
Les faits présumés remontent à fin 2014, début 2015. Élu maire quelques mois auparavant, Joseph Sinimalé, 77 ans, aurait embauché Eric Madouré, le compagnon de sa fille au sein de son cabinet moyennant d'importants émoluments et lui aurait fait bénéficier de coûteuses formations.
Sandra Sinimalé, élue sur la liste de son père, était en charge de la gestion du personnel communal lorsque l’embauche d'Eric Madouré a été faite. C'est à ce titre qu'elle a été poursuivie.
Ce vendredi, le procureur du tribunal de Saint-Denis a requis trois ans de prison dont un an ferme contre l'ancien maire de Saint-Paul et sa fille, ainsi que dix ans d'inéligibilité. "Il s'agit d'une peine obligatoire dans ce type de dossiers, sauf décision contraire et motivée du tribunal" a déclaré Eric Tuffery.
Concernant Eric Madouré, le procureur requiert trois ans avec sursis uniquement, en l'absence de casier judiciaire. Présenté comme un "fidèle" de Joseph Sinimalé en ayant participé à son élection de maire aux municipales de 2014, son image pousse à la suspicion, estime le président Bernard Molie : "on ne va pas jouer les vierges effarouchées, on sait comment ça se passe à La Réunion. Les fidèles, on les récompense avec un petit poste à la mairie ou autre. Un secret de polichinelle", a affirmé le magistrat.
- La fonction de maire implique la probité -
La commune de Saint-Paul, désormais dirigée par Huguette Bello, constituée partie civile et représentée par Maître Boniface, réclame 225.000 eruros de dommages et intérêts. Il s'agit à son sens de la part de salaire indûment perçue par Eric Madouré, et le signe d'un "appauvrissement important de la commune". "La Défense plaide qu'il n'y a pas de prise illégale d'intérêt, pas d'enrichissement personnel mais c'est faux", continue Maître Boniface avant de conclure : "alors pourquoi les trois ? Pour paraphraser Montaigne qui parlait de son inimitable ami, Etienne La Boétie, parce que c'était lui, parce que c'était moi, parce que c'était nous".
Une attaque que l'ex-maire de Saint-Paul a tenté de contrer en évoquant un tiraillement entre ses fonctions de maire, et celle d'un père dont les relations n'étaient pas au beau fixe avec sa fille. Il finira par avouer ne pas "avoir été assez vigilant". "Vous n'apparaissez pas de mauvaise foi, c'est ça qui est singulier", s'étonne le Président. "Mais votre fonction de maire implique la probité et vous ne semblez pas le savoir" dit encore le magistrat en se référant à la loi d'octobre 2013 sur la transparence de la vie publique qui demande aux élus de signaler tout possible conflit d'intérêt. Quid, donc, de la fille d'un maire devenant adjointe ? "Vous ne pensez pas que ça poserait problème ?", lâche Bernard Molie. " Je me suis dis que ça le pouvait, mais je ne peux rien dire à Sandra", a avoué le père et ancien élu de 77 ans.
- Dans le clan de Sinimalé, c'est la guerre -
Un père qui, selon lui, aurait toujours désapprouvé l'entrée de sa fille en politique désormais "sous l'emprise d'un gendre" qui l'écarterait de sa famille. "Chacun sait que dans le clan de Sinimalé, c'est la guerre. La preuve, c'est que Sandra se déclare contre son papa aux municipales. Quand on regarde cette affaire, ça respire le conflit d'intérêt. Mais quand on regarde les choses en droit, on s'aperçoit qu'elle ne signe rien, n'intervient pas", assène Maître Morel, représentant du couple.
Lors des dernières municipales cette année, Sandra Sinimalé s'était en effet présentée contre son père. Sandra Sinimalé, elle, restera immuable : "je n'ai à pas à rougir de mon action [comme adjointe]" dit celle qui avait commencé le procès en soutenant "ne pas se sentir fautive dans cette affaire". Un discours en parralèle de son conjoint, Eric Madouré, qui a reconnu avoir bénéficié d'avantages
Pour rappel, le 2 juin dernier, Joseph Sinimalé, encore maire de Saint-Paul, et sa fille Sandra Sinimalé, étaient ressortis libres de la caserne de gendarmerie de Vérines à Saint-Denis après avoir été placés en garde à vue.
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