Bonne nouvelle

Grâce au confinement, la qualité de l'air n'a jamais été aussi pure

  • Publié le 13 mai 2020 à 02:59
  • Actualisé le 13 mai 2020 à 07:17

Pendant le confinement, la nature a semblé reprendre ses droits et la qualité de l'air aussi. En application pendant deux mois, les restrictions de circulation ont eu es effets positifs dans la lutte contre le virus ainsi que sur l'environnement. Certaines particules présentes dans l'air et générant la pollution ont drastiquement diminué et l'air a été plus pur (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La période du confinement a offert un objet d'étude à taille réelle pour les professionnels. "La qualité de l’air c’est beaucoup de théorie et pour la première fois on a la possibilité d’avoir une expérimentation grandeur nature, on peut d’une part étudier l’impact sur l’environnement, mais aussi les bienfait de cette " bonne " qualité sur la santé " indique le docteur Chatrapatty Bhugwant, ingénieur d'études et chef de projet à Atmo Réunion, membre du réseau national des Associations de surveillance de la qualité de l'air.

Première constatation : la baisse importante du trafic automobile a des effets bénéfiques sur la qualité de l’air.  Privé en partie de sa source d'alimentation, le dioxyde d’azote (NO2) a fortement diminué. Une bonne nouvelle lorsque l'on sait qu'il s'agit de la principale cause de la pollution de l’air,

De plus, le ralentissement de l’activité dans le secteur industriel a eu un fort impact sur l’émission d’un autre polluant appelé dioxyde de soufre (SO2). "Les polluants atmosphériques sont trop nombreux pour être surveillés en totalité. Nous avons choisi certains d’entre eux parce qu’ils sont caractéristiques de type de pollution (industrielle ou automobile) et parce que leurs effets sont nuisibles pour l’environnement et/ou la santé. C’est sur deux polluants, NO2 et SO2, que nous avons observé la plus importante diminution depuis la mise en place du confinement le 17 mars" explique Chatrapatty Bhugwant.

- Visualiser les effets du confinement -

La principale source d’oxyde d’azote à La Réunion est le transport, puisque ce secteur est à l’origine de 55% des émissions. Pendant les mesures de confinement la baisse des concentrations de ce gaz a été estimée, en moyenne, à 50% précise Atmo Réunion. "Le dioxyde d’azote est un excellent traceur de la pollution atmosphérique liée à l’activité du trafic automobile. Entre la période normale et la période de confinement l’abaissement du niveau de pollution, en moyenne journalière, a été de l'ordre de 20 à 60%, selon les régions de l’île".

Atmo Réunion, a aussi réalisé une étude sur la concentration du dioxyde de soufre dans l’air. On note depuis le 17 mars, date du début du confinement, une baisse de la concentration de ce polluant dans l’air. Cette diminution est toutefois moins importante que celle du dioxyde d’azote.

"A La Réunion, ces émissions ont pour principales sources le volcan, le secteur automobile diesel dans une faible mesure ainsi que la combustion dans les différentes installations des sites de production d’électricité par exemple, chez EDF de la centrale du Port, ou dans les compagnies thermiques de Bois-Rouge et du Gol" indique l’ingénieur. "Avec le ralentissement de ces activités pendant le confinement, une diminution de presque 30% a été constaté" relève Chatrapatty Bhugwant.

Vous pouvez retrouver la qualité de l’air près de chez vous en cliquant ici

- Une santé conservée -

Drame écologique, la pollution est aussi un enjeu de santé publique majeur. Comme tous les polluants atmosphériques, le dioxyde d’azote et de soufre ont des effets néfastes sur la santé. Gaz irritant pour les bronches, chez les asthmatiques, ils augmentent la fréquence et la gravité des crises. Chez l’enfant, ces polluants favorisent les infections pulmonaires. "La réduction drastique de la pollution pendant le confinement causé par Covid-19 montre que nos habitudes et comportements ont un impact direct sur l’air que nous respirons. Cette diminution a donc un effet bénéfique sur la santé des personnes fragiles qu’il ne faut pas négliger en cette période d’épidémie " souligne l'Atmo

Le confinement a permis de sauver des vies, en évitant à la maladie de se propager, mais également en limitant la pollution de l’air. Toutefois, ces résultats ne sont que temporaires. Le déconfinement devrait entraîner le retour à une situation normale, remarque lucidement l'Atmo

Mais Chatrapatty Bhugwant espère que cette démonstration "grandeur nature" pourrait avoir des effets sur les mentalités. "Ces données sont encourageantes. Après le confinement, on s’attend à une nouvelle augmentation de la concentration de ces polluants. Cela a déjà commencer ces derniers jours" déplore le chargé de mission. "Une prise de conscience de la population serait primordiale pour limiter au maximum cette amplification. Nous recommandons à chacun d’agir à son niveau : grouper ses achats, vidéoconférence, covoiturage, des petits gestes qui limiterai une hausse trop importante de dioxyde de carbone. On espère que cela sensibilisera aussi les pouvoirs publics, pour mener à de nouvelles politiques en faveur de la qualité de l'air" termine Chatrapatty Bhugwant.

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