La filière est en difficulté

La chambre d'agriculture tire la sonnette d'alarme à deux mois de la campagne sucrière

  • Publié le 3 mai 2022 à 15:24
  • Actualisé le 3 mai 2022 à 19:40

La campagne sucrière doit débuter dans un peu moins de deux mois désormais, et les agriculteurs sont plus qu'inquiets. Alors que la convention canne 2017-2022 a pris fin, les négociations pour la nouvelle convention n'ont toujours pas commencé avec les industriels. Dans un contexte de baisse des tonnages, de richesse en sucre, du prix de la canne, et du manque de main d'oeuvre, la filière et la Chambre d'agriculture tirent la sonnette d'alarme (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

"On note un net découragement du coté des planteurs, alors que le dialogue avec les industriels aujourd’hui est quasiment rompu" note Frédéric Vienne, président de la Chambre d’agriculture. Alors qu’un Comité paritaire interprofessionnel de la canne et du sucre (CPCS) doit se tenir le 10 mai prochain, les planteurs sont aujourd’hui dans le flou quant aux conditions qui vont être posées pour la prochaine convention canne. Des manifestations ne sont pas à exclure en cas de désaccord entre syndicats et industriels. Regardez :

Une enveloppe de 14 millions d’euros à destination des agriculteurs a en tout cas été accordée par le gouvernement en mars dernier afin de les aider, bien que l'interprofessionnelle avait initialement calculé un besoin de 20 millions d'euros pour garder la tête hors de l'eau. La Chambre d'agriculture met par ailleurs directement en cause les industriels face au manque de préparation pour la campagne à suivre.

 "L'union sacrée est menacée par le comportement de Tereos. On a vu les syndicats la semaine dernière monter au créneau contre les industriels, aujourd'hui c'est la chambre d'agriculture et même l'Etat commence à s'agacer de ce comportement. Ils ne peuvent pas prendre en otage l'agriculture réunionnaise tous les 5 ans" s'agace Frédéric Vienne. Contacté, Téréos n'a pas répondu à nos sollicitations. La rencontre du 10 mai est en tout cas particulièrement attendue par les agriculteurs.

- Une filière qui a besoin de renouveau -

Les tensions avec les industriels interviennent alors que la campagne sucrière de l’année dernière a, une nouvelle fois, déçu les agriculteurs. 1,55 millions de tonnes de canne ont été récoltées en 2021, contre 1,9 millions de tonnes en 2015, pour 13,28 points de teneur en sucre contre 13,1 points l'an dernier. Du côté des syndicats et de la Chambre d’agriculture, on prône donc une diversification de transformation de la canne.

"Je reste persuadé que la filière canne a de l'avenir, et que nous pouvons attteindre l'autonomie alimentaire sans toucher au 23.000 hectars dédiés à la plantation de la canne. Il faut cependant savoir se réorienter et en arrêter avec la fixation sur le sucre roux et blanc à destination de l'Europe" estime le président, alors que la filière représente 2.700 agriculteurs. "Les planteurs ne veulent pas changer d'exploitation, mais pouvoir vivre de leur travail" insiste la Chambre d'agriculture.

La valorisation de la fibre de canne est par exemple citée, notamment pour la fabrication d'ustensiles en plastique. L'énergie produite avec la bagasse et la production d'alcool, déjà d'actualité, pourraient aussi être renforcées, d'après la Chambre d'agriculture.

Aujourd'hui, c'est toute la filière qui doit être restructurées, avec une mécanisation plus rapide des exploitations, alors que la main d'oeuvre continue de diminuer chaque année.

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Pétienne
Pétienne
1 an

Éthanol !!! Ça c'est l'avenir !! Automobile la réunion. Betterave à sucre ou canne c'est la même bataille.

HULK
HULK
1 an

Plantations de cannabis,voilà l'avenir.