
- Le Bumidom, la promesse d’un eldorado -
Il y a un peu moins de 60 ans, en 1963, naissait le bureau pour le développement des migrations dans les Départements d’Outre-mer (Bumidom), à l’initiative du député de La Réunion et ancien Premier ministre, Michel Debré. En pleine période de reconstruction de la France post-guerre mondiale, l’objectif était de pourvoir aux besoins de main d’œuvre de la Métropole. L’idée est donc de recourir à une main d’œuvre facilement accessible, dans les Outre-mer, des territoires en proie au chômage, à un fort taux de natalité, à une économie déclinante ainsi qu’à des velléités indépendantistes.
Ce pan de notre histoire est résumée dans cette vidéo mise en ligne par Loopsider. Regardez (cliquez sur la vidéo pour la voir dans le bon format) :
En 1963 et 1981, plus de 260 000 ultramarins sont ainsi envoyés vers la Métropole, souvent jeunes, souvent dans des conditions très douloureuses (des enfants sont arrachés à leur famille), avec une promesse d’eldorado. La réalité est bien sûr toute autre. Ces travailleurs du Bumidom se retrouveront très rapidement en bas de l’échelle, comme le rappelle Loopsider, isolés, en grande précarité, et sans possibilité de retourner dans leur territoire d’origine faute de moyens pour payer un billet d’avion.
Le Bumidom constitue ainsi, comme indique Loopsider, un des plus importants épisodes de migration intérieur de l’histoire de France.
- A La Réunion, le cas particulier des enfants de la Creuse -
Comme aux Antilles, de jeunes Réunionnais seront arrachés de leur racine réunionnaise pour être envoyés vers les territoires ruraux de Métropole, la Creuse en particulier, ce qui laissera le triste nom de cet épisode douloureux des " enfants de la Creuse ". Sur place, ces enfants sont placés foyers ou adoptés dans des familles où ils seront parfois maltraités. Ils n’ont plus aucun lien avec leur famille réunionnaise. Entre 1963 et 1981, près de 2000 enfants Réunionnais seront ainsi envoyés en Métropole dans le cadre du Bumidom, un aller sans retour pour beaucoup d’entre eux, avec toute la souffrance et les séquelles qui en découleront. Aujourd’hui encore, nombreux sont ces " enfants de la Creuse " en quête de leurs racines et qui posent, pour certains, les pieds pour la première fois à La Réunion.
- Un devoir de mémoire et encore une histoire de statue -
Ce devoir de mémoire est porté depuis plusieurs années par le comité national des déportés de la creuse ainsi que par l’association Rasinn Anler. C’est deux organismes défendent d’ailleurs la nécessité d’une réparation par l’Etat pour la " déportation " dont ont été victimes ces " enfants de la Creuse ". Pour l’heure, aucune indemnisation n’a été prononcée par la justice. Néanmoins, en 2014, les députés français ont reconnu la " responsabilité morale de l'État envers ces pupilles", une avancée historique pour l’ensemble des victimes. Une commission nationale de recherche historique des Enfants de la Creuse avait par la suite été créée par la ministre des Outre-mer de l’époque, George Pau-Langevin. En 2018, une étude menée par cette commission permet de mettre en lumière la réalité et les conséquences de cet épisode douloureux pour bon nombre de familles Réunionnaises.
En 2013, la commémoration des 50 ans de la création du BUMIDOM est l’occasion pour le Département d’inaugurer une statue installée en face de l’entrée de l’aéroport Roland Garros, une oeuvre de l’artiste Nelson Boyer représentant la souffrance de ces enfants arrachés de leur terre natale.
L’installation de cette œuvre fera polémique, par la voix du président de l’association Grand Raid, Robert Chicaud, qui, dans un courrier, expliquera qu’ " en terme d’image, on peut nécessairement faire mieux ", s’interrogeant sur l’impact de l’installation d’une telle stèle sur le tourisme réunionnais.
La statue n'a pas déboulonnée. Fort heureusement. L'enseignement de cette sinistre partie de notre histoire, n'est toujours pas d'actualité. Fort malheureusement…
Le devoir de mémoire devra encore attendre.
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Pour aller plus loin
Lire aussi : Migrations forcées: un lieu mémoriel pour les enfants de la Creuse
Lire aussi : 50 ans plus tard, elle retrouve sa famille réunionnaise
Lire aussi : Déboulonner les statues, c'est bien, pouvoir apprendre la vraie Histoire, c'est mieux
5 Commentaire(s)
Pour pallier cette misère, l'affreux Debré développa la cantine dès le petit déjeuner et un vrai repas le midi même pendant les vacances !!! Ayant enseigné en fin d'années 60 dans un quartier de St Denis, je fut confronté à cette misère chronique: pendant la coupe canne, les classes se dépeuplaient complètement pendant plus d'un mois et nos enfants revenaient tous les 2 ou 3 jours juste pour manger !!! ( le travail au champs les occupait complètement ). Un jour dans ma classe je remarquais qu'une de mes élèves (Cm2) avait une vilaine plaie au genou... pendant la récréation je l'interrogeais sur les soins qu'elle recevait: aucun. Je l'emmenais chez le directeur et on lui soigna sa plaie... elle nous raconta sa vie: placée dans une famille réunionnaise d'accueil, il était mal traitée... mangeait les restes et dormait avec le chien dans un abri sous tÃ'le minuscule... l'assistante sociale dépêchée nous raconta l'odieux de sa situation comme des milliers d'enfants abandonnés et placés dans des familles justes intéressées par l'argent pour un grand nombre... l'alcoolisme des petits ( sirose du foie des 5ans ) détecté à l'hÃ'pital d'enfant de St Denis... etc.etc...
Ainsi l'adoption des enfants étaient une obligation face au boom de la natalité de l'argent braguette...mais dans ce domaine, la Reunion était incapable d'y faire face...
Certains ont souffert de cette séparation, certains ont été exploités mais beaucoup ( qui n'ont pas droit à la parole) ont connu une destinée positive... il en était ainsi pour tous les enfants qui ont connu l'abandon en France ou ailleurs.
Met les boules mais sérieusement je vous invite à bien regarder l histoire du continent européen mais surtout du continent africain qui était dejat adepte de l esclavagisme et ce de puis bien longtemps
Le député à l époque c'était Michel DEBRE