Tribune libre d'Huguette Bello

Intervention de la présidente de Région pour la visio-conférence avec Emmanuel Macron

  • Publié le 27 janvier 2022 à 22:11
  • Actualisé le 28 janvier 2022 à 08:41

Monsieur le Président de la République, Messieurs les ministres, Monsieur le Préfet, Mesdames et messieurs les parlementaires, Mesdames, messieurs les élu.e.s Cher.e.s collègues. La semaine dernière, La Réunion a enregistré le plus fort taux d'incidence de France. Une augmentation spectaculaire qui nous ramène près de vingt ans en arrière lorsque La Réunion a été le premier territoire français à subir une maladie virale d'une ampleur inédite au 21ème siècle. Depuis le chikungunya, nous savons qu'il faut agir vite et avec des mesures fortes si l'on veut éviter que la situation sanitaire n'échappe à tout contrôle et n'emporte la désorganisation de la société dans toutes ses dimensions. (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)

C’est pourquoi les gestes barrières, qui ont été les premiers remparts contre la covid, doivent être réactualisés et tous les moyens pouvant relancer le processus vaccinal doivent être mobilisés. Convaincre, expliquer, "aller vers", mais aussi compléter l’offre actuelle avec les nouveaux vaccins homologués à technologie plus classique.

Car l’urgence est là : elle est dans la saturation des hôpitaux soumis à une pression grandissante. Elle est dans des niveaux très élevés de déprogrammation des interventions tant en médecine qu’en réanimation. Elle est dans la propagation rapide du virus qui risque encore de s’accélérer avec la rentrée des classes qui a eu lieu à La Réunion ce lundi. Depuis deux ans, l’hôpital public a été en première ligne dans la gestion de cette épidémie.

En 2021, le CHU de La Réunion a pris en charge 5000 patients covid c’est-à-dire 90% des personnes hospitalisées après contamination. En raison sans doute de l’éloignement et grâce aux efforts immenses déployés par les personnels soignants, cette gestion a été réalisée de manière quasi autarcique. Je veux être précise pour souligner l’ampleur du travail accompli. De 58 lits de réanimation avant la crise, notre CHU est passé à 109 lits en faisant appel uniquement à un recrutement local et en impulsant de vigoureuses actions de formation.

Cette sorte d’autonomie sanitaire s’est en outre conjuguée avec la mise en place d’un pont aérien sanitaire depuis Mayotte puisque le CHU a accueilli 100 malades mahorais.

Sans compter l’organisation de la première opération Evasan long courrier vers l’Hexagone dès le mois de mars 2021. L’accélération très violente de la circulation du virus dans l’île provoque une nouvelle tension sur les hôpitaux et, pour garantir la continuité des soins, le plan Blanc a dû être déclenché.

Il faut à nouveau armer des lits supplémentaires. En médecine et en réanimation. Et cette fois en faisant appel également à des renforts nationaux puisque les ressources humaines locales ont été très sollicitées et que les soignants ne sont pas à l’abri des contaminations. Les besoins en termes de personnels ont déjà été identifiés avec précision : en plus des 8 renforts de la réserve sanitaire, le besoin immédiat est de 4 médecins et 10 paramédicaux.

Au regard des taux d’occupation des lits, la sagesse ne devrait-t-elle pas conduire aussi à positionner dès à présent un hôpital militaire de réanimation ? L’épidémie de covid vient confirmer une fois de plus l’urgence structurelle de doter notre système de santé des moyens à la hauteur
de ses priorités et de ses ambitions.

À La Réunion, la sécurité sanitaire est contrariée par un mode de financement qui ne prend pas en compte les surcoûts engendrés par l’insularité et l’éloignement. Les difficultés structurelles de notre système de soins, sur lesquelles la covid jette une lumière crue, sont en grande partie liées à la stagnation du coefficient géographique.

