Le maloya en deuil

Simon Lagarrigue est décédé à l'âge de 83 ans

  • Publié le 21 juillet 2020 à 23:36
  • Actualisé le 22 juillet 2020 à 14:22

Après Tiloun le 5 juillet dernier, le maloya perd encore une des ses voix. Simon Lagarrigue est décédé ce mardi 21 juillet 2020 à l'âge de 83 ans. Aux côtés de Firmin Virin, il était l'un des patriarches du maloya et à l'origine de plusieurs chansons à succès avec son groupe Résistance. Une veillée est organisée ce mardi soir. Nous publions les réactions à sa disparition ci-dessous.

• Huguette Bello, maire de Saint-Paul 

"La Liberté perd un combattant : Simon LAGARRIGUE a mené d’âpres combats pour l’arracher. Il a perpétué la résistance des MARONS en défiant comme eux l’arbitraire et l’oppression.

Le maloya perd son patriarche, celui qui a empêché qu’il ne meure : Simon a été présent à l’aube de toutes les luttes pour la reconnaissance de la culture réunionnaise, qui ont abouti à la reconnaissance du maloya comme patrimoine mondial de l’humanité.

La Réunion perd un zarlor. Simon avait en lui toute la richesse de nout réyonèzté. Il portait haut, konm an paviyon, les valeurs de solidarité, de tolérance et d’unité réunionnaise.

Mon cœur est plein de tristesse. J’aimais et j’admirais Simon, mon grand camarade-militant, poète de l’oralité travailleur de la terre, grande voix du " petit peuple " des kanikis, avec son cœur à jamais du côté des exploités

J’ai assisté à son premier enregistrement réalisé par Jacqueline Méppiel. Simon LAGARRIGUE, Angela Davis, Gabriel Garcia Marquez ont bénéficié de l’appui de cette grande dame du cinéma qui considérait le montage comme art de combat.

Simon, tout le monde l’appelait  "Tonton".

J’adresse à sa famille, à notre pays en deuil, mes condoléances."

• Olivier Hoarau, maire du Port

"Simon Lagarrigue nous a quittés. Une des dernières grandes figures du Maloya laisse derrière lui un patrimoine musical et culturel inestimable.

De lui, nous devons surtout retenir les combats menés pour la liberté et l’égalité sociale au sein du Parti Communiste Réunionnais. Ce militant discret mais infatigable a montré la voie et a porté la voix des plus fragiles.

Il aura participé au rayonnement de notre identité culturelle au-delà des frontières de notre île.

Nou pèrd in zarlor, in zarboutan.

A ses proches, à son beau-frère Firmin Viry, à la grande famille du Maloya et à tous les Réunionnais, je veux témoigner ma profonde tristesse et mon soutien le plus entier."

• Emmanuel Séraphin, président du TCO

"C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Simon Lagarrigue. La Réunion perd un zarboutan.

Grande figure de la culture réunionnaise, Simon, musicien, chanteur, compositeur, a œuvré toute sa vie pour faire rayonner le maloya dont il a été l’un des grands défenseurs.

Je tiens à lui rendre hommage et à le remercier d’avoir résisté et " batayé " pour notre culture, et d’avoir permis à chacun d’entre nous d’y accéder au travers de son œuvre.

La Réunion perd sans aucun doute une part de sa mémoire.

J’adresse à toute sa famille et à ses proches mes très sincères condoléances."

• Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne

"C’est avec beaucoup de tristesse que j’apprends la mort de Simon Lagarrigue, ancien journalier agricole, grande figure du maloya traditionnel, militant pour la défense de l’identité culturelle réunionnaise et militant engagé dans tous les combats menés par le Parti Communiste Réunionnais.

Le maloya c’était son combat, sa vie. Il a lutté avec ses compagnons contre la répression coloniale, contre les injustices sociales en utilisant le maloya comme arme de résistance.
Auteur-compositeur-interprète, Simon Lagarrigue écrivait et chantait des chansons très engagées au sein de la Troupe Résistance dont il était le leader incontournable. Il a œuvré durant de longues années dans l’ombre, apportant sa voie et ses qualités de compositeurs dans la troupe de son beau-frère, Firmin Viry. Un film sur sa vie "l’homme de l’ombre" lui sera même consacré en 2014 où il raconte sa vie, son combat pour la reconnaissance et la transmission du maloya.

