[INFO IMAZ PRESS] Eau impropre à la consommation dans cinq communes, 80.000 personnes concernées (actualisé)

L'UFC-Que Choisir nationale lance une plainte de groupe contre la CISE Réunion

  • Publié le 1 juin 2021 à 12:04
  • Actualisé le 4 juin 2021 à 14:21

L'association UFC-Que Choisir nationale lance ce mardi 1er juin 2021 une plainte de groupe contre la CISE Réunion devant le tribunal judiciaire de Saint-Denis. Elle reproche à cette entreprise la distribution d'une eau impropre à la consommation, "notamment (avec) la présence de bactéries fécales". L'association demande que les 80.000 abonnés concernés obtiennent le remboursement des bouteilles d'eau achetées au cours des cinq dernières années et celui des factures d'eau. L'UFC-Que Choisir parle d'"une situation moyenâgeuse parfaitement intolérable en France". Elle fait ainsi référence aux nombreux dysfonctionnements relevés sur la distribution d'eau dans le secteur géographique desservi par l'entreprise. Cette plainte fait aussi suite à une mise en demeure adressée par l'UFC-Que Choisir à la CISE, qui n'a "pas fait entendre raison au distributeur" (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

"Alors qu’en Métropole, près de 98% des consommateurs bénéficient d’une eau du robinet respectant les limites réglementaires de potabilité et ce tout au long de l’année , sur l’Ile de la Réunion, c’est la moitié de la population qui est alimentée par des eaux présentant un niveau de qualité dégradée" constate l'UFC-Que Choisir nationale. "L’un des distributeurs, la CISE Réunion, filiale du groupe SAUR, délivre ainsi à plus de 80.000 habitants de cinq communes (Sainte-Marie, Saint-André, Salazie, Saint-Benoît et les Avirons - ndlr), depuis plus de cinq ans, une eau impropre à la consommation" tempête ensuite l'association.

"La mise en demeure adressée par l’UFC-Que Choisir n’ayant pas fait entendre raison au distributeur, l’association lance aujourd’hui une action de groupe contre la CISE Réunin devant le Tribunal Judiciaire de Saint-Denis de la Réunion" informe l'UFC-Que Choisir.

"En tant que distributeur d’eau, la CISE Réunion a pour mission "d’assurer 24h/24 la distribution de l’eau potable et de garantir la continuité de ce service en toutes circonstances". C’est d’ailleurs un engagement qu’elle revendique sur son site internet" remarque l'association.  Cependant, dans les communes de Sainte-Marie, Saint-André, Salazie, Saint-Benoît et les Avirons, dans lesquelles la distribution d’eau est gérée par la CISE Réunion, les résultats des analyses réalisées par l’ARS mettent en évidence de très nombreuses non-conformités et notamment la présence de bactéries fécales, rendant l’eau fréquemment impropre à sa consommation pour l’alimentation et l’hygiène des habitants" assène l'UFC-Que Choisir.

"La CISE Réunion n’ayant donné aucune suite favorable à nos demandes, nous sommes déterminés à mettre fin à une situation moyenâgeuse parfaitement intolérable en France aujourd’hui" indique Alain Bazot, président de l’UFC Que Choisir.

L’association demande que les abonnés obtiennent le remboursement des bouteilles d’eau qu’ils ont été contraints d’acheter depuis 5 ans pour leur alimentation, à hauteur de 1,5 litre d’eau par membre du foyer et par jour, "et ce jusqu’à ce que l’eau du robinet distribuée par la CISE Réunion soit enfin potable, et le remboursement des factures d’eau réglées auprès de la CISE Réunion sur la même période".

- 46% de la population n'a pas accès à un réseau garantissant une sécurité sanitaire suffisante -

La problématique de l'eau est récurrente dans l'île. En effet, à La Réunion, 46% des abonnés, sont alimentés par des réseaux ne garantissant pas une sécurité sanitaire suffisante, d'après les données de l'ARS. 4% des abonnés sont par ailleurs alimentés par des réseaux pour lesquels le risque sanitaire est avéré (détection de parasites pathogènes) ou permanent. La preuve en est que, pendant la saison des pluies particulièrement, les appels à ne pas consommer l'eau de robinet se multiplient.



