Jusqu'à trois fois moins cher qu'en établissement d'hébergement

Gramounes: l'accueil familial, une option plus humaine et plus économique

  • Publié le 12 novembre 2018 à 02:58
  • Actualisé le 12 novembre 2018 à 06:14

Qui peut aujourd'hui échapper au questionnement sur le financement de la dépendance pour ses vieux parents et pour lui-même ? Alors que la population réunionnaise vieillit, le nombre de places en EHPAD est plus qu'insuffisant. Le Conseil Départemental s'est lancé dans un projet ambitieux d'augmentation du nombre de places pour les personnes âgées et âgées dépendantes. Le hic : le coût ! Il faut compter jusqu'à 2716 euros par mois en EHPAD, une fortune pour la plupart des gramounes dans le contexte actuel où 40% de la population réunionnaise est touchée par la précarité. La solution pourrait tenir dans un concept que La Réunion est le premier département de France à avoir mis en place et que la Métropole observe avec intérêt : l'accueil familial dont le coût moyen tourne autour de 1100 euros par mois.

La Réunion est leader en France sur l'accueil familial agréé (en nombre de places). Sur l'île, 664 familles sont agréées pour l'accueil de personnes âgées ou de personnes handicapées (chiffres au 31 décembre 2017). L'agrément est accordé pour une durée de cinq ans renouvelable. 1391 places sont proposées, mixant l'accueil des personnes âgées (60 ans et plus) et des personnes handicapées (18 ans et plus).

En accueil familial, la personne âgée manquant d'autonomie est accueillie dans un environnement à taille humaine. Il s'agit d'une famille ayant reçu un agrément du Conseil départemental pour l'hébergement de personnes âgées ou handicapées n'appartenant pas à leur famille.

La majorité de ces familles d'accueil se situent dans le Sud (379) notamment au Tampon, à Saint-Pierre et à Saint Joseph, suivies à quasi égalité par l'Est (124) et l'Ouest (102) puis le Nord (59). Le taux d'occupation, au 31 décembre 2017, était de 77%.

L'accueil est familial, la formation professionnelle

Comme pour l'accueil d'enfants placés par l'Aide Sociale à l'Enfance dans des familles, l'accueil familial des personnes âgées ou handicapées est un vrai métier. Les postulants ayant reçu leur agrément doivent suivre obligatoirement des formations organisées par le Conseil départemental.

Par exemple, en 2017, 62 groupes de formation composés de 12 à 13 accueillants familiaux ont été organisés par la Direction de l'autonomie financés en partie par la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA) afin de développer les savoir-faire et les compétences des accueillants dans l'accompagnement des personnes qu'elles accueillent.

L'accueil familial, agréé, contrôlé régulièrement, est un bon moyen de lutter contre les structures d'accueil non autorisées, dites "pensions marrons" qui ne garantissent pas un accueil sécurisant aux personnes accueillies. Un mode d'hébergement illégal qui, selon le rapport du Conseil départemental sur le Plan Seniors, "s'est  développé ces dernières années" et reste "difficile à répertorier".

3 projets de Maison d'accueillants familiaux en cours

Contrairement à l'accueil familial où un couple ou une personne agréée ouvre sa maison pour accueillir des pensionnaires, la Maison d'accueillants familiaux est portée par un gestionnaire (personne morale de droit public ou de droit privé) qui devient l'employeur d'accueillants familiaux. Actuellement deux MAF sont en cours d'installation à Saint-André et une au Tampon, pour un total de 36 places.

Comme l'accueil familial, la Maison d'accueillants familiaux doit disposer d'un agrément délivré par le Conseil départemental qui limite à trois (ou 4 si un couple accueilli) le nombre de personnes pouvant être hébergées par un accueillant. Les personnes accueillies sont en perte d'autonomie mais ne doivent pas relever du GIR 1 ou 2 (groupes de perte d'autonomie les plus forts qui relèvent de l'EHPAD) ou de l'accueil en Maison d'accueil spécialisé (MAS) pour les personnes handicapées.

La professionnalisation, un vivier d'emploi

Dans le contexte économique de La Réunion, l'accueil familial, en répondant à la problématique de l'hébergement de la personne âgée manquant d'autonomie ou trop isolée, permet de créer un vivier d'emplois important tout en limitant les coûts de l'hébergement. En effet, le prix moyen de l'accueil familial est estimé à 1100 euros par mois, soit près de trois fois moins cher qu'un EHPAD et deux fois moins cher qu'un EHPA.

Sachant que le nombre de Réunionnais âgés de plus de 60 ans devrait passer de 132 000 personnes en 2016 à 225 000 en 2030, soit une augmentation de près de 6000 personnes âgées par an en calcul linéraire. Parmi ce vivier, la part des personnes âgées dépendantes devrait doubler en 2030 pour atteindre le chiffre de 26 700.

A raison de trois personnes dépendantes par encadrant, ce sont des milliers d'emplois qui se profilent à l'horizon, comme n'a pas manqué de le relever Cyrille Melchior, président du Conseil départemental, lors du vote du Plan Seniors, adopté à l'unanimité le 31 octobre 2018.

ml/www.ipreunion.com

 

 

 

 

 

 

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