Suite à l'invasion russe

La guerre en Ukraine entame son 100ème jour

  • Publié le 3 juin 2022 à 02:58
  • Actualisé le 3 juin 2022 à 06:52

La guerre en Ukraine marque son 100ème jour ce vendredi 3 juin 2022. 100 jours marquées par les bombardements russes sur de nombreuses régions du pays. Aujourd'hui, l'offensive se concentre principalement sur l'est de l'Ukraine. Le Président ukrainien, Zelensky, estime que 20% du territoire ukrainien est occupé par les forces armées russes. Depuis le début de la guerre, selon le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), un total de 8.462 victimes civiles ont été recensées dans le pays : 3.930 tués et 4.532 blessés, au 23 mai 2022. Toutefois, le HCDH a précisé que les chiffres réels pourraient être plus élevés. Plus de 5 millions d'Ukrainiens ont quitté leur pays. Après plus de trois mois de guerre, aucune solution ne semble se présager pour mettre fin au conflit.

Les forces russes contrôlent désormais "la majeure partie" de Sievierodonetsk, ville de l'est de l'Ukraine, qu'elles pilonnent et essaient de prendre depuis des semaines, a annoncé, mardi, le gouverneur de la région.

Lundi, le gouverneur avait annoncé que les forces russes avaient avancé jusqu'au centre de Sievierodonetsk, ville de quelque 100.000 habitants avant la guerre aujourd'hui en grande partie détruite et désertée. La ville est bombardée depuis des semaines par les forces russes et les séparatistes prorusses qui combattent à leurs côtés. Des dizaines de civils y ont été tués.

C'est dans cette zone qu'a été tué lundi un journaliste français de la chaîne BFMTV, Frédéric Leclerc-Imhoff, qui accompagnait un véhicule humanitaire évacuant des civils. C'est le huitième journaliste à être tué depuis le début de la guerre. Du côté de Moscou, l'éventualité que ce dernier soit "un mercenaire" a été évoquée, provoquant la colère de la famille du défunt.

 

Suite à la mort du journaliste français, une enquête pour crimes de guerre a été ouverte par le Parquet national antiterroriste français.

- Vers des négociations pour Odessa -

Il pourrait rester quelque 12.000 civils pris au piège des combats et des bombardements dans cette ville qui comptait 100.000 habitants avant la guerre, a indiqué mardi le Norwegian Refugee Council (NRC), une ONG dont l'essentiel du personnel en Ukraine y était basé jusqu'à l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février. Alors qu'elle avait distribué jusqu'à la semaine dernière de la nourriture et des biens de première nécessité aux habitants de Sievierodonetsk et de la région alentour, "l'intensification des combats rend maintenant les distributions impossibles", a indiqué son secrétaire général Jan Egeland dans un communiqué, appelant les belligérants à permettre l'accès des organisations humanitaires et l'évacuation des civils.

Pour autant, un cessez-le-feu même ponctuel paraissait improbable, en l'absence de pourparlers de paix. L'une des prochaines priorités des Occidentaux semble être le déblocage des ports ukrainiens de la mer Noire. Un blocus russe paralyse l'exportation de dizaines de tonnes de céréales ukrainiennes, faisant craindre le risque d'une crise alimentaire mondiale. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra le 8 juin en Turquie pour discuter de la mise en place de "corridors sécurisés" pour le transport des céréales ukrainiennes, a annoncé mardi son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.

Lundi, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré au téléphone au président turc Recep Tayyip Erdogan que la Russie était prête à travailler avec la Turquie à la libre circulation des marchandises en mer Noire, dont "l'exportation des céréales provenant des ports ukrainiens", selon un communiqué du Kremlin.

L'Union européenne cherche, elle aussi, une solution pour les céréales ukrainiennes. Le président français Emmanuel Macron – qui assume la présidence tournante de l'UE – a indiqué mardi avoir proposé samedi à Vladimir Poutine l'adoption d'une résolution de l'ONU qui "donnerait un cadre très clair" à la levée du blocus du port d'Odessa, premier port ukrainien.

