Restrictions d'eau dans plusieurs communes

Sécheresse : la pluie manque sur toute l'île

  • Publié le 27 octobre 2020 à 12:42

Cette année 2020 est pour l'heure particulièrement sèche. Des records de déficit de pluie ont été régulièrement enregistrés, sur le littoral comme dans l'intérieur de l'île. Une situation qui met en difficulté agriculteurs comme habitants, qui doivent composer avec des coupures d'eau depuis maintenant quelques jours. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La situation n'est pour l'instant pas prête de s'arranger. "L'année 2020, comme 2019, a été particulièrement déficitaire en matière de pluie, et la saison des pluies ne débutera pas avant début décembre" explique Jacques Ecormier, chef prévisionniste de Météo France.

La Réunion n'avait pas connu telle sécheresse depuis 50 ans. Un record qui semble être battu chaque année désormais, 2019 ayant été l'année la plus sèche des 49 années précédentes. "On peut par exemple signaler qu'à La Plaine des Palmistes, il tombe en moyenne 1.272 mm d'eau entre avril et octobre. Cette année, il n'a plus que 874 mm" détaille Jacques Ecormier.

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Si les pluies de ces derniers jours, un peu partout dans l'île, devraient soulager les réserves d'eau, la situation ne devrait ne pas durer. "Il n'y a pas de pluies significatives qui sont prévues avant la fin novembre" souligne-t-il.

- Des coupures d'eau qui pourraient durer -

Sécheresse oblige, plusieurs communes ont dû procéder à des restrictions d'eau : Salazie, la Plaine des Palmistes et Saint-André ont vu leur distribution d'eau interrompues pendant la nuit.

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"En raison du manque de pluie, les réserves d'eau des communes de l'est sont particulièrement basses. Cela est aussi dû à la façon dont l'eau est récoltée, il y a deux façons de faire : la captation dans les cours d'eau, ou le forage. Si les forages se font à environ 200 mètres sous terre, la captation se fait elle directement dans le cour d'eau : quand il ne pleut pas, on ne peut pas capter" détaille la CISE.

Pour assurer une distribution d'eau la plus équitable possible, le réseau est donc coupé toute la nuit, et repart aux alentours de 5 ou 6 heures du matin. "Malheureusement, toutes les habitations ne peuvent pas être raccordées en même temps dans un souci de qualité de l'eau, certains habitants doivent donc patienter un peu plus que d'autres" regrette la CISE. L'eau est d'abord raccordée dans les bas, puis dans les hauts.

C'est pour cela que les habitants des hauts sont d'ailleurs les plus touchés : la CISE doit faire remonter l'eau des forages, situés généralement dans les bas. "Nous avons mobilisé deux fois plus d'employés pour gérer cette crise, et l'accueil téléphonique a lui aussi été renforcé, mais cette crise demande d'énormes efforts de la part de tous" souligne la compagnie des eaux.

Couper l'eau pendant la nuit n'est en effet pas suffisant, et la CISE n'exclut pas la possibilité de devoir la couper en journée aussi dans les semaines à venir. "On appelle à la civilité de chacun : en prenant une douche plutôt qu'un bain, en évitant de laver sa voiture, d'arroser son jardin ou de passer un jet d'eau plutôt que le balai, nous ferons des économies précieuses d'eau" explique la compagnie.

En attendant, pour pallier le manque d'eau, des citernes ont été installées à Saint-André. Au total, 15 citernes sont présentes un peu partout dans la commune. "L'eau n'est pas potable, mais elle est disponible pour tout autre utilisation" précise la CISE.

- Les agriculteurs en difficulté -

La sécheresse n'impacte pas que les habitants : les agriculteurs sont en première ligne depuis plusieurs mois face à ce manque d'eau. "Quand il ne pleut pas assez, il faut bien continuer d'apporter de l'eau à nos plantations : on utilise alors l'eau potable" explique David Puy Laurent, agriculteur de canne dans les hauts de Saint-Gilles.

Problème : remplacer la pluie par de l'eau potable, cela coûte cher. "A la fin du mois, il faut rajouter la facture d'eau à ses dépenses. Quand on a déjà des difficultés de trésorerie, ça devient ingérable" continue l'agriculteur. Et si la facture n'est pas payée, alors le compteur est coupé. "Ca a aussi un impact direct sur le prix des fruits et légumes" souligne-t-il par ailleurs.

Une difficulté qui s'ajoute à toutes celles déjà rencontrées par le secteur, notamment pour les planteurs de cannes. "Cela fait plusieurs années que ça dure maintenant, nous avons besoin d'actions fortes de la part de nos élus et d'aides à la hauteur du problème" termine l'agriculteur.

Et la situation pourrait ne pas s'arranger dans les années à venir : tous les ans, la pluviométrie réunionnaise semble diminuer. "On peut sûrement relier ça au changement climatique qu'on observe partout, ce qu'on appelle le stress hydrique survient plus tôt chaque année" souligne la CISE.

Il revient désormais aux communes de s'armer devant un problème qui pourrait se répéter chaque année, en construisant des infrastructures pour fournir la totalité de La Réunion, notamment entre chaque intercommunalité. La population, elle aussi, devra sûrement s'impliquer à terme pour éviter un gaspillage d'eau, afin de ne pas voir la situation s'empirer.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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