
"A touché le fond mais creuse encore", voilà une appréciation que l'on pourrait trouver dans le bulletin de fin de trimestre (mandat) de monsieur Blanquer. On ignore pourquoi on s'étonne encore de ses sorties à côté de la plaque, mais voilà, on semble toujours espérer que celui à la tête d'un des ministères les plus importants du pays soit enfin frappé d'un éclair de génie.
Vraisemblablement, ce n'est pas le cas. Vous l'avez surement vu passer : le mot "iel", un "pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel, employé pour évoquer une personne quel que soit son genre" comme le définit Le Robert, a provoqué de très nombreuses réactions, justement car il a fait son entrée dans le dictionnaire.
Ni une ni deux, le député François Jolivet (LREM) s'est emparé de sa plume pour hurler à l'ignominie auprès de l'Académie française. Une initiative saluée par le ministre, qui a écrit que "l’écriture inclusive n’est pas l’avenir de la langue française. Alors même que nos élèves sont justement en train de consolider leurs savoirs fondamentaux, ils ne sauraient avoir cela pour référence".
Passons outre le fait que Le Robert est une entreprise privée, et n'a donc de compte à rendre à personne, ni à l'Académie française, ni à Jean-Michel Blanquer. Mais est-ce vraiment là le combat le plus urgent que celui-ci puisse mener ? Il y a un mois, une élève de 14 ans, Dinah, se suicidait après avoir été harcelée en raison de son orientation sexuelle et sa couleur de peau. Pas une fois monsieur Blanquer n'a daigné utiliser les mots "lesbophobie", ou même "homophobie", et encore moins "racisme".
Trop occupé à parler d'islamogauchisme et de "wokisme" qui seraient une menace contre la démocratie partout où il est invité, le ministre n'est même pas capable de dénoncer correctement ce qui a poussé une jeune fille au suicide – probablement par peur de passer lui-même pour un "wokiste". Après tout, il ne faudrait surtout pas qu'on pense que la lutte contre le racisme et l'homophobie est une bonne chose !
De son combat contre les crop-top à l'écriture inclusive, en passant par les faux certificats d'allergie au chlore chez les jeunes filles musulmanes, Jean-Michel Blanquer se bat contre le vide pour éviter d'aborder les vraies problématiques qui secouent toute une institution. Car le cas de Dinah n'est pas isolé, elle serait même la 18ème élève de l'année à se suicider suite au harcèlement d'après l'association Hugo!. Les enseignants, eux non plus, ne sont pas épargnés par ce phénomène.
Mal-être étudiant, augmentation des dépressions, conditions de travail dégradées, syndicats survoltés, communications bancales, réformes à la va-vite, voilà le bilan de plus de quatre ans de mandat. Pour sa défense, son incompétence est finalement en raccord avec tout le reste du gouvernement. Du vide, toujours du vide. On espère simplement qu'il ne redoublera pas pour le quinquennat à venir.
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