Covid-19

Restaurateurs : la peur d'une nouvelle fermeture obligatoire

  • Publié le 31 août 2020 à 02:59
  • Actualisé le 31 août 2020 à 10:14

Alors que l'épidémie a gagné du terrain ces dernières semaines à La Réunion, l'inquiétude est vive chez les gérants de restaurants et bars. Baisse de la clientèle, peur d'une nouvelle fermeture, inquiétude vis-à-vis du futur, le monde de la restauration retient son souffle. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Si les nouvelles semblent rassurantes du côté des autorités, qui ont affirmé s'atteler à ce que la vie économique continue, les dégâts de la Covid-19 se font tout de même ressentir. En l'espace de quelques semaines, les gérants de bars ont vu leur clientèle dégringoler. "Si au déconfinement, nous étions submergés de clients, aujourd'hui, on voit bien que la donne a changé" regrette Steven, assistant-manager du Café Edouard à Saint-Denis.

Comme la plupart des employés de la restauration, il redoute une nouvelle fermeture de son établissement. "Nous avons eu de la chance, on n'a pas eu besoin de licencier de personnels, mais certains extras n'ont pas été reconduits. Si on devait refermer, l'histoire serait sûrement différente…" précise-t-il.

Certains établissements ont noté des baisses de fréquentation allant de 15 à 20% depuis l'annonce du premier foyer de contagion. "On voit bien que les clients sont plus réticents à sortir, et c'est comme ça à chaque nouvelle annonce anxiogène dans la presse" affirme un employé de la Cathédrale.

- Perte de clientèle -

Même son de cloche du côté de la cave à vin Bibovino, située à Saint-Denis aussi. "On a perdu facilement 20% de notre clientèle, particulièrement le midi où les gens semblent préférer manger à leur bureau. Si on devait refermer, ça serait un arrêt de mort pour de très nombreux commerces" s'alarme Frank, l'un des responsables du lieu.

Si son commerce n'a pas trop souffert du confinement, l'établissement étant en pleine refonte à cette période, il indique par ailleurs que les aides proposées par le gouvernement n'étaient absolument pas suffisantes pour couvrir les frais engendrés. "Si on referme, aucun doute que ces aides ne suffiront pas pour survivre" déplore-t-il.

Que ce soit pour boire un verre ou dîner, les tables se vident désespérément dans le carré cathédrale, centre névralgique des sorties nocturnes du chef-lieu. "Habituellement, le soir, nous sommes obligés de refuser du monde. Depuis quelques semaines, les tables sont à moitié vides" souffle Julie, responsable de la K'Frine.

Si elle a noté une fréquentation exceptionnelle de son établissement au mois de juin, les clients se font de plus en plus rares. "Certains bars continuent de fonctionner bien sûr, mais on voit vraiment la différence. Le mois d'août est catastrophique en termes de fréquentation pour nous" soupire Julie.

"Si la préfecture décidait par exemple de fermer les bars à 23 heures comme à Marseille, c'est quelque chose qu'on pourrait tenir, sachant qu'à Saint-Denis tout ferme à minuit. Mais plus tôt, ça deviendrait vraiment compliqué" souligne par ailleurs la responsable.

- Respect des gestes barrières et visites des autorités -

Ce n'est pas faute de s'être adapté aux mesures demandées par les autorités : distanciation des tables, rappel de l'obligation du port du masque, gel hydroalcoolique à disposition…Tout y est pour s'aligner sur les nouvelles obligations sanitaires. "La police municipale et les services de l'ARS nous rendent régulièrement visite pour s'assurer que tout est en règle" confie par ailleurs Steven. Le préfet a d'ailleurs annoncé que les contrôles seraient encore renforcés dans les établissements accueillant du public.

Tous sont en tout cas unanimes : une refermeture signifierait dans le meilleur des cas des suppressions de postes. Dans le pire des cas, ça sera la fermeture définitive. Certains établissements, comme le Mahé – toujours à Saint-Denis – ont déjà décidé de fermer leurs portes. Les aides de l'Etat, notamment en matière d'activité et de chômage partiel, sont toujours disponibles, et parfois plus avantageuses qu'une ouverture partielle du commerce.

Rien n'est encore joué pour l'heure, mais Emmanuel Macron a récemment indiqué que "rien ne peut être exclu" en matière de reconfinement. Il ne reste qu'à croiser les doigts – et respecter les gestes barrières.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires