C'était le 12 novembre 2016

Il y a 5 ans disparaissait Paul Vergès le visionnaire

  • Publié le 12 novembre 2021 à 12:46

Il y a 5 ans, le 12 novembre 2016, le sénateur Paul Vergès disparaissait à l'âge de 91 ans, provoquant une profonde onde de choc, tant à La Réunion qu'au niveau national. En effet, Paul Vergès était une personnalité connue et respectée, tant par ses alliés que par ce qui l'ont combattu. Et pour cause, au-delà du visage flamboyant du Parti Communiste Réunionnais de l'époque, Paul Vergès symbolisait l'engagement d'un élu combattif, visionnaire et engagé pour le développement de La Réunion. 5 ans après sa disparition, le PCR lui rendra un hommage, ce vendredi 12 novembre 2021, au cimetière paysager du Port. L'occasion de rappeler le parcours de cet homme politique réunionnais qui aura marqué les dernières décennies (Photo rb/www.ipreunion.com)

- Une longévité politique hors norme -

Paul Vergès est né 5 mars 1925 à Oubonne, au royaume de Siam. Après le décès de sa mère, en 1928, son père, Raymond Vergès, décide de l’envoyer, avec son frère Jacques, à La Réunion, chez une tante. Les deux frères sont rejoints par leur père en 1931. En 1942, le bac en poche, Paul et Jacques Vergès décident de rejoindre les forces françaises libres et participent à l’organisation de la Résistance. Après la guerre, Paul Vergès décide de s’engager en tant que militant au sein du Comité Républicain d’action démocratique et social (CRADS) fondé par son père, et au sein du Parti Communiste Français au niveau national.

C’est dans les années 50 que Paul Vergès décidera de sortir de l’ombre de son père pour venir sur le devant de la scène politique réunionnaise. En 1955, il est élu conseiller général de Saint-Paul. En 1956, il est élu député. En 1959, il fonde le Parti Communiste Réunionnais, afin de promouvoir l’identité réunionnaise. C’est aussi un tremplin politique pour celui qui sera élu maire du Port en 1971, député européen en 1979 et 1987. En 1993, Paul Vergès est réélu député. En 1996 il est élu sénateur puis en 1998 il prend la tête de la Région qu’il dirigera jusqu’en 2010 et sa défaite face à Didier Robert.

En 2011, Paul Vergès est élu sénateur de La Réunion, fonction qu’il assumera jusqu’à sa mort, le 12 novembre 2016.

- Un défenseur de l’identité réunionnaise et de l’égalité sociale -

Un des premiers combats de Paul Vergès a été celui de la défense de l’identité réunionnaise. Il aura ainsi œuvré pour une véritable reconnaissance du maloya et de la culture réunionnaise en général, même si, vers la fin de sa carrière politique, il s’est heurté à l’échec de la création  de la " Maison des Civilisations et de l’Identité Réunionnaise " MCIR ".

Paul Vergès avait aussi le courage de ses idées et de ses convictions, plaidant pour une l’émancipation de La Réunion et des Réunionnais, d’où un combat sans relâche contre les départementalistes pour qui Paul Vergès incarnait le séparatisme et l’anti-impérialisme. Fidèle à ses idées, Paul Vergès s’est opposé ouvertement et de façon continue à l’amendement Virapoullé qu’il qualifiait de "cadenas institutionnel". C’est avec le même engagement qu’il mènera dans les années 80 le combat pour l’égalité sociale qu’il obtiendra avec l’instauration d’une égalité des prestations sociales et du SMIC entre les Outre-mer et la Métropole.

- Un visionnaire et un bâtisseur -

Paul Vergès s’est aussi distingué par sa capacité à être un visionnaire et un bâtisseur de La Réunion.

En 1983, en tant que maire du Port, il impulse la création de la première intercommunalité réunionnaise, le SIVOMR (Syndicat intercommunal à vocation multiple de La Réunion), aujourd’hui devenu le TCO.

Il aura engagé le projet de route des Tamarins dont la livraison, en 2009, a permis de faciliter les déplacements entre le Sud et le Nord de La Réunion. Il aura porté le projet de tram-train, finalement enterré par son successeur en 2010. Cela, alors que la question de la création d’un réseau de transport guidé dans les prochaines décennies était au cœur des débats des récentes élections régionales.