Personnage authentique et grand zarboutan du maloya, Simon Lagarrigue a vécu l’époque où le maloya était interdit, il en a même fait de la prison pour avoir chanté la musique de ses ancêtres. D’ailleurs, ses chansons comme "la troupe résistance larivé", "mon prézidan condane pa mwin", "momon dorina", "tape pa moin dan la tète", témoignent d’une des pages sombres de l’histoire culturelle réunionnaise.

Simon Lagarrigue qui a beaucoup chanté à la fête de Témoignages est toujours resté fidèle à ses convictions profondes et au maloya traditionnel, ce dont il était fier. C’est donc un grand militant Réunionnais qui nous quitte, un homme de valeur qui aura consacré toute sa vie au rayonnement du maloya.

En accord avec sa famille et en concertation avec le monde culturel Réunionnais un hommage lui sera rendu dès que cela sera possible à la salle des fête "Lo Rwa Kaf" où il a pu de nombreuses fois partager son maloya.

Simon rejoint ainsi Gramoun Baba, Lo Rwa Kaf, Gramoun Lélé, Tiloun… au paradis du maloya.

J’adresse à toute sa famille, à ses proches, à ses amis, mes sincères condoléances.
Le combat pour le maloya, pour le respect de l’identité culturelle réunionnaise continue, plus que jamais.

Adieu camarade Simon !"

• Yvette Duchemann, élue écologiste

"Ankor in zarlor, in zarboutan la RESISTANS, dovan loprèssion, la réprèssion: in guérié, in lamontrèr, li la galiz nout lèspri avan li la désot la vi. Maloya son péi té i tyinbo ali droit.

Ti pe par ti pe : tout i sa va... sè La Rénion dan son sinplissité, son rishéss, son lâme kréol, son ti tourné viré, ki sa va.
SA VIE EST UN EXEMPLE. Savons nous en retirer le modèle? Saurons nous semer ce qu’il nous a laissé?
Je voudrais bien y croire mais le monde " d’après " est mal parti.

Notre musique de tradition orale n’a rien à envier, n’a rien à copier, sur l’Occident. Prenons soin de devenir ce que nous sommes, entre parenthèses "  nous ne sommes pas de reniement " (Alain LORRAINE), notre  mode de vie nous le prouve au quotidien, Simon a montré toute sa vie qu’il  était fier de sa réionèzté, tâchons d’en garder l’essentiel.

Chaque generation se doit de faire le travail de memoire et de transmission.

Nous devons prendre conscience des vraies valeurs de Simon et de tant d’autres laissés pour compte par nous mêmes et que ces valeurs soient connues et reconnues et TRANSMISES.

Wopè Tonton Simon mi di aou mersi : ou là donne amoin  la forss pou nou alé."

• Max Banon, CGTR sud

"La Réunion vient de perdre une des plus belles voix du maloya.Simon a été un combattant ferme contre la politique coloniale afin d'arracher plus de liberté pour le peuple réunionnais. Il est et restera une référence pour construire une société réunionnaise plus plus humaine. Repose en paix."

• Jean-Hugues Ratenon, député

"Simon Lagarrigue : un monument de notre histoire qui nous quitte

Interdit, réprimé, procès, Simon Lagarrigue incarne la résistance, avec son complice de toujours Firmin Viry, la résistance du peuple Réunionnais face au pouvoir colonisateur de l’époque d’une droite Ultra.

Ses chansons avec sa troupe si bien nommée Rezistans a démontré que rien n’arrête la volonté du peuple.

Le Maloya interdit est devenu le drapeau de la Réunion grâce à cette personnalité. Parti de rien mais qui portait les aspirations d’un peuple : liberté, égalité, fraternité.

Chapeau bas Mr. Je m’incline respectueusement devant vous. Je tacherai de maintenir le flambeau de cette résistance allumée.

À la famille, aux proches, aux très nombreux amis, au monde du Maloya, des artistes, à tous les combattants pour une justice sociale, une égalité et fraternité humaine, je présente mes très sincères condoléances."

• Rémi Cazal, porte parole de la section syndicale CGTR Spektak

"Nous présentons nos sincères condoléances à la famille de Simon Laguarrigue, une grande voix du Maloya, un combattant pour l’émancipation des réunionnais, un fervent défenseur de la liberté nous quitte aujourd’hui. Que sa vie et son combat servent d’exemple à toute la jeunesse réunionnaise et aux artistes."

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2 Commentaires
Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Sincères condoléances à la famille de tonton

Tiblan
Tiblan
3 ans

Olivier aret kozé kosa ou koné ou... Nou militants pcr nou perd noute tonton la tienbo dodout mé sencere condoléances à taleur