Les syndicats ne décolèrent pas

Des médailles pour les soignants c'est bien, un vrai plan de sauvegarde de l'hôpital c'est mieux

  • Publié le 15 mai 2020 à 10:19

Primes, médailles, dons de congés, applaudissements, les soignants des hôpitaux bénéficient d'une solidarité méritée suite à leur mobilisation tout au long de l'épidémie de Covid-19 qui a touché la France entière ces deux derniers mois. Si toutes ces marques de solidarité sont bien évidemment bien accueillies par la communauté hospitalière, tous attendent de véritables annonces sur les moyens alloués aux hôpitaux, alors que le plan hôpital annoncé en novembre 2019 n'avait pas convaincu. En attendant ces hypothétiques mesures pour un meilleur service public hospitalier, les syndicats ne décolèrent pas. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Tout avait commencé par un témoignage de solidarité des Français. Chaque soir à 20 heures, ils se retrouvaient à leurs fenêtres pour applaudir, une manière d’apporter leur soutien aux soignants mobilisés alors que la crise sanitaire faisait rage, et que la courbe des contaminations augmentait de façon exponentielle. Puis l’Etat s’y est mis, annonçant une prime exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 1.500 euros pour les soignants mobilisés durant cette crise.

Une autre idée fait aussi son chemin actuellement, celle d’autoriser les Français qui le souhaitent à faire don de jours de congés à des soignants. Cette idée émise par des députés LREM et soutenue par la ministre du Travail Muriel Pénicaud permettrait ainsi aux Français de faire preuve de solidarité en faveur de ces personnels qui ont énormément travaillé ces deux derniers mois et qui ont très certainement besoin de souffler.

Enfin, dernière annonce en date, celle réactiver la "médaille de l’engagement face aux épidémies", créée au 18ème siècle afin de l’attribuer aux personnels soignants ayant été en première ligne face au coronavirus ces dernières semaines. Une façon symbolique de saluer leur travail et leur courage.

Si toutes ces mesures sont positives pour des métiers ayant beaucoup souffert ces dernières semaines, elles ne peuvent et ne doivent pas faire oublier combien les hôpitaux français sont en crise, combien ils manquent de moyens (cette épidémie a d’ailleurs été révélatrice de ce manque criant de moyens), combien le personnel hospitalier est en souffrance, en quête de reconnaissance de son travail et de ses missions.

"Les médailles, ils peuvent les accrocher où ils veulent", ironise Expedit Lock-Fat, secrétaire général CFDT Santé Réunion. "Ce n'est pas ce qu'on leur demande, on leur demande d'agir. On espère qu'Emmanuel Macron lance très rapidement son grand plan pour l'hôpital, comme il l'a annoncé, avec des actions concrètes, notamment une nouvelle grille de rémunération pour le personnel. On est encore en attente."

Le plan hôpital dévoilé en novembre 2019 par le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre de la Santé de l’époque Agnès Buzyn, avait provoqué un véritable tollé au sein de la communauté hospitalières. Des centaines de responsables et chefs de services avaient d’ailleurs remis une "démission administrative" afin de protester contre l’absence d’un véritable plan d’urgence pour les hôpitaux, apportant de vrais moyens humains et matériels aux hôpitaux tout en revalorisant les salaires.

- "Qu'on arrête avec ce comité interministériel" -

Du côté des syndicats hospitaliers de La Réunion, on reconnait bien entendu le bien-fondé des différentes mesures annoncées mais en attend plus. "Le personnel demande des moyens pour pouvoir soigner, de la reconnaissance au-delà de ça", explique Zohra Givran de Sud Santé. "On sent venir beaucoup de communication, mais on attend des moyens concrets. On ne sait pas à quoi ressemblera le monde de demain pour l'hôpital. En tout cas, on espère que ça ne sera plus comme avant."

Comme en Métropole, les hôpitaux réunionnais souffrent d’un déficit de moyens. "Qu'on arrête avec ce comité interministériel pour la performance et la modernisation, avec les suppressions de postes", exhorte Sébastien Lallemand, président de la Fédération nationale des infirmiers Réunion. "Qu'on remette un nombre de personnel suffisant pour soigner les patients, et que la santé retrouve sa place aux côtés des ministères régaliens. On voit bien que sans la santé, tout s'arrête."

Le 25 mars dernier, Emmanuel Macron, en visite à Mulhouse aux côtés des personnels soignants, avait promis d’être "au rendez-vous de ce que nous devons", annonçant la mise en place d’un "plan massif d'investissement et de revalorisation de l'ensemble des carrières".

Près de deux mois après ce discours offensif et guerrier, les primes et les médailles tombent, mais le plan, quant à lui, se fait toujours attendre…

Lire aussi : La CFTC dénonce un manque de moyen au CHU du Sud

aa / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
la vérité si je mens !
la vérité si je mens !
3 ans

Médaille en chocolat, donc, pour ce personnel ... ça fond ! Ce personnel mérite mieux . " La France est en guerre. Et dans une guerre, la première victime, c'est toujours la vérité." LE BAL DES MENTEURS !!!

Nassimah Dindar
Nassimah Dindar
3 ans

C'est pour cela que j'avais écrit au président de la République après son discours à Mulhouse et lancé dans la foulée cette pétition que je vous invite à signer et à partager si vous ne l'avez pas encore fait ! https://www.change.org/p/emmanuel-macron-pour-une-revalorisation-de-l-h%C3%B4pital-%C3%A0-la-r%C3%A9union