Lutte contre les discriminations

Saint-Denis : un centre dédie aux LGBT et un festival pour refuser l'exclusion

  • Publié le 18 mai 2021 à 12:12
  • Actualisé le 18 mai 2021 à 12:23

Ce lundi 17 mai 2021, les associations de lutte contre les discriminations Requeer, SOS Homophobie et Orizon se sont réunies en compagnie de la maire de Saint-Denis Ericka Bareigts et de la sous-préfète chargée de mission cohésion sociale et de la jeunesse, Camille Dagorne. A l'occasion de la journée mondiale de la lutte contre l'homophobie, de la transphobie et de la biphobie, les associations font un point sur l'année 2020 marquée par une nette augmentation des violences lgbtophobes dans la famille et le voisinage. Deux bonnes nouvelles pour l'année 2021. L'ouverture d'un centre dédie aux LGBT grâce à une convention entre OriZon et la mairie de Saint-Denis et aussi le premier festival LGBT+ de la Réunion "Parey pas Parey" qui aura lieu le le 25 septembre prochain (Photo www.ipreunion.com)

Depuis 2005 , le 17 mai marque la célébration de la journée internationale contre les lgbt-phobies. Cette journée a été choisie à l'initiative de l'universitaire martiniquais et militant contre l'homophobie et le racisme Louis Georges Tin, en référence au 17 mai 1990, date à laquelle l'Organisation Mondiale de la Santé a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales. Mais ce n'est seulement qu'en 2018 qu'elle a retiré la transidentité de cette liste.  Aujourd'hui, l'IDAHOT (International Day Against Homophobia and Transphobia) est célébrée dans plus de 130 pays alors que près de 70 considèrent l'homosexualité comme un délit. Aujourd'hui, l'homosexualité est passible de la peine de mort dans une dizaine de pays.

- "Nous avons un écart à combler" -

La maire de Saint-Denis Ericka Bareigts tenait à être présente car les discriminations LGBTphobes " est un sujet beaucoup plus intense en outre-mer et nous avons un écart à combler" note-t-elle. "Je veux saluer les associations qui œuvrent pour un combat éminemment politique" ajoute l'édile. La ville de Saint-Denis œuvre depuis plusieurs années pour la fraternité "un thème transversale et global" explique la maire.  La ville s'est portée candidate pour le projet d'un centre LGBT+ et l'a soumis à l'Agence française de développement (AFD) qui contribuera à hauteur de 60.000 euros.

Une convention entre la mairie et OriZon mettra un local à disposition de l'association dans le but d'ouvrir le 1er centre LGBT+ de l'Océan indien. Cet espace dédié aux personnes LGBT+ permettra le développement d'un travail interassociatif LGBT et LGBT friendly, la création d'une bibliothèque ainsi qu'un lieu d'accueil et d'évènements culturels.  "J'espère que cette manifestation ne sera pas la dernière" note sur laquelle finit Ericka Bareigts.

- Les violences lgbtophobes ont augmenté de 13% en 2020  -

L'association SOS Homophobie est aujourd'hui le seul observatoire des actes lgbtophobes en France. L'année 2020 a été fortement impactée par l'épidémie de Covid-19 et par la crise sanitaire et économique qui en résulte. Le rapport de 2020 dévoile une nette augmentation des violences dans le voisinage et la famille ou entourage proche. Les signalements ont augmenté de 13% dans chaque contexte alors qu'en 2019 seulement 8% de lgbtphobies ont été signalé dans le voisinage et 10% en famille.

La crise sanitaire a aussi impacté l'avancée des droits des personnes LGBTQ+ entre autres la PMA à nouveau reportée et toujours refusée aux personnes transgenres. L'année 2020 s'est tristement terminée marquée avec le suicide de deux personnes transgenres Louna à Lille et Douna à Montpellier. "Ce n'est plus possible, plus aucune personne transgenre ne doit se donner la mort" martèle Christophe Brault, délégué régional de SOS Homophobie. Il ajoute d'ailleurs que "le pouvoir public s'empare du sujet, certains médias se sont emparés du sujet de façon transphobe".

Dans son plan pour protéger les personnes de la lgbtophobie, SOS Homophobie demande l'ouverture de la PMA pour toutes les personnes en capacité de procréer, la fin des thérapies de conversion et des mutilations des personnes intersexes ainsi que le soutien aux victimes de discriminations. "Il est plus que jamais indispensable de vivre libre quel que soit son identité sexuelle et de genre" explique Christophe Brault. Regardez l'interview du délégué régional de SOS Homophobie Christophe Brault sur la 1ère marche des visibilités de la Réunion et l'homophobie recensée en 2020.