Créé en 2006 pour les régions insulaires, au moment du passage à la T2A, il n’a augmenté qu’une seule fois et que d’un petit point à La Réunion. Depuis 2013, notre coefficient est bloqué à 31%. Année après année, loi après loi, la demande unanime des élus réunionnais pour le réévaluer a été différée et au bout du compte rejetée. Il y a trois ans déjà, avant la hausse du fret, avant la reprise de l’inflation, un grand Cabinet d’études avait estimé le surcoût non pris en compte à 16 millions d’euros soit 4 points. Il est difficile de ne pas rapprocher ce chiffre du déficit annuel du CHU.

Pour La Réunion, la priorité est donc de réévaluer rapidement le taux du coefficient géographique si l’on veut développer et garantir une offre de soins de qualité aux Réunionnais mais aussi répondre à la vocation de rayonnement régional à laquelle nous pouvons prétendre sur le plan sanitaire. Une solution simple, juste et acceptée de tous les acteurs locaux. C’est assez rare pour être soulignée et ... appliquée. Pour conclure, j’ajouterai que l’après-covid se pense dès aujourd’hui.

Sur le plan sanitaire, la reprogrammation des interventions sera une étape cruciale. Elle passe par une nouvelle mobilisation des personnels alors que, depuis deux ans, ils sont et seront très sollicités. Le Ségur n’a permis que 35 nouveaux recrutements et le coefficient actuel ne permet pas d’aller plus loin.

Sur le plan économique, le risque de fragiliser encore un peu plus nos entreprises est d’autant plus réel que notre tissu économique est composé à plus de 90 % de PME qui souffrent de difficultés de trésorerie et de l’étroitesse de nos marchés locaux qui limite fortement leurs capacités de rebond à moyen terme.

Je pense en particulier aux secteurs des loisirs et de l’évènementiel qui sont, comme vous le savez, des composantes majeures de notre tourisme réunionnais et qui, si rien n’est fait, paieront cette crise au prix le plus élevé du fait de leur dépendance à l’évolution de la situation sanitaire et à la relance des flux touristiques en provenance de l’extérieur.

Par ailleurs, notre tissu productif est aujourd’hui particulièrement perturbé par des difficultés d’approvisionnement extérieures qui désorganisent l’ensemble de nos chaînes de valeur locales. La majorité de nos entreprises sont concernées par des retards dans les délais d’approvisionnement, conjugués à une hausse du coût du fret, avec des répercussions en cascade sur les délais de paiement à leurs fournisseurs, sur leurs besoins en fonds de roulement à très court terme et, par effet ricochet, sur le risque de hausse de leur niveau d’endettement déjà élevé et, enfin, sur la probabilité d’une augmentation durable des prix à venir pour les consommateurs locaux.

C’est pourquoi, dans ce cadre si particulier d’état d’urgence sanitaire qui impacte largement la situation économique locale, je me fais ici le relais de nos chefs d’entreprise qui demandent à l’État de revoir les conditions d’octroi des aides aux coûts fixes et au financement de l’activité partielle des salariés ainsi que les conditions d’un report du paiement des échéances fiscales et sociales et du remboursement des prêts garantis par l’État.

Le contexte d’urgence sanitaire et nos spécificités économiques insulaires justifient pleinement également la réactivation du fonds de solidarité national mis en place par l’État. Il s’agit là de moyens essentiels à mobiliser en faveur de la reprise économique et de nos
chefs d’entreprise.

Sur le plan social, la jeunesse mérite une attention toute particulière et de larges perspectives doivent lui être ouvertes. Dans l’immédiat,des mesures d’accompagnement doivent être prises, notamment en faveur des étudiants.

Je vous remercie.

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2 Commentaires
mékoué
mékoué
2 ans

Merci pour l'illusion donnée, et bonjour la censure

Foldingue
Foldingue
2 ans

Comment dire, je suis très respectueux des dames mais vraiment pas de celle là ..... annerie sur annerie, leure sur leure, mensonge après mensonge, elle avance et détruit tout sur son passage. Une véritable veuve noire, un danger pour l'économie, l'emploi. Je suis pour protéger notre bio diversité mais cette plante là est bien trop invasive ...