[VIDEO] Le secteur encore plus fragilisé

Crise du bâtiment : la CAPEB ne prévoit pas de rentabilité avant 2021

  • Publié le 6 mai 2020 à 12:30
  • Actualisé le 6 mai 2020 à 16:06

La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) de La Réunion tenait une conférence de presse, ce mercredi 6 mai 2020, pour rendre de la situation du BTP depuis le début de la crise sanitaire et proposer un plan de relance en trois phases pour le secteur : d'abord le sauvetage urgent des entreprises au bord de la faillite, ensuite une exonération complète des charges sociales et fiscales jusqu'à la fin de l'année 2020, et la stimulation de la demande locale avec une campagne de promotion de l'artisanat. Il en va de la survie de la filière, prévient le président de la CAPEB Cyrille Rickmounie. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Le bâtiment aura-t-il la capacité de faire face aux défis qui l’attendent ? C’est la question sur laquelle a planché la CAPEB de La Réunion, dont le président Cyrille Rickmounie lance l’alerte sur la situation du secteur. Déjà en crise avant la pandémie de coronavirus et le ralentissement forcé de l’activité, les petites entreprises de BTP font là face à un marasme qui menace l’entière stabilité de la filière.

“Le pire est à venir”, prévient Cyrille Rickmounie. “Le redémarrage de nos entreprises sera poussif. Le temps de retrouver une vitesse de croisière et l’équilibre à un seuil de rentabilité, ce n’est pas demain la veille qu’elles recommenceront à gagner de l’argent. La Réunion est un territoire malade, le Covid-19 n’arrange pas du tout la situation. Les conséquences seront plus graves pour l’économie entière y compris le bâtiment, surtout les TPE-PME.”

La CAPEB estime que les entreprises du bâtiment de La Réunion ne seront pas rentables avant la fin du 2ème trimestre 2021, et demande une extension des mesures de soutien.

- Les dispositifs d'aide pas suffisants -

Au premier rang des inquiétudes de la confédération est l’insuffisance des aides de l’Etat. Si Cyrille Rickmounie salue la réaction des pouvoirs publics, avec le Fonds de solidarité national et le Prêt garanti par l’Etat (PGE), pour soutenir les entreprises, il regrette le manque de souplesse des dispositifs.

“L'intention de l’Etat est bonne, mais nos banquiers n’ont pas l’analyse de la situation économique”, lamente-t-il “Dans PGE, il faut prendre le mot “garanti” dans toute sa dimension. Les banques jouent avec ça, il n’y a pas d’équité. L’éligibilité des entreprises est différente selon le relationnel qu’elles ont avec leur banque. Certains obtiennent 25% de leur chiffre d’affaires, d’autres 5%, d’autres encore rien du tout…”

Et le président de la CAPEB de véhément renchérir sur la solidarité défaillante des compagnies d’assurance envers les petites entreprises : “L’ensemble des assureurs est en hibernation. C’est le moment de montrer sa solidarité avec ses clients historiques, mais 0 calebasse. Ils font les morts, alors qu’ils ont beaucoup moins de sinistres.”

- Un plan de relance en 3 phases -

Afin qu’aucune entreprise ne reste sur le quai, Cyrille Rickmounie propose un plan de relance. “Nous devons être résilients si nous voulons empêcher un effondrement de notre branche d’activité. Le défi à réaliser est énorme mais pas insurmontable.”

Le premier volet prévoit le sauvetage prioritaire des entreprises au bord de la faillite, de la garantie absolue du PGE et l’accès à des indicateurs précis pour aider au déconfinement. “Il faut continuer à suivre la situation des entreprises au-delà des observatoires des deux chambres consulaires.”

La deuxième phase, une période transitoire caractérisée par une timide reprise de l’activité, demande un accompagnement soutenu aux entreprises avec l’allègement massif des charges. La CAPEB réclame une exonération totales des charges sociales et fiscales jusqu’à la fin de l’année 2020.

“Nous avons 46.000 travailleurs indépendants à La Réunion, 19.000 ne sont pas à jour sur les cotisations sociales. Nous avons 22.000 entreprises avec salariés, 14.000 ne sont pas à jour. On sollicite une compréhension de la situation économique du territoire”, justifie Cyrille Rickmounie. “Un report des charges sociales et fiscales n’est pas suffisant. Le temps que les entreprises retrouvent une rentabilité, les charges fixes continuent. Payer charges courantes et les arriérés avec l'échéancier mis en place sera impossible.”

Enfin, la CAPEB préconise une stimulation de la demande avec un crédit d’impôts pour les travaux, une TVA à taux zéro pour l’achat de produits essentiels et une campagne de promotion de l’artisanat. “Ce n’est pas suffisant de le faire sur Facebook”, affirme le vice-président de la confédération Franck Legros. “Il faut une communication directe par mail, par prospectus, par presse écrite.” Les diverses collectivités ont d’ores et déjà été sollicitées par la CAPEB.

- Prise en charge des EPI par la Sécurité sociale -

À cinq jours du déconfinement, l’accès aux équipements de protection individuelle (EPI) est un autre point de préoccupation soulevé par les professionnels du secteur. La CAPEB, qui a déjà fourni 1.000 litres de solution hydroalcoolique à ses adhérents, s’interroge sur la prise en charge de la fourniture de matériel supplémentaire.

Une demande a été effectuée au service prévention de la sécurité sociale pour une prise en charge des EPI pour les entreprises de moins de 50 salariés, et travailleurs indépendants. Cela consisterait en un remboursement sur présentation de facture des masques, gels, visières de protection. “Le principe a été validé, on attend de connaître les tenants et les aboutissants.”

En attendant, la CAPEB a commandé 760 masques en tissu et 100 de visières, fabriqués localement, pour équiper ses adhérents.
 

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