Maurice : pour sauver le lagon, "l'urgence, c'est maintenant" (actualisé)

Marée noire : "La Réunion n'est pas menacée" confirme le ministère des Armées

  • Publié le 11 août 2020 à 09:45
  • Actualisé le 11 août 2020 à 12:55

Depuis ce jeudi 7 août 2020, les autorités et la population mauriciennes luttent pour éviter une catastrophe environnementale. Après s'être fracassé sur le récif, le MV Wakashio, un vraquier transportant 3.800 tonnes d'huile lourde et 200 tonnes de diesel, a déjà déversé 1.000 tonnes d'hydrocarbures dans les eaux du sud-est de Maurice. Pour Lionel Bigot, président du conseil scientifique de la réserve marine de La Réunion, "l'urgence, c'est maintenant". Il convient d'agir vite pour que la régénération de la biodiversité ne prenne pas plusieurs années. A ce stade La Réunion n'est pas menacée par cette marée noire, précise le ministère des Armées et Météo France (Photo Le Mauricien)

Les images aériennes prises ces derniers jours montrent des dégâts d’une certaine ampleur. De grandes nappes noires répandues dans les eaux azur de Maurice, qui se déplacent vers les lagons, les récifs coralliens et les plages, posant la question de l'impact sur l'environnent marin et la biodiversité.

Dès jeudi et les premières fissures sur le Wakashio, la ministre de la Mer, Annick Girardin, s’est inquiétée de la menace que représentait l'échouement du vraquier : "Si la cargaison se répand, les effets seraient dévastateurs dans tout l'Océan Indien. Les récifs et l'écosystème corallien, notre bien commun, seraient affectés durablement", prévenait-elle sur Twitter.

- Une course contre-la-montre -

"L’urgence, c’est maintenant", lance Lionel Bigot, président du conseil scientifique de la réserve marine. "Il faut circonscrire les zones littorales et les zones de plages avec des barrages anti-pollution. Il y a des risques liés à la destruction d’une partie de l’édifice corallien dans la zone impactée."

Lire aussi : Naufrage du MV Wakashio : l'état d'urgence environnementale décrété à Maurice

Cette zone est cependant limitée au périmètre d’épandage du pétrole. Selon le scientifique quelques centaines d’hectares, ne mettraient pas en péril la survie d’espèces dans tout l’océan indien. "Il n’y a pas forcément d’espèces endémiques menacées au niveau récifal", estime le scientifique. "Ce sont des espaces qu’on retrouve dans tout l’indo-pacifique, notamment les coraux."

Si la catastrophe revêt un caractère urgent, c’est pour la longueur dans le temps de l’impact sur la biodiversité. Plus le traitement de la pollution et les opérations de pompage durent, plus longtemps l’environnement marin mettra du temps à se régénérer.

"Il convient de pomper le plus rapidement possible", affirme Lionel Bigot. "En ce qui concerne les hydrocarbures qui sont déjà sortis, il n’y a plus grand-chose à faire sur la zone récifale, vu l'hydrodynamisme autour du navire. Il n’est pas pensable de mettre des écrans de protection et des barrages anti-pollution. Ils vont être mis à l’intérieur du lagon pour préserver les zones côtières."

C’est seulement une fois la zone circonscrite avec des barrages anti-pollution que pourront être utilisés des produits dispersants pour dissoudre la nappe visqueuse et compacte de pétrole. Une étape fondamentale pour retrouver le plus rapidement possible une nature à l’état normal. "L’objectif est de réaliser des micro-gouttelettes. Si on est efficace là-dessus, on réduit le risque et l’impact sur les peuplements coralliens. Si on ne le fait pas, ça prendra plus de temps, probablement plusieurs années, pour pouvoir se restructurer."

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En revanche, si ces opérations sont réalisées à temps et correctement, l’intégralité du pétrole échappé du Wakashio finira par se dégrader. "Il n’y aura plus de trace à moyen et à long terme", indique Lionel Bigot, concédant toutefois "qu’il faudra faire une évaluation des dégâts d’ici quelques semaines, quand le maximum de pétrole sera enlevé du navire, et faire un suivi de la dégradation du pétrole au sein de l’écosystème."

- "Aucun risque" pour La Réunion -

La marée noire n'est pas d'une dimension telle qu'elle pourrait impacter La Réunion.  Une cellule de crise a bien été activée par le préfet Jacques Billant, mais les services de prévision marine de Météo France, qui ont effectué une simulation de dérive de la nappe avec un logiciel dédié, ne signalent pas de danger pour l'île.

Ce modèle tient compte d'un grand nombre de données, en particulier des vents observés et des prévisions de vents, mais aussi des courants marins plus profonds. Les conclusions de Jacques Ecormier, chef prévisionniste à Météo France sont formelles : "Pour les prochaines 72 heures, il n’y a aucune menace pour La Réunion. La tendance est que le pétrole reste dans le lagon mauricien."

En effet, le vent modéré de secteur est et les nuages stratiformes ne sont pas propices à de précipitations et un changement immédiat de la situation météorologique. "La situation océanographique est plutôt calme. Ce genre de nappe ne se déplace pas à vitesse grand V, c’est très lent. On n’est pas à l’abris d’un changement de la situation météorologique dans les prochaines semaines, mais pour le moment, ce n’est pas le cas. À moyen terme, il n’y a aucun risque", ajoute Jacques Ecormier.

"L’utilisation de l’outil de simulation +Mothy+ a permis de modéliser les hypothèses de dérive des nappes d'hydrocarbure en fonction de leur nature et des conditions d’environnement dans la zone", a pour sa part indiqué le ministère des Armées dans un communiqué. "Les résultats montrent qu’à ce stade, les côtes réunionnaises ne sont pas menacées", a-t-il ajouté.

 

Lionel Bigot  se montre tout aussi rassurant : "300 tonnes de pétrole, ce n’est pas une masse qui pourrait potentiellement atteindre La Réunion."

Lire aussi : Les réactions à La Réunion à la suite au naufrage du MV Wakashio

C’est donc sur les côtes mauriciennes que se situe l’urgence écologique. Les autorités locales luttent pour limiter l’étendue des ramifications de la marée noire dans le temps comme sur le territoire. L’Etat français leur a apporté son soutien, avec le départ de 21 tonnes et 80m3 de matériel partis de la Réunion ce week-end. 

Une aide qui ne sera pas de trop pour préserver l'écosystème corallien, les environnements récifaux et sableux de l'Ile Maurice.  Pour rappel, le récif heurté par le Wakashio sur la côte sud-est de l'île Maurice est un joyau écologique connu pour ses sites de conservation classés internationalement, ses eaux turquoises et ses zones humides protégées.

aa / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Marc974
Marc974
3 ans

Évidemment que la reunion n'est pas menacée. Ici c'est déclaré feuilleton des journalistes

Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Et que de temps perdu .....

Jérome
Jérome
3 ans

Quel massacre