par exemple Cathy Pomart, enseignante-chercheuse en droit à l'université de La Réunion.

L'étude préconise d'exploiter les mesures, déjà existantes, de façon conséquente : interdiction de séjour, mesure d'éloignement, augmenter les places d'hébergements d'urgence, développer les demandes et les prononcés d'ordonnances de protection… Le rapport souligne également un suivi des auteurs de violence "car la sanction pénale, même sévère", peut ne pas dissuader.

Cathy Pomart, donne quelques pistes de réflexion, regardez :

Les enfants, victimes collatérales

L'impact de ces violences sur les enfants a aussi été largement étudié. En première ligne dans les conflits parentaux, les conséquences sur ces derniers sont parfois occultées. Les différents acteurs veulent donc renforcer la vigilance sur la situation des enfants exposés et favoriser une meilleure connaissance du dispositif de signalement pour les mineurs.

L'étude propose par exemple de repenser l'encadrement de l'exercice de coparentalité dans les situations de violences conjugales, d'initier la formation des professionnels à la mise en œuvre de mesures d'accueil protégé, mais aussi de réfléchir à adapter les lieux d'accueil pour les enfants.

Les associations se veulent optimistes : si la problématique des violences faites aux femmes n'a émergé que  récemment à La Réunion, "les lignes semblent bouger rapidement" d'après les acteurs sociaux. "L'effort doit cependant se poursuivre, pour garantir aux femmes victimes de violence toute la protection qui leur est due" concluent-ils.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Cool
Cool
4 ans

Si band parent té i arrête un peu élève zot marmail comme roi et reine, serait un pas en avant. Des enfants que las appris à zot le '' non'' zot i supporte pas que i quitte à zot. Des personnages possessifs et capricieux.

Sue
Sue
4 ans

La Honte!

Question
Question
4 ans

Et quand les plaintes sont classées pour violences sexuelles dans une collectivité ? Et heureusement l'opposition, la presse et l'opinion publique veillent au grain. Justice; vérité et aide aux victimes, toutes les victimes.