La production locale impactée par la météo

Pour Noël, le changement climatique s'invite dans nos assiettes

  • Publié le 22 décembre 2020 à 11:38
  • Actualisé le 22 décembre 2020 à 15:53

Letchis, ananas, mangues... Nos tables seront bien garnies pour Noël ! Cette année, la récolte a été plutôt bonne dans l'ensemble malgré une météo capricieuse qui rappelle à tous que la menace du changement climatique pèse sur la production agricole. Les fruits et légumes péi seront présents sur les étals jusqu'à la fin de l'année mais certains se feront plus rares début 2021. La faute à un hiver particulièrement long ainsi qu'à la sécheresse qui frappe l'île (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)

"Niveau fruits et légumes, il y aura de quoi faire pour les fêtes !" Voilà, la promesse d’Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d’agriculture. Cette année, la production de fruits et légumes est "de bonne qualité" et suffira à satisfaire les appétits de tous pour Noël. "On note même une relance de la production des fruits de la passion et une multiplication des marchés de producteurs" précise le représentant. Pour autant, Olivier Fontaine le souligne, "si la récolte est intéressante cette année, elle n’est pas magique non plus".

"La faute au climat et à un hiver particulièrement long" qui ont mis à mal le monde agricole, explique le secrétaire général. "Pour la mangue par exemple, on espérait 4.000 tonnes mais à cause de la météo et du vent, nous n’en avons récolté que 2.500 tonnes." Si les fruits seront "bons", comme le précise Olivier Fontaine, "leur calibre sera aussi plus petit que d’habitude".

Même constat pour les letchis : "ce sont des fruits à fleurs et la floraison a été très bonne, détaille Olivier Fontaine, mais à cause de la rigueur de l’hiver cette année, la production a été moins importante que prévu et les fruits n’ont pas grossi". La star de Noël a également souffert de la sécheresse : "le letchi a besoin de beaucoup d’eau et en a manqué pendant plusieurs semaines, lorsque les pluies sont enfin arrivées, cela a accéléré la maturation des fruits et les a rendus noirs rapidement : c’est pour cette raison que les prix ont baissé si rapidement cette année".

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Les ananas n’ont pas non plus été épargnés par la météo et sont moins nombreux sur les étaux qu'aux mêmes dates les années précédentes. Olivier Fontaine explique "observer un glissement de saison" : "d’habitude c’est en novembre et décembre qu’il y en a le plus, cette année ce sera plutôt en janvier et février". 

- Les calendriers sont bouleversés -

En plus de changer les habitudes de consommation des Réunionnais, cette modification du calendrier impacte aussi les exportations. "La demande pour les ananas à l’étranger et en Métropole est forte en décembre mais moins en début d’année, nous allons sûrement nous retrouver avec plus de fruits que ce qu’on nous demandera d’exporter" détaille le secrétaire général. "En ce qui concerne l’écoulement de la production, je ne m’inquiète pas car le marché local est porteur, mais le problème est qu’il n’y aura pas de valeur ajoutée puisque nous vendons plus cher à l’exportation qu’à la vente directe. Il y aura donc un manque à gagner".

Si "le carnet d’exportations des producteurs est rempli pour cette fin d’année, rien n’est moins sûr pour le début de 2021" se désole Olivier Fontaine. En fin d’année, les producteurs de fruits et légumes ont l’habitude de "lever le pied sur leur production" en vue de la saison cyclonique, souhaitant "limiter la casse" en cas d’intempéries. "La même chose s’est produite cette année sauf que la production était déjà moins importante que d’habitude, pas sûr qu’ils pourront assurer toutes les commandes, s’il y en a".

- Les mouches des fruits empêchent toujours certaines exportations –

En plus des caprices de la météo, les producteurs péi doivent aussi composer avec le fléau des mouches des fruits. Arrivées en 2017 sur l’île, certainement par bateau, les insectes font des ravages dans les exploitations agricoles. Depuis 2019, par peur de la prolifération de ces nuisibles, l’exportation des mangues, piments et agrumes est interdite vers la Métropole, ce qui impacte les recettes. "Il faut trouver rapidement une solution, nous avons quelques alternatives mais rien de durable, ça ne peut pas continuer comme cela" s’alarme Olivier Fontaine.

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Pour le représentant de la Chambre d’agriculture, la situation est urgente : "depuis cinq ans, plusieurs producteurs ont augmenté leur plantation de mangue, nous aurons bientôt les premiers résultats de ces efforts sauf que nous ne pourrons pas exporter les fruits. Il va y avoir beaucoup de pertes".

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En cette fin d’année 2020, malgré "une année pas catastrophique" Olivier Fontaine tire le signal d’alarme : "le réchauffement climatique est un vrai problème et on en voit déjà les conséquences, il faut en être conscient et trouver des solutions, sinon les quelques problèmes rencontrés cette année ne seront que les premiers d’une longue lignée".

vc/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Ça y est mon colis est arrivé ! Merci ma fille ça sent bon ton île ! On se régale ....