Débat

Dégâts collatéraux du Covid-19 et discrimination à l'endroit du privé

  • Publié le 18 juin 2020 à 02:56
  • Actualisé le 21 juin 2020 à 08:22

Nous poursuivons notre série de publications des avis de nos internautes sur la gestion de la crise sanitaire. A vos commentaires et à vos avis

Le secteur privé des établissements de santé s’est mis au diapason de la mobilisation générale contre le COVID-19, ce qui impliquait de reporter les opérations non urgentes pour libérer des lits, et tout particulièrement les respirateurs des blocs opératoires… Au niveau national, La Réunion y compris, ce sont plus de 4.000 lits en réanimation et soins critiques qui ont été mis à disposition.

En conséquence si les hôpitaux ont été sollicités par les patients positifs aux divers stades de l’affection, ce n’est pas le cas des établissements privés qui sont restés l’arme au pied, après avoir suspendu ou reporté les opérations dites " non urgentes ". Seuls les services d’oncologie, de dialyse, ont maintenu leurs activités qui ne souffrent bien évidement aucun délai, idem pour les service maternité, cela va sans dire.

Néanmoins, la sidération provoquée par la menace de la pandémie ne saurait occulter le risque qu’elle a fait prendre aux patients concernés par d’autres pathologies, qui ne consultaient pas ou plus, qu’ils en soient dissuadés par une information tronquée, soit qu’on les ait incités plus ou moins directement à revenir " plus tard ".

Or toute perte de temps peut s’avérer dramatique pour les patients qui peuvent être confrontés au risque d’AVC, à une aggravation de leur état en cas d’insuffisance rénale évolutive,  au risque d’un infarctus… Ajouter une surmortalité à celle induite par l’épidémie actuelle serait catastrophique, et pourtant… rien ne saurait justifier des impasses coupables en matière d’offre de soins. En métropole, les ARS ont développé des prodiges ostentatoires en transferts aux quatre points cardinaux de patients sous respiration et coma artificiel, en TGV, en hélicoptère, par tous les moyens possibles et imaginables quand les blocs des établissements privés proches étaient négligés.

Le président de la Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France, Lamine Gharbi, a rapidement dénoncé le manque de coordination entre secteur public et privé  : " Il faut que le public et le privé se parlent. Sur les territoires, on constate qu’il n’y a pas d’échanges… " Les malheureux pensionnaires des EHPAD séquestrés dans leur chambre plus que confinés, et " accompagnés " jusqu’à la sédation palliative finale, en ont fait les frais, comme les dialysés et tous les patients devenus par une cruelle inversion des valeurs " non prioritaires ", ou plutôt prioritaires pour ne pas recevoir de soins, pour peu qu’ils s’avèrent positifs au Covid-19 ! Et pour certains de ces malheureux cette " fatalité " statutaire est toujours d’actualité, y compris à La Réunion et Mayotte.

Donc, s’il est clairement admis qu’à La Réunion tout particulièrement, la guéguerre idéologique public/privé est une aberration, que  la complémentarité hôpital public, hôpital privé et médecins de ville doit être la règle parce que  le public ne peut pas se passer du privé, et vice-versa, en ces temps d’épidémies,  il fallait commencer par utiliser les forces, moyens et compétences mis à disposition par le privé, ce qui n’a pas été le cas.

 

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