- Embargo européen sur le pétrole -

En attendant une percée sur ce dossier, l'UE a décroché un accord de ses 27 États membres sur un embargo sur le pétrole russe, longtemps bloqué par la Hongrie. L'accord, trouvé lors d'un sommet européen à Bruxelles, prévoit que l'embargo frappera dans un premier temps uniquement le pétrole transporté par bateau, soit les deux tiers des achats européens d'or noir russe. Celui acheminé par oléoduc, en revanche, n'est pas concerné par cette sanction. Une adaptation qui a permis de lever le veto de Budapest.

"Cela va couper une énorme source de financement de la machine de guerre de la Russie", s'est félicité dans un tweet le président du Conseil européen Charles Michel. L'extension de l'embargo aux livraisons par oléoduc sera discutée "dès que possible" et, au total, ce sont 90 % des exportations de pétrole russe vers l'UE qui seront arrêtées d'ici à la fin de l'année, selon les leaders européens.

En début de sommet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait interpellé par visioconférence les Européens sur leur nécessité de faire front face à la Russie et d'assécher ses ressources financières, dont les hydrocarbures représentent une part essentielle. L'embargo pétrolier s'inscrit dans le cadre d'un sixième paquet de sanctions européennes contre Moscou, qui comprend aussi l'exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont la Sberbank, principal établissement du pays.

De son côté, La Russie estime que l’embargo sur le pétrole russe impactera "avant tout" les consommateurs européens.

- Le gaz, trop tôt pour sanctionner ? -

Celle-ci a cependant assuré mardi que cette mesure n'aurait qu'un impact limité. "Les principales restrictions sont déjà en vigueur […]. L'exclusion de Swift ne change rien à la situation pour les règlements internationaux", a indiqué dans un communiqué la banque, déjà visée par de lourdes mesures américaines et britanniques.

Par ailleurs, Kiev réclame toujours un embargo élargi au gaz vendu par Moscou. Une décision qui s'annonce plus difficile à obtenir. Plusieurs dirigeants européens ont plaidé mardi à Bruxelles pour une "pause" dans les sanctions, et certains ont même carrément exclu l'adoption d'une telle mesure. "Le gaz, c'est beaucoup plus compliqué", a estimé mardi le Premier ministre belge Alexander De Croo. "Arrêtons-nous là pour le moment et voyons quel est l'impact" de ce sixième paquet, a-t-il déclaré.

"Le gaz devrait faire partie du septième paquet (de sanctions), mais je suis également réaliste, je ne pense pas qu'il y sera", a estimé la Première ministre estonienne Kaja Kallas. Sans attendre cette sanction, la Russie a déjà coupé le robinet du gaz à certains pays européens qui refusaient de la payer en roubles. Le géant gazier russe Gazprom a annoncé suspendre, à partir de ce mardi, ses livraisons au fournisseur néerlandais GasTerra, appartenant en partie à l'État néerlandais, tandis que le groupe énergétique danois Orsted a indiqué que ses livraisons ont été coupées ce mercredi.

- De nouveaux soldats russes condamnés -

Sur le front judiciaire, la justice ukrainienne continue à avancer tambour battant dans le jugement des "crimes de guerre" commis selon elle par les troupes russes. Après la condamnation à la perpétuité le 23 mai d'un soldat russe pour le meurtre d'un civil, un tribunal ukrainien a condamné mardi à 11 ans et demi de prison deux soldats russes accusés d'avoir bombardé au lance-missile multiple deux villages de la région de Kharkiv, au premier jour de l'invasion russe.
Alexandre Bobykine et Alexandre Ivanov ont été reconnus coupables de "violation des lois et coutumes de la guerre", a annoncé le parquet général d'Ukraine sur Telegram.

Lundi, la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova avait annoncé l'ouverture d'une première affaire concernant un viol commis par des militaires russes. Au total, l'Ukraine a identifié 15.000 cas de crimes de guerre présumés à travers le pays depuis le début de la guerre, a indiqué la magistrate lors d'une visite à La Haye (Pays-Bas).

www.ipreunion.com avec l'AFP

guest
0 Commentaires