- Les personnes transgenres ne sont pas assez représentées en France -

Le président d'OriZon Xylric Lepinay indique qu'il y a eu "une baisse des appels de personnes victimes de lgbtphobies pendant le confinement car leur anonymat et vie privée ne pouvait être assurés". En France, la transidentité n'est pas assez représentée. "Les équipes éducatives sont hostiles et il n'y a pas assez d'informations sur la transidentité" explique Xylric Lepinay. "Il y a un manque de représentation" ajoute-t-il. Celui-ci arborait fièrement ses ongles décorés d'un vernis noir pailleté "pour montrer aux petits garçons qu'ils peuvent eux-aussi en porter"dit-il en souriant.
D'après un rapport de l'Insee publié en 2018, 39% des Réunionnais.e.s vivent sous le seuil de pauvreté. Xylric Lepinay ajoute que "les personnes LGBT+ sont dans une situation précaire que la plupart des Réunionnais.e.s." C'est ainsi que l'association OriZon collabore avec la fondation Abbé Pierre pour que des familles d'accueil puissent venir en aide à ces personnes en situation de précarité.

Lire aussi 39 % des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté

- Sensibiliser le domaine médical à la transidentité -

OriZon a créé une charte de bonne pratique entre personnes transgenres et soignantes "pour savoir ce qu'il faut faire ". L'association a aussi proposé une formation à destination des soignant.e.s dont une grande partie "souhaitaient être davantage informé.e.s sur la transidentité. Lors de cette conférence de presse, Xylric Lepinay a tenu à répondre à celles et ceux qui ont critiqué le déroulement de la 1ère marche des visibilités pendant la crise sanitaire." On nous reproche d'être visible, cela pose problème. La santé mentale de notre communauté est elle aussi importante" déclare-t-il. L'association OriZon diffusera ce mercredi 19 mai, deux clips mettant en scène Louiz, artiste transgenre réunionnaise et marraine de l'association. Regardez l'interview de Xylric Lepinay sur la 1ere marche des fiertés de la Réunion et la situation des personnes transgenres en France.



- Plus de 1.500 participant.e.s à la 1ère marche des fiertés -

Brandon Gercara fondateur.rice de l'association Requeer, est à l'initiative de la 1ère marche des fiertés de la Réunion, "un tel évènement est important car les personnes LGBTQ+ vivent simultanément plusieurs oppressions". "Je suis très ému.e, la Réunion est enfin prête" ajoute-t-iel. "Requeer a reçu beaucoup de messages d'enfants qui n'ont pas pu rejoindre la marche". Ces "enfants dan fé noir" comme le décrit Brandon Gercara, vivent dans des environnements hostiles à l'expression d'une orientation sexuelle différente de la norme hétérosexuelle ou d'une identité de genre différente de celles imposées par la société.

Lors de cette marche des fiertés qui s'est affirmée être indépendante, des élu.e.s lgbtophobes qui ont voté contre le mariage pour tous étaient présent.e.s. "On s'est sentit insulté.e.s" confie Brandon Gercara "On n'est pas une caution" clame-t-il.

Lire ausi : Saint-Denis : "marre des sociétés qui ne respectent pas les trans, les gouines et les pédés"

- "Parey pas Parey" le premier festival LGBT+ de La Réunion" -

Organisé par l'association OriZon en partenariat avec Requeer et SOS Homophobie, le premier festival LGBT+ "Parey pas Parey" se tiendra le 23 septembre de 16h à minuit à la raffinerie de Savanna à Saint-Paul. "L'idée d'un tel festival est née d'un constat d'invisibilité de la communauté LGBT+ à la Réunion" expliquent ses organisateurs. Le festival s'adresse à tous publics : personnes LGBT+, amis, familles, curieux… "afin d'être le plus inclusif possible". Trois temps forts rythmeront cette journée inédite à la Réunion :
- Un après-midi pour faire comprendre, informer et sensibiliser, via des moments performances, une exposition, des moments d'échanges…
- Un début de soirée pour donner à voir les problématiques LGBT+ notamment via une projection de courts-métrages,
- Une soirée pour s'amuser, animée par des artistes LGBT+ de l'île.

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