Service à la personne

Les aidants familiaux veulent être reconnus

  • Publié le 20 octobre 2014 à 16:15

L'hémicycle du conseil général a accueilli ce lundi 20 octobre 2014 un séminaire plénier à propos des aidants familiaux. A cette occasion, le GIP-SAP (Groupement d'intérêt public des services à la personne) et l'EMAP (Ecole des métiers à l'accompagnement de la personne) ont présenté les résultats de leur étude à ce sujet, alors que plusieurs personnes sont venues apporter leur témoignage. "Aujourd'hui, si les aidants n'existaient pas, l'Etat devrait trouver 8 milliards d'euros de financement", assure Jean-Yves Gilles, qui a dirigé cette recherche. "Nous sommes isolés et nous ne sommes plus en lien avec ce qui se trouve autour de nous", confie Francette, qui doit s'occuper de ses deux enfants porteurs de handicap.

L'île de La Réunion compte entre 48 000 et 60 000 aidants familiaux. Souvent présentées comme isolées et peu soutenues, ces personnes viennent en aide - à titre non professionnel - à une personne dépendante de son entourage pour les activités de la vie quotidienne.

Bien souvent, ce sont des Réunionnais qui doivent s'occuper de leur mère ou de leur père ayant atteint un certain âge.  Mais il peut s'agir également de parents qui élèvent leurs enfants porteurs de handicap. C'est le cas de Francette qui s'occupe de ses deux enfants porteurs de handicap.

"Je suis une mère de famille, mais c'est très lourd. Vous n'avez plus de vacances, vous ne pouvez plus sortir comme vous voulez, les amis et la famille s'éloignent… Le lien social est rompu. Nous sommes isolés et nous ne sommes plus en lien avec ce qui se trouve autour de nous", témoigne-t-elle.

C'est afin d'identifier ce type d'appel à l'aide qu'une enquête au sujet des aidants familiaux a été menée pendant plusieurs années. Cette étude a été conduite par l'école des métiers à l'accompagnement de la personne. "Aujourd'hui, nous devons voir comment l'aidant travaille en complémentarité avec les professionnels de la santé. Aujourd'hui, si les aidants n'existaient pas, l'Etat devrait trouver 8 milliards d'euros de financement", explique Jean-Yves Gilles, directeur de l'EMAP.

Parallèlement à cette étude, quatre séminaires de proximité ont été réalisés en juillet dernier afin de permettre de mieux identifier les problèmes de ces "acteurs invisibles." "En miroir à la posture priorisant les besoins de l'aidé, l'aidant néglige et nie ses propres besoins, ses propres souffrances, s'oubliant lui-même au profit de l'aidé, bouleversant les processus identitaires et la place des uns et autres", explique en partie le document de l'EMAP.

D'un point de vue institutionnel, Nassimah Dindar compte sur une clarification législative. "La loi met en place l'APA pour aider financièrement les personnes, mais elle ne tient pas compte du répit que les aidants doivent eux-mêmes bénéficier. Au fond, cela relève de la santé psychologique et mentale d'une société", assure la président du conseil général.

"La population vieillit et aura besoin d'aidants. Si on n'arrive pas à travailler en cohérence sur les politiques publiques, la société elle-même ira mal. C'est ce que nous constatons aujourd'hui", ajoute la représentante du département. Plusieurs propositions ont été formulées par l'école des métiers à l'accompagnement de la personne : la reconnaissance du statut d'aidant, informer et former les aidants, améliorer les systèmes d'intervenants à domicile… Le but : développer un dispositif visant à alléger la charge de l'aidant.

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