Mise en place d'un corridor sanitaire

Voyageurs, testez-vous avant de prendre l'avion vers La Réunion

  • Publié le 28 mai 2020 à 17:36
  • Actualisé le 29 mai 2020 à 13:29

Suite au travail commun entre les deux aéroports de La Réunion, les autorités sanitaires et les compagnies Air Austral et Air France, une phase expérimentale est lancée pour mettre en place un "corridor sanitaire" visant à établir un parcours passager pour chaque voyageur de Métropole arrivant sur l'île de La Réunion. Pour l'instant, seuls les motifs impérieux sont encore valables pour monter dans un avion au départ de l'île ou vers l'île, et la quatorzaine à l'arrivée est toujours maintenue bien qu'il ne soit désormais plus obligatoire de la faire dans un centre dédié. Dans ce corridor sanitaire, plusieurs idées : inciter les voyageurs à faire un dépistage Covid avant leur vol, subir une prise de température au départ et à l'arrivée et répondre à un questionnaire de l'ARS une fois sur l'île. La suite du protocole dépendra des annonces du gouvernement. Un premier vol expérimental a eu lieu sur la compagnie Air Austral, 35% des voyageurs ont accepté de se faire tester avant de prendre l'avion. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

C'est le démarrage d'une phase expérimentale, qui permet de poser les bases du futur fonctionnement des vols, en anticipant à la fois une éventuelle reprise des flux aériens mais également la possible fin ou l'assouplissement de la quatorzaine en vue des vacances de juillet-août.

"Nous avions déjà le dispositif mis en place depuis le 11 mai", rappelle Fabrice Grondin en préambule. Le directeur de la division des opérations de l'aéroport Roland Garros liste les mesures actuelles : accès limité à l'aérogare, port du masque obligatoire, désinfection renforcée... Objectif : aller vers un dispositif semblable entre les aéroports de Paris et l'aéroport Roland Garros, actuellement en coopération.

La mise en place du "corridor sanitaire" des voyageurs a commencé dès ce mercredi 27 mai dans la soirée, par un premier vol expérimental d'Air Austral. Premier point et pas des moindres : inciter les passagers à se faire dépister avant l'embarquement. "La reprise progressive des vols n'est possible qu'en cas de maîtrise du risque sanitaire", rappelle Dominique Dufour, secrétaire général de la compagnie réunionnaise. Un dispositif qui sera étendu chez Air France, la compagnie étant amenée à tester à son tour un vol test le 5 juin.

Le parcours est donc le suivant : 7 jours avant, les compagnies envoient un mail d'information aux voyageurs dans lequel ils conseillent fortement le dépistage dans un des 3.000 laboratoires français agréés de Métropole. Ce test, réalisé par ses propres moyens, est gratuit une fois prescrit par le médecin. Une prise de rendez-vous qui demande un peu d'organisation, les résultats du test devant être fournis avant le vol.

"Il est évident qu'aucun passager positif ne peut voyager" affirme Dominique Dufour. Une prise de température est effectuée avant le vol : si le passager indique plus de 38 degrés, il ne peut normalement pas voyager. L'accès à l'avion est permis en cas de température inférieure à 38 degrés et de certificat de test négatif. Un questionnaire doit alors être rempli.

A l'arrivée sur l'île de La Réunion, nouvelle prise de température et nouveau questionnaire. Les passagers devront normalement subir des entretiens avec des agents de l'ARS pour évaluer une fois de plus leur état de santé. Les voyageurs se dirigent ensuite vers leur lieu de quatorzaine, encore maintenue à ce jour, en centre dédié ou bien à domicile.

- 35% des voyageurs dépistés sur le premier vol test -

Sur le vol test parti de Métropole ce mercredi soir et arrivé ce jeudi matin à La Réunion, environ 35% des passagers ont accepté d'aller faire un test, soit 66 passagers sur un vol de 191 voyageurs au total. Pour Air Austral c'est un chiffre "très satisfaisant" : "les passagers avaient très peu de temps pour se rendre dans un laboratoire, dans les faits moins d'une semaine" rappelle Dominique Dufour.

Pour les deux tiers restants qui n'ont pas subi de test - non obligatoire, on le rappelle - des questionnaires sont en cours pour établir les raisons qui les ont poussés à ne pas se faire dépister. Du côté des compagnies et de l'aéroport, on ne sait pas encore si le test sera amené à devenir obligatoire, la phase d'expérimentation permettant alors d'en discuter pour le moment.

Du côté d'Air France, on se prépare donc à suivre un schéma similaire, bien que ce taux puisse évoluer. Les passagers du 5 juin, prévenus dès ce jeudi 28 mai, auront 8 jours pour anticiper le test conseillé par la compagnie aérienne. L'occasion pour Air France de rappeler également les mesures mises en place : des contrôles de température déjà déployés au départ des vols, le port du masque dans les avions, un renouvellement plus fréquent de l'air en cabine, l'usage de nouveaux produits de nettoyage et de désinfection dans les appareils...

- La prise de température, une "fausse sécurité" -

L'aéroport Roland Garros le dit, ce corridor sanitaire n'est qu'en phase d'expérimentation. Les différents responsables espèrent proposer une formule viable et plus fixe d'ici la mi-juin. L'occasion également d'attendre les annonces du Premier ministre sur la nouvelle stratégie de déconfinement, dont la seconde phase commence le 2 juin. Mais il faudra d'abord passer par l'avis du conseil scientifique et plus localement, de l'ARS.

Présent en tant qu'observateur de l'ARS justement, le docteur François Chièze précise que l'objectif est bien de "sécuriser" les vols et donc par extension le territoire, mais il rappelle que la prise de température n'est qu'un indicateur "à l'instant T". Alors que pendant des semaines, qu'il s'agisse des bateaux de croisière ou bien de l'aéroport on a répété à la population que la mise en place de tests de température n'était pas utile car non fiable, le docteur Chièze maintient que "cela reste une fausse sécurité dans la durée". Il s'agit cette fois pour lui "d'ajouter un plus" aux mesures préalables comme le test avant le vol. "Ce qui reste le plus important ce sont les gestes barrières, c'est ce qui marche le mieux", ajoute-t-il, appuyant le choix de garder le masque pendant toute la durée du vol.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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