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Paul Vergès était aussi visionnaire dans son discours résolument orienté vers le développement durable et la nécessité d’agir en préparant dès les décennies précédentes les effets du réchauffements climatiques à venir… et que nous ressentons déjà.

- L’homme des alliances et de la rupture -

Paul Vergès aura aussi été visionnaire dans sa façon de gouverner. Si les premières décennies de son engagement politique s’inscrivent dans une volonté farouche de porter le combat du PCR, il apprendra, à partir des années 80, à composer, d’abord avec le pouvoir socialiste, a l’heure où la France était gouvernée par François Mitterrand, mais aussi avec le centriste Pierre Lagourgue à La Région mais aussi lors des élections sénatoriales de 1992.

En 1998, c’est à la tête de l’Alliance que Paul Vergès prendra la tête de la Région Réunion, marquant avec brio sa capacité à mener à bien une organisation composée du courants divers. Tout au long de sa présidence, il parviendra à mener à bien cette stratégie qu’il reproduira même au Département, pour permettre la réélection de Nassimah Dindar à la présidence de la collectivité, avec une majorité de gauche mais aussi des élus du centre-droit. 

L’homme des alliances n’aura néanmoins pas réussi à garder soudée sa famille politique jusqu’au bout. En 2012, le PCR décide d’exclure Huguette Bello qui avait choisi de maintenir sa candidature dans la 2ème circonscription de La Réunion, face au candidat du parti, Jean-Yves Langenier.

Ce clash entraînera une profonde division et la lente déconfiture du PCR.  Huguette Bello, quant à elle, a créé le PLR, et a poursuivi son cheminement politique en remportant la députation en 2012 et en 2017, la Ville de Saint-Paul en 2020 et la Région en 2021 en battant... Didier Robert, 11 ans après que Paul Vergès ait été défait par ce dernier.

www.ipreunion.com/ redac@ipreunion.com

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9 Commentaires
Papillon diurne
Papillon diurne
2 ans

Le seul petit hic, c'est quand il était aux commandes, à l'apogée de sa belle carrière politique, il n'était plus trop proche du peuple dans le vrai besoin, et il avait un moment donné omis de préparer l'après...Paul Vergès. En vérité, il n'y avait que Laurent pour...octobre 1998, parti beaucoup trop prématurément, les autres ont été plus de veilleurs de coque...voire des aspers cuits...sauf Claude et HB, qui ont eu du cran... Mais attention à HB de reproduire le même schéma à la pyramide inversée..., il faut savoir s'élever au-dessus de la mêlée...notamment au-dessus du dir cab et surtout de la DGS...et aussi tous les fonctionnaires qui ont joué à fond le "jeu" de DR...

Sydney
Sydney
2 ans

Lorsqu'on rendra hommage un jour à Robert, on pourra tous dire " Robert le destructeur "

Aigris et compagnie
Aigris et compagnie
2 ans

Il reste encore quelques aigris apparemment.Verges reste bien the Best.

DrPiquouze
DrPiquouze
2 ans

Évoquer Alexis de Villeneuve et son assassinat n'aurait pas été superflu, que ce soit pour infirmer ou affirmer !

Ah bon
Ah bon
2 ans

Ah bon vous avez la preuve de l'assassinats par qui vous savez

ah bon
ah bon
2 ans

c'est marrant le 25 mai vous n"avez pas fait d'article sur l'anniversaire d'Alexis de Villeneuve assassiné par qui vous savez

Pierrot974
Pierrot974
2 ans

Il est sûr que lorsque des LR, comme M. Barnier, rendent hommage à un homme, c'est qu'il était un vrai communiste...

GramounFM
GramounFM
2 ans

Effectivement, un grand visionnaire qui voulait séparer La Réunion de la France et y instituer un régime communiste !!!

Le plus grand
Le plus grand
2 ans

Sans aucun doute le plus grand et le dernier homme politique que la Reuinion ait connu. Même Barnier candidat pourtant de droite LR à rendu hommage à Monsieur Verges hier soir à la TV publique. Son dernier projet le Tram Train à été annulé par des tristes élus.