Si à La Réunion, c’est la moitié de la population qui est alimentée par des eaux présentant un niveau de qualité dégradé, en métropole, "près de 98% des consommateurs bénéficient d’une eau du robinet respectant les limites réglementaires de potabilité et ce tout au long de l’année" assure l'association. Un traitement que certains consommateurs qualifient de "discriminatoire", à l'image de Maxime Leclercq, qui a saisi le Défenseur des droits en 2020. C'est d'ailleurs le même consommateur qui avait porté plainte contre…la CISE, en 2016.

Une plainte qui a abouti en 2019 à une condamnation par le tribunal de grande instance : la CISE a été condamnée à verser à la famille Leclercq 2.847 euros pour le remboursement de l’achat d’eau en bouteilles sur cinq ans (pour un foyer de quatre personnes), 2.000 euros de réparation du préjudice de jouissance et du préjudice moral et 3.000 euros pour le remboursement des frais juridiques.

Et si les problèmes de distribution d'eau impropre à la consommation ont en partie été réglés sur la commune de Saint-André grâce à la construction d'unité de potabilisation à Dioré, dans le reste des villes alimentées en eau par la CISE, la situation reste toujours problématique. Les avertissements d'eau impropre des différentes intercommunalités suite aux pluies sont d'ailleurs récurrentes.

- Le Plan eau potable -

Depuis 2016, un Plan eau potable est en place à La Réunion, sous l'égide de l'ARS, qui prévoit un programme d’actions "visant à créer une dynamique en faveur des investissements dans les usines de potabilisation". A l'époque de la condamnation de la CISE, l'organisme affirmait être à 75% de la réalisation de ce plan avec le projet de lancement de 35 unités de potabilisation aux quatre coins de l’île. "13 d’entre elles ont déjà été mises en service notamment dans les communes les plus touchées par la problématique telles que Salazie, Sainte-Marie et les Avirons. 9 ont fait l’objet d’une attribution de marchés de travaux en 2018/2019 et 7 autres marchés de travaux sont attendus au cours du premier trimestre 2020" expliquait l'ARS.

Désormais, une révision du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux, pour la période 2022-2027 est en préparation. Selon les données communiquées par la préfecture, 48% de la population n’est toujours pas relié à une station d’épuration et dispose d’une fosse septique, dont le bon fonctionnement n’est pas toujours garanti. Seuls deux cours d’eau sur 24 sont en bon état écologique. Douze captages sont considérés comme prioritaires, pour lesquels l’objectif est "d’améliorer la qualité de l’eau en mettant en place des programmes d’actions adaptés sur leurs bassins versants". Un programme qui nécessiterait par ailleurs un milliard d'euro pour le réaliser.

Sollicitée par Imaz Press, la CISE Réunion n'a pas donné suite à ce stade à notre demande d'interview


as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Coqueret
Coqueret
2 ans

L eau est vraiment de mauvais goût sur La Grande Montee. Impossible de la boire, j ai averti l ARS de cette situation qui au contraire m a certifiée que l eau est bonne sur Ste Marie. C est vraiment un foutage de gueule : payer une eau impropre à la consommation

Mira
Mira
2 ans

Et au tampon' Ils prétendent peut-être que l'eau est " potable "'!! C'est une infection, malade à chaque fois que j'essaie d'en boire ! Et l'ars trouve ça tout à fait normal d'être obligée d'acheter des tonnes de bouteilles en plastique ! Mais qu'ils fassent leur boulot !

sissi974
sissi974
2 ans

Je confirme qu'il y a encore des citoyens qui n'ont pas accès à l'eau potable à la Réunion (région agricole Sud). Pourtant des demandes pour être reliées au réseau sont en attente depuis plusieurs années !! Mais ça l'ARS n'en parle pas. Pour ceux qui sont sur le réseau potable, il faut exiger avec les distributeurs, le compte-rendu des analyses, avant de boire, aussi souvent que possible !