Les entrepreneurs réclament une bulle d'oxygène

BTP : 2019, l'année la plus faible en constructions publiques depuis 10 ans

  • Publié le 8 octobre 2019 à 11:39
  • Actualisé le 8 octobre 2019 à 14:00

Le secteur du BTP est plus que jamais dans le rouge. Ce mardi 8 octobre 2019, les acteurs de la fédération réunionnaise faisaient le point sur l'année 2019, la plus faible depuis 10 ans concernant les constructions de logements sur les marchés publics. La FRBTP redoute un schéma similaire pour 2020. Un espoir cependant, l'arrivée du Plan logement Outre-mer (PLOM) qui pourrait donner un nouvel élan au secteur, encore faut-il tenir jusque là. Les entrepreneurs réclament donc au gouvernement "une bulle d'oxygène" pour tenir l'année prochaine. Autres attentes à l'approche de la venue du président sur l'île, le 23 octobre prochain, discuter sérieusement du chantier de la NRL et de la problématique des carrières.

Les chiffres de 2019 sont disponibles et ils ne sont pas bons : cette année est la pire en terme de logement et d'engagement public depuis 2010. "Nous étions à 445 millions d'euros en prévisions globales pour l'année, et le niveau d'engagement de la commande publique n'était pas encore atteint à sa moitié. Il reste moins de 3 mois pour la moitié des travaux prévus" explique Anthony Lebon, président de la FRBTP. "On redoute la même chose pour 2020."

Par rapport à l'année dernière, la FRBTP observe 30% de dettes sociales et fiscales supplémentaires. "On a optimisé les coûts de construction et les normes techniques. On essaie d'être des facilitateurs, aujourd'hui on ne peut pas faire plus." Les entrepreneurs redoutent une augmentation des dérives si la situation ne bouge pas : augmentation du travail dissimulé, non traitement des déchets, ouvriers payés au rabais, abandon des chantiers...

Parmi les sources d'incompréhension : l'enveloppe de 240 millions d'euros allouée par l'Etat pour les travaux de 2016 à 2019. Un budget figé pour l'instant car les chantiers ne démarrent pas. "Si on utilisait au moins 30% de cette somme on pourrait revenir à une enveloppe normale" estime Anthony Lebon. Alors que les prévisions tablaient sur une moyenne de 4.000 logements construits chaque année, "on a déjà peiné à atteindre les 1.600 logements en 2019..." se désole le président de la FRBTP.

"On demande une bulle d'oxygène avant le PLOM"

"Les chefs d'entreprise sont des héros des temps modernes, quand on sait qu'on fait aujourd'hui entre - 2 et + 2 % de marge nette..." A ça s'ajoute le combat perpétuel pour obtenir le paiement des clients, notamment des collectivités. Alors que la moyenne nationale est de 30 jours en moyenne, le BTP plafonne à 88 jours à La Réunion. "On se retrouve à devoir colmater la trésorerie, on est toujours dans le rouge."

Le PLOM (plan logement outre-mer) est un espoir, "une embellie sans précédent pour tous les secteurs, tout le tissu économique local" ajoute le président de la FRBTP. Mais le PLOM n'arrive qu'en 2021 voire, le temps de lancer les chantiers, 2022... "Nous demandons une bulle d'oxygène au gouvernement pour tenir jusque là." Parmi les espoirs de la fédération, que les maîtres d'oeuvres augmentent les tarifs de leurs offres de 10%.

De nouveaux investissements pluriannuels sont à venir, avec les engagements de CDC Habitat et Action logement, qui couvrent entre 1.200 à 4.000 constructions de logements chacun. La FRBTP attend beaucoup de ces deux acteurs. Ils étaient d'ailleurs au rendez-vous le 30 septembre lors d'un dîner parlementaire avec la présidence nationale de la fédération française du BTP, la Fedom qui apporte une aide financière. Prochaine visite : celle d'Emmanuel Macron. Les acteurs du bâtiment attendent beaucoup de sa venue. "Quand le BTP va, tout va..." rappelle Anthony Lebon.

Chantier de la NRL : "il faut finir cette route"

Avec la venue du chef de l'Etat, les acteurs du BTP espèrent d'ailleurs "discuter de la NRL et des carrières, qu'il nous aide à trouver une transition pour 2019 et 2020". Selon Anthony Lebon, "les ressourcess diminuent et le manque de roches est réel".

Pour le moment, 10 millions de tonnes ont été puisés dans les carrières destinées aux marchés de fond. "Le marché du granulat à La Réunion va mal parce qu'on a exploité des carrières qui ne devaient pas servir à la Nouvelle Route du Littoral, à défaut des carrières dédiées, comme les Lataniers, Bois Blanc ou Bellevue, qui restent fermées", s'agace le vice-président et administrateur de la FRBTP Laurent Lecocq.

Selon lui, les matériaux envisagés dans le Sud sur le site de Pierrefonds ou dans l'Est ne feront pas l'affaire. "Il manque encore 9 millions de tonnes de roches massives pour construire la portion digue manquante de 2,7 km".

Des études sont en cours pour aller puiser des andains à nouveau dans les champs, mais le risque environnemental est réel : "les andains centenaires ne peuent pas être enlevés, cela pourrait provoquer des inondations" explique Laurent Lecocq.  "S'il y avait eu une intelligence commune dès le début, on en serait pas là" ajoute celui qui pointe clairement du doigt l'action des associations anti-carrières. Le président de Région Didier Robert a d'ailleurs annoncé, face à la colère des transporteurs, une rencontre le 14 octobre.

Faire revenir les jeunes

Par ailleurs, autre projet à venir : relancer l'engouement des jeunes pour le BTP. Vendredi 11 octobre, seront organisés les "coulisses du BTP" pour leur 17ème édition, avec l'ouverture de 6 chantiers. Près de 700 visiteurs attendus, la majorité étant des scolaires. "On nous dit depuis enfant : si tu ne travailles pas assez à l'école, tu finiras dans le bâtiment. Mais ça n'a jamais été une mauvaise chose, au contraire !" Des ateliers seront préparés, pour découvrir les chantiers, et en savoir plus sur les métiers du BTP.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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